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Les petites entreprises (aussi!) font du mécénat

Le mécénat n’est pas seulement réservé aux grandes entreprises. Les TPE/PME s’y mettent elles aussi, pour exprimer et incarner les valeurs de l’entreprise et valoriser son image et sa réputation.

Les petites entreprises (aussi!) font du mécénat

« L’entreprise de demain sera engagée ou ne sera pas, déclare François Debiesse, président d’Admical, association créée en 1979 qui développe et accompagne le mécénat des entreprises et des entrepreneurs. L’avenir du mécénat n’est plus dans les entreprises du Cac 40 mais dans les petites et moyennes entreprises. Et plus seulement parisien puisqu’il se fait de plus en plus en région ». Pour le moment, alors que près d’une grande entreprise sur deux est mécène, c’est le cas de 11% seulement des TPE et de près du quart (29%) des PME. Mais cela est en train d’évoluer. Pour la première fois depuis six ans, on observe une montée significative des chiffres avec des mécènes de plus en plus nombreux (de 12% en 2014 à 14% en 2016) et plus généreux : le budget alloué à leurs actions s’élève à présent à 3,5 milliards d’euros (+25%).

Au-delà du réflexe économique, une motivation d’image et d’engagement

Plusieurs raisons expliquent ces chiffres encore maigres. « Le mécénat n’est pas encore suffisamment connu et la démarche philanthropique reste très individualiste » reconnaît François Debiesse. Selon Bernard Cohen-Hadad, président de la CPME de Paris Ile-de-France et fondateur du prix Etienne Marcel qui récompense des entrepreneurs engagés, beaucoup de mécènes oeuvrent dans le secret et de manière isolée. « En France on n’est pas à l’aise avec l’idée d’un mécénat transparent » justifie Marine Nouvion, associée de l’Agence parisienne. Nombreuses sont les entreprises à œuvrer sans le faire savoir ou sans formaliser leur action. D’autres ont néanmoins franchi le pas et affichent leur action avec fierté. C’est le cas de Marine Nouvion, qui, au moment de créer l’Agence parisienne en 2010, a décidé d’emblée de faire du mécénat avec les Apprentis d’Auteuil. « Créer une entreprise, c’est créer une image. Dès le départ, nous avons eu envie d’avoir une dimension éthique et un engagement. » Concrètement, l’entreprise reverse chaque année 1% de son CA à la Fondation et participe à sa notoriété. L’avantage ? Pouvoir bénéficier d’une réduction d’impôt sur ses bénéfices de 60% du montant du don – dans la limite de versements annuels de 0,5% du CA. Même si « l’incitation fiscale n’est jamais la motivation première des mécènes et arrive dans les dernières positions des motivations, juge François Debiesse, pour qui le mécénat doit être désintéressé. » La première motivation, contribuer à l’intérêt général, la deuxième, exprimer et incarner les valeurs de l’entreprise. Vient ensuite la volonté de construire des relations avec les acteurs du territoire et de valoriser l’image et la réputation de son entreprise. Pour l’Agence parisienne, le but est de donner une meilleure image professionnelle et de se démarquer de la concurrence. « Ce n’est pas seulement une volonté d’être reconnu par ses pairs mais aussi d’avoir des outils pour assouvir une passion ou un engagement personnel » assure de son côté Bernard Cohen-Hadad. Qui plus est, c’est un formidable créateur de liens, à la fois dans l’entreprise en fédérant les collaborateurs autour d’un projet commun, et autour de l’entreprise.

Du mécénat de proximité essentiellement dans le domaine social

Pour le moment, le mécénat en compétences, lorsque l’entreprise met ses ressources, ses outils et son savoir-faire au profit de l’intérêt général, représente 12%. « Il se développe de plus en plus car il permet à l’entreprise de ne pas engager de dépenses et donc de ne pas peser sur sa trésorerie » justifie François Debiesse. C’est le mécénat financier qui est le plus courant, avec 77% des entreprises concernées et 29% pour celui en nature. Si les entreprises soutiennent tous les domaines d’activité, la proximité reste un critère décisif. La plupart souhaite contribuer au rayonnement d’un territoire. « Ce qui compte, pour l’entreprise, c’est avant tout de soutenir un projet local ou régional (81%) dans lequel elle pourra vraiment s’impliquer et apporter une aide qui fera la différence », analyse le président d’Admical. C’est d’ailleurs ce qui a rapproché l’Agence parisienne et la Fondation des Apprentis d’Auteuil, toutes deux situées dans le XVIe arrondissement de Paris. Le social reste le domaine le plus soutenu avec 22% du budget qui lui est consacré et 29% des entreprises qui choisissent de s’y engager. Deuxième sur le podium, le budget consacré à la culture (choisi par 24% des entreprises mécènes), puis à l’éducation et au sport. Autre moyen de faire du mécénat, passer par une fondation. La Fondation Mécène et Loire, qui regroupe 28 entreprises, permet aux entreprises d’aller sur de plus gros projets. A titre d’exemple, Stéphane Martinez, président de Mécène et Loire et gérant de Marty Sports, une entreprise angevine d’équipements sportifs pour les collectivités avec 47 salariés, alloue un budget annuel de 25 000€ au mécénat pour un CA de 6 millions d’euros. Grâce à la Fondation Mécène et Loire, nous avons contribué au festival de musique de Trelazé (49) et à pas mal de projets sportifs. »

Cet article fait suite à la table-ronde organisée par l’AJPME le 22 mai dernier.

*Baromètre CSA du mécénat d’entreprise en France, publié tous les deux ans par Admical sur la base d’interviews de plus de 1000 entreprises

 

Charlotte de Saintignon

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