Interview

Anne Gestin et Karine Pathinvo : « Grâce aux nombreuses initiatives, les femmes profitent de plus d’avantages que les hommes lorsqu’elles entreprennent »

Anne Gestin et Karine Pathinvo ont mis au point un service solidaire dédié au logement étudiant : Troctachambre. En se connectant sur cette plateforme web, les jeunes qui veulent étudier dans une autre ville que la leur peuvent échanger leur chambre contre celle d’un autre étudiant ou bien rendre, en échange du logement, des services à l’habitant. Ce bon procédé est facturé 19€ par mois par le site internet et la famille d’accueil peut demander une participation de 100 € mensuels maximum. Une somme bien loin des loyers pratiqués en ville. Rencontre avec les deux femmes qui ont résolu un problème de société grâce à l’économie collaborative.

Anne Gestin et Karine Pathinvo : « Grâce aux nombreuses initiatives, les femmes profitent de plus d’avantages que les hommes lorsqu’elles entreprennent »

De quelle manière avez-vous été sensibilisées à la problématique du logement étudiant ?

Anne : Je suis maman de trois adolescents et on habite à Montreuil. Ma fille voulait poursuivre ses études à l’IUT de Seaux, mais nous n’avions pas les moyens de lui louer un appartement et il n’y avait plus de place en cité universitaire. Elle a donc dû effectuer 3 heures de transports tous les jours pour aller à la fac. Je trouvais ça ridicule car j’étais prête à accueillir un étudiant dans la chambre de ma fille durant son absence et j’ai alors pensé que d’autres familles étaient prêtes à faire de même.

Karine : Pour ma part j’ai été confrontée à cette problématique de logement  lorsque j’étais étudiante et que j’ai voulu déménager à Londres pour continuer mes études. Impossible de trouver une chambre abordable. Alors quand Anne, avec qui je travaillais dans la même association, m’a parlé du souci que sa fille rencontrait, ça m’a tout de suite interpellée. Il fallait que l’on fasse quelque chose. On a imaginé le concept de Troctachambre et on a laissé reposer quelques mois avant de se lancer dans l’aventure. On pensait que d’autres initiatives du même type existaient déjà, ce qu’a démenti notre étude de marché.

Vous avez toutes deux été salariées. N’avez-vous pas éprouvé quelques peurs à passer la barrière de l’entrepreneuriat ?

Karine : J’étais déjà auto-entrepreneure donc lancer ce service ne m’a pas inquiétée. L’ampleur du projet, par contre, m’a fait peur. La demande de logements étudiants en France est si importante, je savais que notre service répondrait à un grand besoin.

Anne : En ce qui me concerne je suis co-fondatrice de Troctachambre mais je travaille encore en 4/5ème en tant que responsable du service photo au magazine Parents. Le reste du temps, je le consacre à notre projet. La transition vers l’entrepreneuriat se fait en douceur et ça me convient parfaitement.

Être une femme entrepreneure est-ce un avantage ou un inconvénient au quotidien ?

 Karine : Être une femme ou un homme entrepreneur, il n’y a pas de réelle différence. Les femmes ont quand même l’avantage de pouvoir bénéficier de concours ou d’aides qui leur sont dédiées, ce qui n’existe pas pour les entrepreneurs masculins. Par exemple, nous avons gagné le prix « coup de cœur du public » du concours féminin  organisé par l’association AkB, qui aide et accompagne les femmes issues de la diversité à entreprendre. Cela nous a offert beaucoup de visibilité.

Anne : Faire partie d’associations est assez motivant car on constate que nous ne sommes pas les seules à entreprendre. Il y a énormément de femmes qui deviennent chefs d’entreprises et dont nous n’entendons pas parler. Mais sinon, être une femme ne change rien. Par exemple, si nous devions avoir un 3ème associé, ce serait certainement un homme. Avoir un avis masculin est très enrichissant.

Quels sont vos modèles de réussites ?

Anne : Lors d’un des ateliers animés par une association, nous avons assisté au pitch d’une entrepreneure qui avait écrit un livre afin d’apprendre facilement la langue arabe aux enfants. Elle était tellement convaincue par ce qu’elle disait que sa détermination m’a impressionnée. Cette volonté est mon modèle.

Karine : Au début de mon activité entrepreneuriale, j’ai eu peur d’être pénalisée parce que je suis une personne de couleur et non parce que je suis une femme. Mon modèle est Oprah Winfrey ( ndlr animatrice et productrice américaine, élue l’Afro-américaine la plus riche du XXème siècle). Je l’admire en tant que femme noire, qui a réussi dans un milieu extrêmement compétitif alors qu’elle n’avait aucun contact préalable dans le domaine.

 

Propos recueillis par Melissa Carles

 

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