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Lionel Canesi : « Nous devons passer des aides massives à des aides cousues main »

Si le dernier baromètre économique de l'observatoire de la profession comptable révèle que la santé financière des TPE/PME est plutôt bonne, avec une hausse de leurs bénéfices malgré la crise, leur niveau d’endettement inquiète les professionnels du chiffre.

Lionel Canesi : « Nous devons passer des aides massives à des aides cousues main »
Le président du Conseil Supérieur de l'Ordre des experts-comptables, Lionel Canesi, alerte sur le fort besoin d'accompagnement des secteurs de l'hôtellerie et de l'évènementiel. © DR

Non, la Covid-19 n’a pas détruit toutes les petites et moyennes entreprises françaises. « Le quoi qu’il en coûte a fonctionné, même plutôt bien pour certains secteurs d’activité qui ont gagné plus d’argent en 2020 qu’en 2019 », juge Lionel Canesi, président du conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables. Malgré une activité globale en recul de 6,6 % entre 2019 et 2020, les entreprises enregistrent une hausse de 2 % de leurs bénéfices en 2020 grâce aux différentes aides qui leur ont permis d’amortir le choc.

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Ainsi, certains chiffres du dernier baromètre économique des TPE/PME[*] de l’observatoire de la profession comptable peuvent surprendre, comme celui de la restauration traditionnelle qui a enregistré une baisse de 33,7 % de son activité et affiche dans le même temps un bénéfice de 6,6 %. « Les résultats ne sont pas si catastrophiques et les aides ont parfois créé des effets d’aubaine », commente Lionel Canesi qui se montre optimiste pour la reprise. « Nous ne sommes pas loin d’une nouvelle période de 30 glorieuses. Il faut réussir à créer le choc de consommation en réinjectant les 150 Md€ épargnés pendant la crise dans le circuit économique local ». L’enjeu concerne d’abord le niveau d’endettement des entreprises. « Il faut donner de l’air à celles qui sont viables pour ne pas pénaliser la relance. Si les TPE/PME sont en bonne santé, elles doivent rembourser les dettes accumulées avant et pendant la crise et les reports de charges. »

Le risque étant que le taux d’endettement, qui a progressé de 9,2 % entre 2019 et 2020, grève leurs investissements au redémarrage ou pire, qu’il provoque des défaillances en cascade en cas de remboursement trop rapide. Le taux d’endettement du secteur de la construction qui s’élève à 23,2 %, constitue avec les problèmes d’approvisionnement de matières premières et la flambée des prix de véritables freins pour leur relance. À cet égard, il se félicite que le gouvernement ait permis aux entreprises qui en expriment le besoin d’étaler leur dette sur dix ans dans le cadre de la procédure de sauvegarde simplifiée par les tribunaux de commerce.

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Des aides dégressives et sur mesure

Deuxième enjeu, la sortie de « la mise sous cloche » de l’économie. La fin des aides doit se faire selon des modalités temporelles – ce qui est d’ailleurs mis en place par le gouvernement, se félicite Lionel Canesi. Il suit un calendrier précis pour débrancher les aides. Ainsi, depuis juin, le fonds de solidarité est exclusivement calculé en pourcentage de perte de chiffre d’affaires (CA) et sera dégressif. L’indemnisation prévue est de 40 % maximum de la baisse d’activité, puis 30 % en juillet et enfin 20 % en août.

Elle doit également se faire « selon des modalités territoriales et sectorielles. On ne peut pas traiter de la même façon des territoires qui vivent des situations différentes », rappelle le Corse. Dernier paramètre, la prise en compte des secteurs d’activité car tous n’essuient pas les mêmes pertes. Selon lui, il y a ainsi deux secteurs à accompagner en priorité : l’hôtellerie et l’événementiel. Leurs perspectives de reprise n’étant pas immédiates, notamment avec un tourisme international et un tourisme d’affaires encore à l’arrêt.

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Les CHR et l’événementiel à surveiller

« Nous avons réussi l’enjeu de la protection de l’économie – la France a été championne du monde en la matière –, il nous faut réussir celui de la relance, prévient Lionel Canesi. Notamment en passant des aides massives à des aides cousues main ». Le secteur des cafés hôtels restaurants (CHR ou HCR), qui doit faire face à des problèmes de recrutement qui peuvent constituer un vrai frein dans la relance, a enregistré une baisse de son activité de 29,2 % en 2020 mais une hausse de 10 % de son résultat grâce aux aides de l’État et de 16 % de son endettement.

Dans le détail, l’hôtellerie a connu une baisse de 30,7 % de son CA et de 20,6 % de son résultat. « On voit l’impact des fermetures massives et du montant élevé des charges. Il constitue avec « l’événementiel, les deux secteurs à surveiller », explique Lionel Canesi. Ce dernier a ainsi enregistré une baisse de la moitié de son CA (- 49 %) et de 35,7 % de son résultat net. En revanche, d’autres ont réussi à tirer leur épingle du jeu, comme l’alimentaire, dont l’activité a bondi de 8,8 % et qui enregistre une hausse de 40,3 % de bénéfices.

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[*] Baromètre Image PME basé sur un panel de 265 000 entreprises qui ont réalisé moins de 50 M€ de CA.

Charlotte de Saintignon

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