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La trésorerie fragile des PME fait bondir les retards de paiement

Publié le 3 octobre, le 7ème baromètre du cabinet de juristes d’affaires ARC révèle une « explosion des retards » de paiement des PME en 2017. Une donnée « totalement inacceptable » pour le ministre de l’Économie.

La trésorerie fragile des PME fait bondir les retards de paiement

Les délais de paiement des PME ont considérablement augmenté en 2017. Ils sont en moyenne de 14,5 jours contre 11,8 jours en 2016 et 13,9 jours en 2015. Les «gros retards », supérieurs à la limite de 30 jours, ont, eux, été multipliés par 3. La faute, selon le Président du cabinet ARC, Denis le Bossé, à « une phase de reprise économique […] source de tensions pour la gestion de ces entreprises puisqu’elle suppose la reprise des investissements avec une trésorerie encore fragile. » Cette hausse ne concerne cependant pas les grands groupes qui voient, à l’inverse, leurs délais de paiement se raccourcir. Il faut compter, en 2017, 9,6 jours pour percevoir le virement d’une grande société contre 10,4 et 12,1 jours les années précédentes. Une réduction que Denis le Bossé attribue à la loi Macron mise en place en 2015, qui applique des sanctions plus sévères aux grandes entreprises en cas de retard de paiement. Elle autorise aussi la DGCCRF (Direction Générale de la Consommation, de la Concurrence et de la Répression des Fraudes) à publier sur internet les noms des sociétés en infraction.

Le « name & shame » fait l’unanimité

Lors d’un débat organisé par le cabinet ARC le 3 octobre, le ministre de l’Économie s’est exprimé en faveur de la pratique du « name & shame » qui consiste à publier le nom des entreprises sanctionnées pour retard de paiement sur les bases d’informations légales. Les chefs d’entreprises sondés par le 7ème Baromètre ARC sont, eux aussi, convaincus par cette méthode : 56% la jugent efficace. Ce n’est pas le cas de l’augmentation des amendes qui ne convainc que 26% des répondants.

Les dirigeants ne font pas plus confiance aux grandes entreprises qu’à l’État. La moitié des PME refusent de répondre aux appels d’offres publics par crainte de ne pas être énumérées à temps. Pourtant, le délai de paiement moyen du gouvernement était de 18,3 jours en 2016. Un laps de temps légal puisque que l’État a 30 jours pour payer ses prestataires.

Le crédit : recours n°1 des petites entreprises

Pour répondre à leurs besoins en trésorerie, les entreprises en attente de paiement considèrent le prêt bancaire comme le recours privilégié : 52% le favorisait en 2016 contre 57% en 2017. Le prêt bancaire surplombe l’affacturage classique (30% en 2016 contre 25% en 2017), le prêt entre entreprises (12% en 2017) et l’affacturage inversé (5% en 2017). Obtenir un prêt bancaire n’est pourtant pas chose aisée lorsque l’on est une petite société : les TPE représentent 85% des saisines à la Médiation du crédit. Certaines utilisent donc le découvert bancaire (35%) le temps de toucher la somme qui leur est due.

Ces retards de paiement croissants chez les PME inquiètent d’une manière générale des chefs d’entreprises : 94% des dirigeants pensent que le non-respect des délais de paiement met en danger la santé des entreprises pouvant aller jusqu’au dépôt de bilan.

 

Melissa Carles

 

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