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Selon la Banque de France, les entreprises ont une « bonne capacité » pour affronter le ralentissement économique

Devant un parterre de journalistes de l’AJPME, deux experts de la Banque de France ont livré le 19 mars une analyse micro et macro de la situation des TPE/PME. Croissance du chiffre d’affaires et des marges, trésorerie forte, taux d’endettement brut en baisse… Focus sur la situation financière des entreprises.

Selon la Banque de France, les entreprises ont une « bonne capacité » pour affronter le ralentissement économique
Selon Lisa Schirmer, adjointe à la directrice des entreprises à la Banque de France, les entreprises partent avec « de bons fondamentaux, y compris avec des trésoreries fortes si l’on compare à la période pré-covid et un taux d’endettement brut qui est en tendance baissière ». © Getty Images

« Les entreprises présentent globalement un profil robuste », a affirmé en préambule Lisa Schirmer. L’adjointe à la directrice des entreprises à la Banque de France devant les journalistes de l’AJPME a néanmoins nuancé son propos, ajoutant que cette moyenne couvrait des situations assez hétérogènes selon les secteurs d’activité et qu’il était « compliqué de dresser un panorama car il y a effectivement des entreprises qui sont en difficulté. À la Banque de France, on considère qu’en termes de marge, en termes de chiffre d’affaires, on est dans une croissance qui montre que la période covid a été dépassée et que l’on a même retrouvé des chiffres meilleurs pour toutes les tailles d’entreprise ».

Pour elle, les entreprises partent avec « de bons fondamentaux, y compris avec des trésoreries fortes si l’on compare à la période pré-covid et un taux d’endettement brut qui est en tendance baissière », ce alors même qu’elles vivent des situations complexes avec les crises qu’elles ont traversé. Une situation qui est d’autant plus « rassurante » dans un contexte marqué par la période covid, par les difficultés énergétiques, les répercussions de la géopolitique et un ralentissement économique –0,9 % de croissance en 2023, prévision de 0,8 % cette année et inflation significative à 5,3% en 2023.

Pour elle, la situation va même s’améliorer : « Le passage dans ce ralentissement ne va pas durer », avec, dès l’année prochaine, un taux de croissance meilleur à 1,5 % et une inflation qui va baisser à 2,4 % en 2024 et même à 2 % à la fin de l’année. « Compte tenu des bons fondamentaux des entreprises, il me semble qu’elles ont une bonne capacité à faire face à ce ralentissement ». Elle assure ainsi que « la majorité des entreprises a dû pouvoir répercuter les hausses de prix et qu’elles sont bien armées au global pour pouvoir affronter les éléments de crise ». Même si elle s’interroge néanmoins sur le fait de savoir si les marges de trésorerie significatives dont disposent les entreprises seront suffisantes par rapport à la durée du ralentissement économique.

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« Effet rattrapage » pour 50 000 entreprises

Même le taux de défaillance des entreprises, qui a atteint des niveaux records en 2023 avec 57 729 procédures ouvertes en 2023, soit une augmentation de 35,8 % par rapport à l’année précédente, n’atteint pas l’optimisme de l’adjointe à la directrice des entreprises à la Banque de France. Faisant partie des indicateurs observés par la Banque de France, elle précise que « c’est un indicateur à relativiser dans la période actuelle parce que la période covid a bouleversé ce baromètre : pendant toute une période, il y a eu moins de cessations de paiement et des aides d’État, explique-t-elle. Ce qui aurait normalement dû être le quotidien d’un certain nombre de chefs d’entreprise, les défaillances, ne sont pas intervenues et interviennent désormais plus tard. Les entreprises très fragilisées restant très fragilisées mêmes si elles ont été soutenues pendant la période. »

« Progressivement, le rythme de croissance des défaillances baisse »

La Banque de France estime ainsi à peu près à 50 000 le nombre d’entreprises qui n’ont pas fait défaillance pendant la période. « Il y a un effet rattrapage », explique-t-elle. Tout en indiquant également une stabilisation : « Progressivement, le rythme de croissance des défaillances baisse ». Autre indicateur-clé, les en-cours de crédit des entreprises, que collectent la Banque de France. « Le crédit bancaire est très soutenu et continue de progresser, notamment sur les crédits d’investissement en volume ».

Lisa Schirmer précise que les entreprises ont la possibilité d’accéder au crédit avec des taux d’intérêt qui ont légèrement diminué même si pour les TPE-PME le taux reste un peu supérieur aux grandes entreprises (5,13% contre 4,39%). Inversement, la Banque de France constate une baisse des en-cours de crédit à la trésorerie, qui s’explique par le fait qu’« il y a plus de remboursements que de crédits actuellement ».

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Dettes fiscales et sociales

Dans le même temps, les correspondants TPE-PME, qui s’appuient sur les succursales de la Banque de France en région, ont vu le nombre de saisines doubler en 2023, passant de 6 500 saisines en 2021 à 11 200 saisines en 2023, soit plus de 70 % de hausse. La grande majorité des demandes transite par Place des entreprises, une plateforme numérique mise en place par le gouvernement qui rassemble plus de 40 organismes publics et parapublics chargés d’accompagner les TPE et PME sur l’ensemble du territoire.

« [Les dirigeants] nous saisissent souvent dans des situations dégradées avec des problématiques de trésorerie, de dettes sociales ou fiscales et de difficultés avec leurs banques »

Les correspondants TPE-PME, au nombre de 102 en France, sont là pour écouter les chefs d’entreprise qui éprouvent des difficultés particulières, pour les soutenir dans leurs démarches administratives, les aider à élaborer un diagnostic de leur situation, les orienter vers des organismes partenaires et les mettre en relation avec des interlocuteurs ciblés, et, dans une moindre mesure, pour les chefs d’entreprise qui ont des projets de développement ou de transition. « Ils nous saisissent souvent dans des situations dégradées avec des problématiques de trésorerie, de dettes sociales ou fiscales et de difficultés avec leurs banques », explique le coordinateur national du réseau des correspondants TPE-PME de la Banque de France Laurent Baumel.

Parmi les questions qui reviennent le plus souvent aux oreilles de ces correspondants, les dettes fiscales et sociales, les relations avec les banques, voire les éventuels litiges, et, en troisième rideau, les problématiques de développement et les besoins d’investissement avec, sur ce volet, des questions sur les aides publiques. Dans ce dernier cas, les correspondants se chargent de les réadresser vers les dispositifs existants. Le coordinateur national du réseau évoque également plus récemment « des problématiques liées au droit aux comptes et aux usurpations d’identité ».

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Charlotte de Saintignon

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