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Pénibilité : la réduction du temps de travail des seniors ne fait pas recette

Dans le cadre d'un bilan des accords et plans d'action sur l'emploi des seniors, l'Ires et l'Anact constatent le faible succès rencontré par les dispositifs de réduction du temps de travail proposés aux salariés seniors.

Pénibilité : la réduction du temps de travail des seniors ne fait pas recette

Le futur compte pénibilité prévoit la possibilité pour les salariés ayant accumulé suffisamment de points de pouvoir,notamment, réduire leur durée du travail. Mais ce type de mesures – déjà prévues dans certains accords seniors – n’ont pas rencontré le succès escompté, constatent l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires) et l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) dans un rapport qui fait le bilan des négociations seniors.

Hétérogénéité des mesures de réduction du temps de travail

L’Ires et l’Anact ont passé au peigne fin les accords et plans d’action seniors de cinq entreprises. Les aménagements de fin de carrière prévus sont déjà en lien avec la prévention de la pénibilité. Les modalités d’aménagement des fins de carrière revêtent plusieurs formes : réduction du temps de travail, jours de congé supplémentaires, réduction du temps de travail par suppression du travail de nuit.

Peu de candidats

Mais le succès n’est pas au rendez-vous.  « Le nombre de personnes qui bénéficient de ces diverses modalités de réduction du temps de travail est plutôt modeste voire marginal ». Pour les auteurs du rapport, l’un des freins est la perte de rémunération. En effet, note le rapport, « si des compensations sont offertes pour neutraliser l’effet du temps réduit sur les droits à la retraite et, le cas échéant, sur la prévoyance collective, les compensations salariales sont en effet au plus partielles, avec de notables différences selon les entreprises ». Dans l’entreprise où le dispositif a le mieux fonctionné – 19 bénéficiaires en 2 ans – celui-ci visait les cadres. Pour les auteurs du rapport, cet élément explique les bons chiffres ; pour les cadres « une perte de 10% de salaire sur 18 mois ou 2 ans maximum est plus facilement envisageable que pour les ouvriers ou les employés ».

Des écueils de différentes natures

D’autres obstacles se mettent en travers de la route de ces dispositifs. Parfois le salarié qui en fait la demande ne remplit pas toutes les conditions nécessaires, par exemple un salarié dont l’emploi n’est pas considéré comme à forte pénibilité. Sans compter que parfois d’autres dispositifs existants viennent concurrencer les nouveaux mécanismes prévues par les accords seniors.
Il ne faut pas non plus sous-estimer le côté psychologique, souligne le rapport. Certains salariés « mettent ainsi un point d’honneur » à « tenir au travail tant que c’est possible et qui fait repousser le moment de solliciter ce type de mesure ».

Laisser du temps

Enfin, il faut aussi laisser le temps aux salariés d’apprivoiser les dispositifs et aux entreprises de les déployer. Certains DRH ont confié dans le cadre de cette enquête que « ces mesures n’ont pas fait encore l’objet d’une promotion suffisante auprès des salariés ou que le potentiel de demandes serait à venir ». Du côté des salariés, il faut aussi un certain temps de réflexion avant de s’engager dans cette démarche de réduction du temps de travail. Car mettre en branle ces dispositifs suppose de procéder à des arbitrages préalables entre le niveau de maintien du salaire, la conciliation avec la vie familiale…

Mieux cibler les futurs dispositifs liés au compte pénibilité

Les enseignements de ce rapport serviront peut-être à rendre les futurs comptes pénibilité plus opérationnels et plus adaptés aux attentes des salariés. Déjà, dans le cadre du suivi des accords seniors, les DRH ont été confrontés à la nécessité de réfléchir à des ajustements pour les rendre plus attractifs.

 

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