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Les PME sont restées en croissance en 2022

Dans une étude publiée le 29 juin 2023, la Banque de France estime à 12 % la hausse du chiffre d’affaires des PME hors microentreprises en 2022. Les microentreprises ont connu une augmentation encore plus forte.

Les PME sont restées en croissance en 2022
Au premier trimestre 2023, l’accès au crédit des PME est semblable à celui observé avant la crise sanitaire © Getty Images

Elles résistent à un environnement difficile. Les PME hors microentreprises ont enregistré en 2022 une hausse de 12 % de leur chiffre d’affaires (CA) en 2022, après une progression de 11,6 % l’année précédente et un recul de 4,8 % en 2020, a indiqué la Banque de France le 29 juin.

Les microentreprises ont connu une croissance encore plus vigoureuse, à 13,1 % en 2022, après une augmentation de 12,5 % l’année précédente et une baisse de 2,5 % en 2020, estime l’institution dans la dernière édition de son étude annuelle sur la situation financière.

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Les évolutions résultent « tout d’abord » de la situation « de l’hébergement-restauration, dont le chiffre d’affaires avait lourdement chuté en 2020 et qui se redresse plus tardivement que dans les autres secteurs », rappelle la Banque de France. Mais elles s’expliquent également par la « forte inflation ». Théoriquement, « la hausse des prix de vente se répercute sur le chiffre d’affaires de deux manières opposées : à demande constante, la hausse des prix de vente augmente mécaniquement le chiffre d’affaires ; mais dans le même temps, la demande diminue quand les prix de vente augmentent, de sorte que le chiffre d’affaires diminue à son tour (toutes choses égales par ailleurs) ». L’ampleur de la première conséquence semble avoir surpassé celle de la seconde.

« les PME sont restées résilientes »

Pour la banque centrale, « les PME sont restées résilientes », en dépit du ralentissement économique, de la guerre en Ukraine, de la fin de la mise en œuvre de la formule « Quoi qu’il en coûte », du renchérissement des taux de crédit et de la flambée des prix de l’énergie.

Si les coûts d’approvisionnement en énergie ont bondi, la progression « soutenue de la valeur ajoutée suggère que certaines entreprises ont pu répercuter la hausse du coût des intrants dans leurs prix de vente », écrivent les deux auteurs de l’étude.

Résistance du taux de marge

L’excédent brut d’exploitation (EBE) des PME, hors microentreprises, a progressé de 4,6 % l’année dernière, une tendance découlant « en premier lieu du dynamisme de leur valeur ajoutée et d’une hausse des impôts de production qui reste modérée ». À rebours, les microentreprises ont subi une baisse de 2,6 %, due à « la quasi-disparition des aides du Fonds de solidarité en 2022 » ainsi qu’à « la progression des charges de personnel par rapport à 2021 ».

La Banque de France constate une résistance du taux de marge, « mesuré par le rapport de l’EBE sur la valeur ajoutée ». Pour les microentreprises, ce niveau s’est établi à 32 %, en repli au regard de 2021, « année où les taux de marge étaient historiquement élevés », mais dépassant celui de 2019, l’année précédant le début de la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19. Le taux de marge des autres PME s’est maintenu « à un niveau comparable au [record] de 2021 », à quelque 25 %.

La Banque de France ne s’alarme ni du rebond des taux d’intérêt…

D’après la Banque de France, « l’endettement des entreprises et les risques associés sont globalement maîtrisés ». Le remboursement des prêts garantis par l’Etat (PGE) par les PME, « principales bénéficiaires » de ces dispositifs, ne suscite pas « d’inquiétude généralisée ».

Si elle qualifie le rebond des taux d’intérêt de « point d’attention pour les PME […] dans les années à venir », l’institution relativise son « impact » sur le « coût de financement », invoquant les arguments suivants :

  • la majorité de la dette des entreprises françaises est à taux fixe et sera renouvelée sur plusieurs années ;
  • ces entreprises bénéficient de taux plus bas que ceux pratiqués dans les autres grands pays de la zone euro ;
  • les taux d’intérêt réels, c’est-à-dire par rapport à l’inflation, restent négatifs ;
  • au premier trimestre 2023, l’accès au crédit des PME est semblable à celui observé avant la crise sanitaire.

… ni de l’érosion des trésoreries

Les auteurs de l’étude ne s’inquiètent pas davantage de la dégradation des trésoreries en 2022. La trésorerie médiane des microentreprises a représenté 76 jours de chiffres d’affaires, soit 12 de moins qu’en 2021. Mais ce matelas était l’année dernière de 25 jours plus élevé qu’en 2019. S’agissant des autres PME, la trésorerie médiane a atteint 59 jours en 2022, soit 11 jours de moins que l’année précédente, « mais 18 jours de plus qu’en 2019 ».

La diminution « doit vraisemblablement s’interpréter » plutôt « comme une amorce de normalisation que comme un signal alarmant pour la santé financière » des petites et moyennes entreprises.

La méthodologie utilisée dans l’étude

Les auteurs ont examiné les données de structures soumises à l’impôt sur les sociétés et inscrites dans son Fichier bancaire des entreprises (Fiben). Ils ont exploité les liasses fiscales de 1,264 million d’entreprises (les secteurs activités financières, hors holdings, et administration étant exclus), dont 1,1 million de microentreprises.

Pour rappel, les microentreprises emploient moins de 10 personnes et établissent un chiffre d’affaires annuel ou un total de bilan ne dépassant pas 2 millions d’euros. Les PME, à l’exclusion des microentreprises, occupent moins de 250 personnes, et dégagent un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 50 millions d’euros ou un total de bilan ne dépassant pas 43 millions d’euros.

Timour Aggiouri

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