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Innovation en entreprise : où en est-on ?

Surmonter la peur de l’échec, cultiver la prise de risques, l’expérimentation, les grands projets et financer l’innovation de rupture… les enjeux sont nombreux pour favoriser l’innovation dans les entreprises. Si l’écosystème de l’innovation a fait l’objet de nombreuses évolutions depuis les années 2000, avec les pôles de compétitivité, le CIR, les start-up, un financement public accru, la dynamique de l’innovation n’est pas à la hauteur des attentes. Tour d’horizon de ses principaux freins et leviers et des mesures à expérimenter pour la stimuler.

Innovation en entreprise : où en est-on ?

L’innovation serait principalement freinée par le management de l’innovation dans les entreprises*. Ainsi, 76% des ingénieurs, entrepreneurs et dirigeants d’entreprises interrogés sur les freins et leviers de l’innovation ont soulevé la problématique du management. C’est donc tout naturellement que parmi les mesures prioritaires pour diffuser la culture d’innovation et renforcer la formation, l’Association des Centraliens et le Medef citent notamment la reconnaissance d’un droit à l’expérimentation d’innovation managériale, dans un cadre européen. Pour Frédéric Bedin, vice-président de la commission compétitivité-innovation-attractivité du Medef, « la France est bien équipée mais souffre d’un trop grand cloisonnement. » Parmi les autres freins identifiés, le manque de lien entre le marché et la recherche (70 %) et la culture de l’innovation (70%). Aux entreprises d’accorder plus d’attention à leur culture, trop marquée par la peur de l’échec, le conservatisme, l’aversion au risque et le manque de lien entre la recherche et le marché, pour mieux manager les processus d’innovation.

Amplifier le financement et l’expérimentation de l’innovation

Au-delà de ces considérations humaines, c’est l’argent qui reste le nerf de la guerre. La difficulté à financer des projets innovants est le 4e frein identifié, pour 66% des sondés. Pour favoriser le financement, l’Association des Centraliens et le Medef proposent de stabiliser et de sécuriser le crédit d’Impôt recherche (CIR), de reconsidérer les orientations du crédit impôt innovation(C2I) pour en augmenter l’effet de levier ou l’abandonner, favoriser le développement des business angels en encourageant la prise de risques, et réorienter une partie de l’épargne française vers le capital-risque ; ce que ne permet pas la législation d’aujourd’hui. Dernier axe prioritaire, le management à grande échelle d’expérimentations. L’Association des Centraliens et le Medef jugent indispensable d’apporter de la souplesse en développant des dérogations temporaires aux règles en vigueur, autorisées par la loi, en facilitant l’accès des prototypes à des terrains d’expérimentations dans les villes et les entreprises, en faisant la promotion des démonstrateurs en faveur des villes durables, des voitures autonomes et de la télémédecine dans les investissements d’avenir et le fonds innovation, et en incitant les acheteurs publics à des commandes publiques innovantes pour expérimenter dans les PME et ETI.

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L’État ne joue pas un rôle clé pour dynamiser l’innovation dans les entreprises

Si l’Etat devrait être l’un des principaux acheteurs et accélérateurs de l’innovation, pour l’heure, celui-ci ne jouerait pas un rôle clé pour promouvoir l’innovation au travers de la commande publique (56 %) et de l’enseignement (55 %). Interrogés sur l’impact d’un principe d’innovation dans le droit français, la majorité des sondés (61%) considère que l’inscription d’un principe d’innovation dans le droit français n’aurait pas un impact fort sur la dynamique de l’innovation. Les principaux accélérateurs identifiés seraient, entre autres, le développement de liens entreprises-recherche (76 %) et, de façon plus inattendue, l’expérimentation des produits innovants dans les entreprises et dans les villes (65 %). Pour l’heure, « la France est plus suiveur que leader et adopte avec retard l’ensemble des nouvelles technologies », regrette Alain Villemeur, président de la commission innovation des centraliens. Pierre Gattaz, président du Medef de résumer : « La France, pour devenir la Silicon Valley de l’Europe, doit relever les défis de l’innovation de rupture et encourager la prise de risque des chercheurs, innovateurs et entrepreneurs. Cela suppose de conserver un niveau scientifique d’excellence et de diffuser largement la culture de l’innovation, d’expérimenter à grande échelle les services et produits innovants, mais aussi d’amplifier sensiblement l’effort de financement de la croissance des entreprises innovantes. »

 

*Enquête de mai 2017 de l’Association des Centraliens et du Medef menée auprès de 600 ingénieurs, entrepreneurs et dirigeants d’entreprises sur les freins et leviers de l’innovation

 

Charlotte de Saintignon

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