C’est grâce à la garantie octroyée par l’Union européenne par le biais du Fonds européen d’investissement (FEI) que la start-up Famoco a obtenu un prêt de BPIFrance. L’entreprise créée par Lionel Baraban et Nicolas Berbigier en 2010, spécialiste des technologies «sans contact» (NFC) est déjà fortement implantée à l’international avec des produits déployés dans plus de 25 pays. Comme bon nombre d’autres start-up, Famoco a bénéficié des garanties du FEI accordés aux prêts bancaires contractés auprès d’organismes financiers partenaires dans le cadre du Plan Juncker (du nom du président luxembourgeois de la commission européenne). Mis en œuvre depuis 2015, ce vaste programme d’investissement pour l’Europe mis en œuvre par la BEI vise à mobiliser des fonds sur des projets plus risqués. Il aurait déjà atteint la moitié de son objectif : 164 milliards d’euros d’investissement sur les 315 initialement prévus à l’horizon 2018. Dans le détail, 70 milliards d’euros, soit un quart, ont été dédiés aux PME et start-up européennes et 9 milliards à la France. L’UE vient de décider de le doubler à l’horizon 2020, pour le porter à 500 milliards d’euros, après le vote du Parlement européen.
20 accords avec des intermédiaires financiers français
Concrètement, le FEI, sorte de BPIFrance européen, a signé 20 accords au sein de l’Hexagone avec des intermédiaires financiers (banques, fonds, etc.). Parmi les intermédiaires figurent BPIFrance, Banques Populaires, Acto Mezzanine II, FCDE II et Nixen III… Le montant total du financement s’élève à 928 millions d’euros. Une somme qui devrait entraîner presque 6,3 milliards d’euros d’investissements avec le fameux effet de levier qui permet de soutenir les prêts des banques nationales et d’attirer d’autres capitaux privés traditionnellement réticents à financer mais confortés par le soutien des institutions publiques. Ces fonds européens sont mobilisés pour constituer une garantie autour d’investissements stratégiques mais présentant un profil de risque plus élevés que ceux qui attirent traditionnellement le secteur privé. Concrètement, le plan Juncker veut inciter ces acteurs à financer des projets plus risqués et dont le rendement apparaît moins évident, en garantissant à ces investisseurs un meilleur remboursement des pertes éventuelles.
Soutenir les investissements et accélérer l’innovation dans les PME
Le Plan Juncker a été mis en place pour pallier le faible niveau d’investissement dans l’UE. Les investisseurs, publics comme privés, sont plus réticents qu’auparavant à participer au financement de projets qu’ils jugent risqués. Le Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS), moteur du Plan, contribue à financer des projets industriels d’infrastructures et d’innovation, ainsi que le financement à risque des PME et des entreprises de taille intermédiaire (ETI). L’objectif est de remédier aux défaillances du marché en mobilisant des investissements privés. Outre les projets portants sur un secteur d’avenir, ce sont les projets innovants portés par des PME via une augmentation de capital ou des micro crédits, qui sont directement concernés. « C’est une mécanique de dynamisation de l’activité des banques européennes pour les PME. Nous ne faisons pas de prêt en direct auprès des entreprises mais aidons les banques à augmenter leurs prêts et à élargir leur type d’offre » observe Guillaume Roty, expert sur le Plan Juncker. Avec les financements déjà mobilisés à la fin 2016, 71 300 petites ou jeunes entreprises devraient bénéficier d’un prêt indirectement garanti par le Plan.
Solliciter sa banque et interroger les organismes partenaires
Comment s’y prendre ? « Nous n’avons pas voulu créer un nouveau canal de financement, aussi les entreprises ont intérêt à s’adresser en priorité à leur banque. Si vous voulez contracter un prêt de 30 000€, allez voir par exemple la Socama ou la Siagi de votre région, avec lesquelles nous avons passé un accord ». Les entreprises qui veulent obtenir un prêt ont intérêt à prendre contact avec leur banque et de la questionner avant toute chose puis à regarder la liste des banques partenaires qui bénéficient du soutien européen et d’aller les voir pour comparer les propositions. Le FEI a signé un accord avec la Siagi et la fédération nationale des Socama pour garantir des prêts destinés aux TPE/PME et les aider à franchir le pas ou à déployer leur activité. Le but ? « Soutenir des prêts supplémentaires d’une valeur d’un milliard d’euros à quelque 33 000 PME françaises au cours des deux prochaines années ». Les prêts ne sont pas seulement destinés à financer de l’innovation mais concernent également la création, la transmission ou la reprise d’entreprise. « Faciliter l’accès au financement dont les petites entreprises ont besoin pour innover et croître est un élément clé des efforts déployés par la Commission pour stimuler les investissements, l’emploi et la croissance dans toute l’Europe », commente Pierre Moscovici, commissaire pour les affaires économiques et financières.
Charlotte de Saintignon
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