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Les dirigeants de TPE se montrent défiants envers le gouvernement

Le cabinet Fiducial a présenté en avant-première les résultats de son baromètre des TPE à l’AJPME (Association des journalistes des PME). Dans un contexte économique et social inédit, les dirigeants de TPE se montrent majoritairement inquiets et pessimistes.

Les dirigeants de TPE se montrent défiants envers le gouvernement
Deux dirigeants sur trois déclarent ne pas avoir confiance dans les mesures et actions économiques annoncées ou mises en place par le gouvernement d’Emmanuel Macron. © Getty Images

« La confiance des chefs de petites entreprises est minoritaire », a souligné Frédéric Dabi, directeur général Opinion de l’Ifop lors de la présentation des résultats de l’étude conjoncture trimestrielle du cabinet Fiducial* sur l’emploi, l’état de santé de leur entreprise et sur leur opinion concernant les réformes et annonces gouvernementales. Ainsi, deux dirigeants sur trois déclarent ne pas avoir pas confiance, dont 41 % « pas du tout » dans les mesures et actions économiques annoncées ou mises en place par le gouvernement d’Emmanuel Macron.

« Ce sont des jugements de plus en plus radicaux, épidermiques », a-t-il commenté, notant toutefois « la vraie indexation de la confiance en fonction du chiffre d’affaires de l’entreprises ». Ainsi, les dirigeants qui réalisent plus d’un million d’euros de CA sont 54 % à déclarer avoir confiance tandis que ceux qui réalisent entre 50 000 € et 100 000 € sont seulement 27 %. Les chefs de petites entreprises sont tout autant (66 %) à considérer que leurs préoccupations ne sont pas prises en compte par le gouvernement, dont 40 % qui déclarent qu’elles ne le sont pas du tout.

La réforme des retraites largement contestée

Concernant la réforme des retraites proposée par Emmanuel Macron et son gouvernement, celle-ci est contestée par 62 % des dirigeants de TPE. Ainsi, à l’image de la mesure réalisée sur l’ensemble des Français mi-mars avec 32 % qui y étaient favorables, à peine plus d’un patron de TPE sur trois (36 %) soutenait la réforme des retraites proposée par Emmanuel Macron. Dans ce contexte, ils soutiennent en majorité les mouvements de grèves (54 %), « un score à peine plus bas que celui du grand public » (58 %). Interrogés avant le passage de la loi sur l’âge idéal pour partir à la retraite, les patrons de TPE souhaitaient partir à la retraite en moyenne à 62,4 ans.

Autre sujet de crispation, la hausse des prix. Pour 48 % des dirigeants de TPE, les mesures mises en place par le gouvernement pour lutter contre l’inflation auront un impact négatif sur leur entreprise. Interrogés sur les postes de dépense qui ont le plus augmenté au cours des six derniers mois, ils répondent en majorité l’énergie pour 72 % et les matières premières et fournitures (69 %). En réponse à l’inflation, 66 % des dirigeants d’entreprise indiquent avoir répercuté la hausse des coûts sur leurs prix de vente.

Parmi les autres mesures prises, la réduction de dépenses (pour 68 %) ou le report de certains investissements (49 %). Néanmoins, près de la moitié des TPE (44 %) se déclarent en difficulté financière, voire pour la moitié d’entre elles des difficultés financières « très ou assez importantes ». 17 % déclarent que ces difficultés pourraient les contraindre à déposer le bilan ou à cesser leur activité d’ici à six mois. Tous les secteurs sont concernés : « Il n’y en a pas un qui soit particulièrement préservé » prévient Frédéric Dabi.

En revanche, les plus petites TPE semblent les plus impactées (23 % des entreprises de 0 salarié et 23 % des entreprises de 1 à 2 salariés, contre 15 % des 6 à 9 salariés et 13 % des 10 à 19 salariés). Ce qu’explique Eric Luc de Fiducial par le fait que les entreprises qui sont en difficulté ont été pendant la période du « quoi qu’il en coûte en survie artificielle » grâce aux aides et aux PGE. « Au printemps 2022, 700 000 entreprises ont commencé à rembourser leur PGE » estime-t-il. Pour celles qui ont souscrit un PGE jusqu’à 25 % de leur CA, ces dernières doivent donc rembourser « 6,25 % par an de leur chiffre d’affaires, poursuit-il. Ainsi, les entreprises qui n’ont pas généré de chiffre d’affaires supplémentaire et doivent rembourser leur PGE sont en difficultés ».

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Pression sur les salaires

Toujours dans ce climat inflationniste, 44 % des dirigeants de TPE ont ressenti une pression plus importante de la part de leurs salariés sur l’augmentation des salaires en comparaison à l’année passée. Une pression particulièrement notable dans le secteur de la santé et de l’action sociale (68 %) et dans le BTP (51 %). Celle-ci pourrait devenir une « source de difficultés financières supplémentaires pour l’entreprise ou bien générer également des difficultés de recrutement si les TPE ne parviennent pas à conserver leurs talents » avertit le cabinet Fiducial.

Pour le moment, ce sont 16 % des employeurs qui peinent à recruter avec des postes qui restent vacants depuis 4,4 mois en moyenne. Car les besoins de recrutements sont toujours là : sur le premier trimestre 2023, 15 % des dirigeants de TPE ont embauché ou prévoient d’embaucher du personnel. L’hôtellerie et les services aux particuliers sont les secteurs qui s’avèrent les plus dynamiques, avec respectivement 22 % et 19 % d’intention d’embauches, à l’inverse de l’industrie et du BTP qui sont plus en retrait.

En termes de perspectives, 76% des chefs de petites entreprises se montrent pessimistes sur le contexte politique, social et économique, dont 25 % « très pessimistes ». Soit 29 points de plus depuis la prise de fonction du président en mai 2017. Une perte de confiance qui a également impacté le moral des chefs d’entreprise. Ainsi sur le plan microéconomique ou l’activité de leur entreprise, ils sont plus de la moitié (52 %) à se montrer pessimistes. « Un score particulièrement élevé » conclue Frédéric Dabi.

*Etude menée par téléphone du 27 février au 15 mars 2023 auprès de 1 001 dirigeants de TPE de 0 à 19 salariés réalisant plus de 50 000 € de CA par an.

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Charlotte de Saintignon

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