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Apprentissage : les TPE toujours frileuses malgré les aides

Objectif : 500 000 apprentis pour 2017. Le gouvernement reconnaît une chute du dispositif de 8 % par rapport à 2013 et affirme désormais son volontarisme. Pourtant, une exonération de charges et de salaires pour les entreprises de moins de 11 salariés employant un apprenti mineur existe depuis son lancement en juin 2015. Mais seulement pour la première année.

Apprentissage : les TPE toujours frileuses malgré les aides

« La nouvelle politique en faveur des jeunes initiée en 2012 par François Hollande s’est traduite par la suppression des aides aux entreprises qui embauchaient un apprenti et par une chute abyssale et continue depuis trois ans des signatures de contrats d’apprentissage », analyse Jean-Marie Dusseigneur de l’association France Apprentissage. Les pouvoirs publics ne le contredisent pas : « aujourd’hui, l’évolution de l’apprentissage est préoccupante : seuls  426 000 jeunes sont en formation par l’apprentissage. Ce nombre est en recul de 8% par rapport à 2013 », peut-on lire sur le site du gouvernement à la rubrique « plan de relance de l’apprentissage », porté par Myriam El Khomri depuis octobre dernier. La ministre de l’Emploi se réjouissait au même moment de résultats « encourageants », indiquant « 48 500 entrées » en apprentissage « entre juin et août, soit 6,5 % de plus dans le secteur privé ».

L’aide aux TPE : aubaine ou attrape-nigaud ?

Cette augmentation subite, après une longue période d’abandon de l’apprentissage est sans doute un effet mécanique du à l’exonération de charges. Depuis le 1er juin dernier en effet, les TPE (moins de 11 salariés) qui embauchent un apprenti de moins de 18 ans sont éligibles à l’aide « TPE jeunes apprentis » correspondant à la rémunération d’un apprenti en 1ere année. La demande d’aide (fixée à 1 100 euros par trimestre d’exécution du contrat d’apprentissage) est disponible en ligne. Les premières aides ont été versées à la rentrée 2015. Mais les TPE ne se précipitent pas. La raison ? Cette nouvelle aide en faveur des TPE pourrait être un «  attrape-nigaud », analyse Jean-Marie Dusseigneur. « Cette mesure annoncée dans la précipitation, d’une durée d’un an, n’assure pas à l’apprenti la sécurisation de son parcours professionnel (2 ou 3 ans). Le parcours de la TPE « formatrice » d’une durée de plusieurs années n’est pas non plus sécurisé », indique-t-il. Il conclut que « si certaines TPE peuvent y voir un effet d’aubaine, la plupart d’entre elles ne s’engageront pas, car elles ne souhaiteront pas être la cause de l’accroissement de nouveaux décrocheurs suite à un licenciement par manque de ressources l’année suivante ».

Ouvrir les filières de l’apprentissage ou financer sur trois ans ?

Dans ses vœux du 31 décembre, le président de la République s’est engagé à ouvrir largement  les filières de l’apprentissage afin « qu’aucun apprenti ne soit sans employeur et qu’aucun employeur ne demeure sans apprenti ». Dans la prochaine loi sur l’emploi qui sera présentée dans les semaines qui viennent, le dispositif pourrait être une nouvelle fois amélioré pour séduire le monde de l’entreprise et aboutir à l’objectif de 500 000 apprentis à la fin du mandat présidentiel. Pour France apprentissage la bonne réforme serait « d’expérimenter le financement intégral du salaire et des charges d’un apprenti pendant toute la durée de sa formation », les TPE n’ayant à financer, sur deux ou trois ans, que le temps passé à la transmission des savoirs sans incidence sur leurs charges.

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