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Transfert d’entreprise et concours de conventions collectives

En cas de fusion, cession ou scission d’entreprise, la convention collective du nouvel employeur s’applique immédiatement aux salariés transférés. Ceux-ci peuvent néanmoins prétendre, pendant la période dite de survie, aux dispositions plus favorables de leur ancien statut collectif.

En cas de fusion, cession ou scission d’entreprise en application de l’article L. 1224-1 du Code du travail (ex L. 122-12), les contrats de travail en cours au jour de la modification subsistent entre le nouvel employeur et le personnel de l’entreprise. Se pose alors la délicate question du statut collectif des salariés transférés.

En principe, en cas de modification de la situation juridique de l’employeur, les conventions et accords collectifs de travail ne sont pas transmis au nouvel employeur, et ce, en application du principe de l’effet relatif des contrats et de l’article 1165 du Code civil. Ce texte prévoit, en effet, expressément que les conventions n’ont d’effet qu’entre les parties contractantes. Le nouvel employeur n’est donc pas tenu par les accords collectifs qui liaient le précédent employeur. Toutefois, pour permettre au nouvel employeur de remettre à plat le statut collectif de l’entreprise, l’article L. 2261-14 du Code du travail organise un délai de survie provisoire des anciennes dispositions. A compter du changement d’employeur, celles-ci demeurent applicables aux salariés transférés pendant une période de 15 mois (3 mois de préavis et 12 mois de survie légal). Ce délai doit permettre au nouvel employeur d’ouvrir des négociations avec les organisations syndicales présentes dans l’entreprise, soit pour adapter les anciens textes aux dispositions nouvellement applicables, soit pour élaborer une nouvelle convention ou de nouveaux accords.

Pendant cette période de survie, quelle est la situation des salariés transférés ? Bénéficient-ils uniquement de leur ancienne convention collective ou sont-ils également soumis à celle du nouvel employeur, avec application du principe de faveur ?

Dans cet arrêt du 10 février 2010, la chambre sociale de la Cour de cassation pose clairement le principe selon lequel le statut conventionnel du nouvel employeur s’applique immédiatement et dans son ensemble aux salariés transférés, tout en laissant subsister pendant le délai de survie de 15 mois les anciennes dispositions qui seraient plus favorables au salarié.

Dans cette affaire, le nouvel employeur relevait de la convention collective de la métallurgie de la région parisienne. Il avait continué à appliquer aux salariés transférés leur ancienne convention collective, en l’espèce la convention collective des bureaux d’études techniques, pendant les 15 mois de survie provisoire. Or, l’un des salariés transférés avait saisi la juridiction prud’homale afin d’obtenir le paiement de la prime d’ancienneté, plus favorable, prévue par la convention collective de la métallurgie. Il avait été débouté par la cour d’appel de Versailles. Les juges avaient en effet considéré, en se fondant sur l’article L. 2261-14 du Code du travail, que la convention collective des bureaux d’études techniques avait continué à s’appliquer pendant une durée de 15 mois, date à laquelle la convention collective de la métallurgie avait pris le relais.

La Cour de cassation n’est pas de cet avis. Elle juge, au contraire, « qu’en cas de transfert du contrat de travail par application des dispositions de l‘article L. 1224-1 du Code du travail, la convention collective dont relève le cessionnaire s’applique immédiatement au salarié, les dispositions plus favorables de l’accord mis en cause continuant cependant à lui bénéficier dans les conditions prévues par l’article L. 2261-4 du Code du travail ».

Source : Cass. soc., 10 février 2010, n° 08-44.454

Nathalie Lepetz
Rédaction de NetPME

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