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Économie sociale et solidaire : le partage de valeurs ne favorise pas la parité femmes-hommes

Le rapport sur l’égalité entre les femmes et les hommes, rédigé par le conseil supérieur de l’économie sociale et solidaire, a été rendu public en février 2017. Il faisait l’objet d’une conférence du gouvernement avec pour but de « transformer les mentalités pour faire changer les comportements. »

Économie sociale et solidaire : le partage de valeurs ne favorise pas la parité femmes-hommes

« On pourrait penser que l’économie sociale et solidaire arrivera tout naturellement à la parité de par les valeurs qu’elle partage. Mais ce n’est pas le cas », constate Caroline Neyron. Cette jeune déléguée générale du Mouvement des Entrepreneurs Sociaux (Mouves) partage son expérience sur la scène de l’amphithéâtre parisien Macif, réservé par le Tour de France de l’égalité femmes-hommes. Depuis octobre, l’évènement gouvernemental organise des ateliers et des conférences pour que chacun puisse partager sa vision de la parité. Ce 29 novembre 2017 était consacré à l’égalité entre les femmes et les hommes dans l’économie sociale et solidaire (ESS) et s’appuie sur un rapport rédigé par le conseil supérieur de l’ESS, et approuvé en réunion plénière du 7 février 2017. Au fil des débats, une tendance se distingue : entre secteurs genrés et stéréotypes véhiculés, il n’est pas simple de parvenir à la parité.

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Un manque de confiance en leur leadership

Travailler dans le secteur du social ne favorise en rien l’égalité femmes-hommes, selon Caroline Neyon. « Sur les 800 adhérents au Mooves, seulement un quart sont des femmes. Le conseil d’administration, lui, est paritaire. Mais on a dû aller les chercher et les convaincre d’en faire partie. » Pourtant, la déléguée générale a créé un programme d’accompagnement pour les femmes entrepreneures afin de les aider dans le lancement de leur activité. Le mouvement a même mené une enquête sur l’entrepreneuriat féminin. Résultat : « un manque de légitimité et de confiance criant des femmes » en retire Caroline Neyron. Les stéréotypes ont aussi la dent dure. « Il n’est pas rare que la première question qu’un banquier pose à une future entrepreneure lorsqu’elle demande des fonds soit : et que fait votre mari ? »

Des clichés dès la naissance

Des stéréotypes, Sédalom Folly, responsable emploi-formation aux centres à CPNEF ALISFA, en constate à longueur de journée. Elle exerce dans le secteur de la petite enfance, où elle s’attache à rendre la filière plus attractive pour les hommes. En effet, elle en compte environ 3%. Une surreprésentation féminine qu’elle identifie comme la conséquence de stéréotypes inculqués dès l’enfance. « Les filles doivent être douces et gentilles alors que les hommes doivent être dynamiques. Il n’y a qu’à regarder les catalogues de jouets de Noël pour s’en rendre compte ! » Autre facteur mentionné : celui de la peur des parents qui voient leur enfant s’engager dans un secteur peu habituel pour leur sexe. Enfin, les filières d’orientation ont aussi beaucoup de mal à accompagner les choix de carrières peu banals.

« Ce n’est pas demain qu’on parlera de parité dans le secteur du bâtiment »

Un avis que partage Pascale Marteau. Co-gérante d’une entreprise du bâtiment, elle a créé il y a une vingtaine d’années une coopérative artisanale qui regroupe 176 sociétés. « Ce n’est pas demain qu’on parlera de parité dans le secteur du bâtiment » ironise-t-elle, le sourire aux lèvres. Avec 3% de femmes chefs d’entreprise, le BTP ne compte que 4% de jeunes filles en apprentissage. « Certaines d’entre elles n’osent pas dire à leurs copains qu’elles sont dans le bâtiment » témoigne devant l’assemblée l’intervenante.

Dans l’artisanat, on compte 23% de femmes dirigeantes. Un meilleur score que pour le BTP, mais Pascale Marteau éprouve quand même des difficultés à recruter des femmes dans sa coopérative. Pourtant, environ un tiers des dirigeants de sociétés artisanales déclarent que leur conjoint travaille avec eux. Or,  ces derniers peuvent intégrer les coopératives et y occuper un poste d’administrateur. Une cause pour laquelle milite la co-gérante mais avec parcimonie : « il faut faire attention à ne pas trop solliciter les femmes pour qu’elles s’engagent, prévient-elle. Trop de pression risque de les faire fuir. »

 

Melissa Carles

 

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