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Transitions écologique et numérique : les dirigeants d'entreprise se sentent dépassés

Dérèglement climatique, problèmes énergétiques, intelligence artificielle… Selon une étude de l'Unédic, une majorité de dirigeants d'entreprise se sent dépassée par les transitions écologique et numérique. Même si certains se sentent prêts, ils considèrent également que les salariés manquent de compétences face à ces enjeux majeurs.

Transitions écologique et numérique : les dirigeants d'entreprise se sentent dépassés
Les dirigeants des entreprises interrogés ont le sentiment de devoir courir en permanence derrière les changements issus des transitions écologique et numérique. © Getty Images

Étudier les perceptions des dirigeants d’entreprises sur les transitions écologique et numérique, tel est l’objectif de cette nouvelle étude de l’Unédic (organisme paritaire gestionnaire de l’assurance chômage). Parce que ces mutations vont fortement impacter l’économie française, l’emploi et la vie des dirigeants comme des salariés, les services de l’Unédic ont réalisé cette étude au profit des partenaires sociaux afin de leur fournir une analyse des perceptions des transformations du monde du travail.

Selon Jean-Eudes Tesson (Medef) qui préside l’organisme depuis fin janvier 2024 (pour un mandat de deux ans), « ces transitions signifient des mouvements progressifs, mais elles seront nécessairement fortes pour certaines entreprises. L’Unédic s’y intéresse pour protéger les parcours professionnels et éclairer les Français sur les transformations du marché du travail ». L’étude a été réalisée par téléphone avec Elabe auprès d’un échantillon représentatif de 402 dirigeants, du 20 novembre au 18 décembre 2023.

Principaux enseignements de l’étude : si les dimensions environnementales sont désormais intégrées dans bon nombre d’entreprises, la transition numérique, incluant l’intelligence artificielle, ne fait que ses premiers pas dans l’esprit des dirigeants interrogés. En revanche, une majorité d’entre eux se sent dépassée.

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53 % des dirigeants débordés par le rythme des changements

Les dirigeants des entreprises interrogés ont le sentiment de devoir courir en permanence derrière les changements issus des transitions écologique et numérique. 53 % d’entre eux se disent dépassés par le rythme des changements, selon l’étude de l’Unédic. Ils travaillent principalement dans l’industrie et emploient de 50 à 249 salariés.

L’Unédic a également étudié les raisons à cette impression de ne pas pouvoir faire face aux transitions : 9 dirigeants sur 10 rencontrent des difficultés pour développer les compétences de leurs salariés. D’une part, parce que l’effectif de l’entreprise est insuffisant pour dégager le temps nécessaire à la formation (54 % des réponses), d’autre part, parce que le coût de la formation est trop élevé (52 % des réponses). 43 % des dirigeants répondent également qu’ils manquent d’information sur les transitions écologique et numérique et leurs conséquences sur l’entreprise.

Pour remédier à ces obstacles, 68 % des dirigeants interrogés comptent sur leur branche professionnelle, et 65 % sur les organismes de formation.

Ces dirigeants en difficulté se concentrent dans trois secteurs : la construction, l’industrie et l’administration/enseignement/santé/social. Par exemple, 98 % des dirigeants de la construction disent rencontrer au moins une difficulté dans l’adaptation aux transitions climatique et numérique. 8 % d’entre eux déclarent leurs effectifs salariés insuffisants, de même que 63 % des dirigeants de l’industrie. Dans l’administration/enseignement/santé/social, le principal problème résulte du coût des formations.

Pour remédier à ces obstacles, 68 % des dirigeants interrogés comptent sur leur branche professionnelle, et 65 % sur les organismes de formation. Ces deux appuis sont particulièrement considérés dans le secteur de la construction où ils représentent respectivement 84 % et 82 % des réponses. Les dirigeants d’industries comptent davantage sur l’État et les organisations syndicales et patronales.

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Une faille entre petites et grandes entreprises

Malgré ces difficultés, 32 % des dirigeants (en particulier dans les grandes entreprises employant plus de 250 salariés) perçoivent la transition écologique comme une opportunité plutôt qu’un risque (19 %). Reste qu’une majorité ne semble pas encore réfléchir au sujet puisque 49 % ont répondu « ni l’un ni l’autre ». 59 % se dit prêt à faire face aux enjeux climatiques. Ces profils travaillent surtout dans les grosses structures industrielles et des secteurs informatique/banque/assurance. Dans ce domaine environnemental, les dirigeants sont conscients des besoins de compétences sur les normes environnementales (51 %) et les bonnes pratiques pour adapter les conditions de travail (45 %).

Sur la transition numérique, incluant les sujets d’intelligence artificielle, 67 % des dirigeants des grandes entreprises interrogés se disent prêts, notamment dans les secteurs administration/enseignement/santé/social (66 %) et information/finances/assurance (67 %). Mais l’intelligence artificielle fait ressentir aux dirigeants un cruel manque de compétences : 48 % les déclarent seulement en partie adaptées, et 30 % pas du tout adaptées.

Les dirigeants se trouvent « au milieu du gué » : 55 % sont impactés par ces transitions mais 60 % ne sont pas prêts à y faire face

Ce manque de compétences des salariés se retrouve quelle que soit la taille de l’entreprise, mais se montre plus marqué dans la construction (54 %) et l’industrie (32 %). 51 % des dirigeants estiment insuffisantes les compétences des salariés en matière de maîtrise des nouveaux outils technologiques.

Malgré la relative ancienneté de la réglementation RGPD (protection des données), ce sujet reste un talon d’Achille des salariés selon 47 % des dirigeants. 42 % des dirigeants d’entreprises de 1 à 9 salariés et 48 % des dirigeants d’entreprises de 10 à 49 salariés ne se sentent pas prêt à la transition numérique.

En conclusion, selon l’Unédic, les dirigeants se trouvent « au milieu du gué » : 55 % sont impactés par ces transitions mais 60 % ne sont pas prêts à y faire face et 42 % estiment que leurs salariés ne sont pas dotés en compétences pour s’y adapter…

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Marie-Aude Grimont

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