Interview

Yves Courage, une vie consacrée aux 24 h

D'une course à l'autre, Yves Courage a déclenché des passions qui l'ont conduit à construire ses propres bolides. Malgré les embûches, son écurie a conquis les foules aux 24 H comme les industriels sarthois.

Yves Courage, une vie consacrée aux 24 h

Depuis que Courage a été racheté par Oreca, comment voyez-vous l’avenir ?

Yves Courage : Lorsque j’ai rencontré Hugues de Chaunac, j’ai pensé à la pérennité et au respect de l’entreprise. Car en 2007, le pilote a sorti la voiture 2 fois, il y a eu pour 630.000 € de casse. Et avec le changement de réglementation, il fallait reconstruire une nouvelle voiture. Il y avait d’autres projets en discussion. Mais j’en étais la pièce maîtresse, or pour des raisons personnelles je devais prendre du recul. Cependant, toute l’équipe est toujours investie, à court terme notamment sur Le Mans en juin. L’idée est de redévelopper à terme le LMP2 et d’autres programmes… Et Hugues de Chaunac compte sur moi au niveau international.

Quels sont ces projets ?

Si une partie reste confidentielle, je peux vous dire que l’idée est de vendre un grand projet sur 10 ans, avec 5 ans pour être compétitif sur un concept particulier. Nous voulons vendre en priorité à un pays plutôt qu’à un constructeur. Car tous les constructeurs en Europe sont quasiment investis en Formule 1 voire dans d’autres programmes. L’idée est de réaliser un projet en synergie avec les partenaires à qui nous faisons confiance. C’est la première fois qu’ils sont abordés ainsi par une équipe avec qui ils ont commercé depuis longtemps. C’est un projet qui devrait rouler en 2010.

Vous êtes passé du pilotage à la construction : pensiez-vous être chef d’entreprise ?

Cela a d’abord été difficile pour l’équipe, qui suivait le « pilote Courage », et avait un objectif. Après c’est clair, je n’étais pas préparé à être chef d’entreprise. J’ai pris beaucoup de coups, de stress, par manque de préparation. 20 ans après, je sais que quand je rentre dans l’entreprise le matin, c’est pour gérer des problèmes ! Ce qui m’a fait le plus mal, ce sont les contrôles fiscaux, car au début ils voulaient immobiliser des voitures. Ensuite, mon esprit cartésien m’a permis de toujours faire avec ce qu’on avait. C’était une gestion de bon sens, il fallait gérer et payer avec les sponsors. Ceux qui ont croisé ou pris en main certaines destinées de l’entreprise ont réalisé que c’était plus difficile qu’ils ne l’imaginaient.

Pensez-vous que votre passion ait contribué à la réussite de Courage Compétition ?

Je pense qu’il faut avoir le feu sacré, ça ne peut pas se gérer comme une entreprise classique. Inconsciemment cette passion est transmise en interne, aux bénévoles, aux entreprises… Courage Compétition a toujours eu des partenaires industriels. Car nous avons été fidèles aux hommes, jusqu’au bout.

Votre vie, votre entreprise, est une histoire d’hommes ?

Jacques Petitjean, Claude Roux, et de nombreux autres ont marqué ma vie. C’est grâce à eux que la course est devenue un projet d’entreprise, car nous avons formé une famille très solidaire, capable de soulever des montagnes. Nous étions 27, ça montait à plus de 100 aux 24 H, grâce aux bénévoles, mais nous rivalisions avec de gros constructeurs. Aujourd’hui ils se sont regroupés sous l’association Liliane Courage (ALC), en hommage à ma femme. Ils travaillent dans la convivialité et avec un tel professionnalisme qu’aujourd’hui cette équipe de bénévoles est réclamée pour son savoir-faire !

Propos recueillis par Le Journal des Entreprises

PARCOURS

27 avril 1948 – Naissance au Mans
1977 – Premières 24 H du pilote sur la Porsche de Joël Laplacette
1981 – Création de l’écurie Technique automobile Mancelle (TAM)
1982 – Première voiture Cougar C01 sur le circuit du Nürburgring
1985 – Porsche fournit les moteurs
1987 – 3 e place aux 24 H du Mans. Yves Courage abandonne le pilotage pour la construction
1989-90-91 – Championnat du monde des sports prototypes
1990 – Partenariat avec Nissan 1993 Première voiture Courage
1995 – La Courage C34 est 2 e dans le même tour que la Mac Laren
2007 – Rachat de l’écurie par Oreca

Evaluer ce contenu :

Rate this np-interview

Commentaires :

Laisser un commentaire