Interview

Louis Delaoustre, fondateur de Potloc : « Nous sommes capables de diviser par 4 le taux de mortalité des commerces »

Alors expatriés au Canada, les entrepreneurs français Louis Delaoustre et Rodolphe Barrère ont fondé en 2014 la startup Poltoc. Ils ont mis au point un outil de sondage via internet permettant aux commerces de connaître en détail les attentes des habitants du quartier où ils veulent s’installer ou se développer.

Louis Delaoustre, fondateur de Potloc : « Nous sommes capables de diviser par 4 le taux de mortalité des commerces »

Quels ont été les prémices de Potloc ?

Louis Delaoustre : « L’idée nous est venue grâce à un jeu que nous avions entre nous, Rodolphe et moi : on essayait de prédire la mort des commerces de notre quartier et on se trompait peu. Puisque nous habitions depuis longtemps dans notre quartier, nous savions ce que nous avions besoin en terme de commerces de proximité. L’idée de créer notre entreprise, Potloc, a germé, on a alors commencé par interroger les gens dans la rue sur ce qu’ils voulaient comme commerce dans leur quartier. De cette manière, on obtenait des statistiques gigantesques ! Nous avons donc créé notre propre outil numérique afin  d’organiser les résultats et d’optimiser l’offre et la demande dans les quartiers.

Comment contactez-vous les habitants des quartiers ?

Notre algorithme est branché sur la régie publicitaire de Facebook : nos questions apparaissent donc sur le fil d’actualité de l’échantillon voulu. Cela peut être des questions sur leur personnalité,  leur opinion ou  on peut leur proposer un questionnaire. Les internautes qui choisissent de répondre le font de leur plein gré, ce qui nous assure leur bonne volonté. Un avantage considérable comparé, par exemple, aux études de clientèle par téléphone ou in situ (sur place). Le souci avec ces méthodes est que, dans le premier cas, vous sondez majoritairement des retraités et des chômeurs, et dans le second cas, vous rencontrez beaucoup de salariés CSP-.  Sur les réseaux sociaux, il est plus simple de cibler un échantillon précis. Après Facebook et Instagram, nous envisageons d’ailleurs de nous étendre à d’autres canaux pour élargir notre portée.

Qui sont vos clients ?

Nous avons eu beaucoup de petits commerces à nos débuts mais leur nombre se réduit peu à peu. Nos clients sont surtout des grandes enseignes comme Klépierre, Carrefour ou encore Kiabi et nous travaillons avec eux sur des problématiques de concurrence ou de positionnement, aucune demande ne se ressemble. Nous les aidons par exemple à comprendre pourquoi tel ou tel magasin ne fonctionne pas comme ils le voudraient. Puisque les thématiques sont variées, il est compliqué de vous fournir des chiffres mais nous sommes capables, lorsque la problématique se pose, de diviser par 4 le taux de mortalité des commerces. Quant aux petits commerçants, nous ne les oublions pas : nous souhaitons développer une version 100 % automatisée de notre outil afin qu’ils puissent l’utiliser eux-même.

Vous êtes implantés au Canada et en France. Y a-t-il beaucoup de différences entre les 2 marchés ?

La manière de travailler est très similaire mais il y a tout de même certains détails qui diffèrent. Les mairies canadiennes réagissent et signent très vite, ce qui n’est pas le cas en France où les administrations sont très lentes à répondre. Nous traitons donc avec plus de clients municipaux en Amérique du Nord. Aussi, la majorité de nos clients canadiens sont des commerces de taille plus modeste que ceux de France où nous traitons essentiellement avec des enseignes nationales.

 

Propos recueillis par Melissa Carles

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