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75 000 entreprises à céder chaque année en France

BPCE l’Observatoire dresse un état des lieux de la cession-transmission des entreprises françaises, et notamment des TPE/PME. L’étude* bat en brêche un certain nombre d’idées reçues en termes de cession.

75 000 entreprises à céder chaque année en France

Première idée reçue, il n’y aurait pas seulement 60 000 cessions d’entreprises par an en France mais plutôt 75 000 opérations à minima, sans compter les professions libérales et les entreprises individuelles. « On sous-estime le marché de la cession-transmission d’au moins 25% », signale Alain Tourdjman, directeur des études économiques du Groupe BPCE. 45 000 concernent les TPE commerciales, 15 000 les PME et ETI et 15 000 les artisans et commerçants. Deuxième idée reçue, les cessions seraient liées à la fin de l’activité professionnelle des dirigeants. En réalité celles-ci sont minoritaires : plus de 80% des opérations de cessions de TPE interviennent avant 60 ans et le taux de cession baisse après 65 ans. « Il y a finalement un déficit des reprises en fin d’activité et l’on sous-estime le nombre de reprises en cours d’activité ». Dans les faits, plus de 4 TPE sur 5 et plus de 2 PME sur 3 sont cédées avant les 60 ans de son dirigeant. 77% des cessions de TPE interviennent avant 55 ans. Troisième idée reçue, l’âge du dirigeant d’entreprise donnerait une estimation fiable du marché de la cession transmission. Or le départ des dirigeants à la retraite a un impact limité sur les cessions d’entreprises. En fait la probabilité de cession augmente avec la taille de l’entreprise et non pas selon l’âge de son dirigeant. Il y a un rapport de 1 à 12 du taux de cession-transmission entre une entreprise unipersonnelle et une PME de 250 salariés et plus.

Les dirigeants de TPE très enclins à céder leur entreprise

Même si les cessions ne se concrétisent pas, l’envie des dirigeants de TPE de céder leur affaire est là. Deux chiffres de l’enquête montrent leur appétence à la cession. 59% des patrons de TPE envisageraient de vendre si une proposition de reprise leur était faite et 27% disent vouloir céder à moins de deux ans, voire 57% chez les plus de 60 ans. Dernière idée reçue : une vague de cessions d’entreprises va bientôt déferler à la suite du départ à la retraite de nombreux dirigeants. Au final, il y aurait un rapport de 1 à 5 entre intentions fermes et à court terme de cessions après 60 ans et réalité de ces opérations pour les TPE. « Il y a plus d’intentions que de réalisations. Cet écart conduit à un vieillissement des dirigeants de PME et à la disparition pure et simple de milliers de TPE, relève Alain Tourdjman ». Ce risque de non concrétisation augmente avec l’âge avec des intentions de cessions des dirigeants qui peinent d’autant plus à se réaliser au-delà de 65 ans.

Les sexagénaires, des créateurs impliqués vs les quadragénaires ouverts à la cession

En cause, un manque de préparation car même après 60 ans, seulement la moitié a commencé à agir. Au final, seulement 17% des dirigeants de TPE de plus de 60 ans sont vraiment préparés pour céder leur affaire. Le manque de temps, la complexité de l’opération, le prix des conseils extérieurs et la valeur trop faible de leur entreprise sur le marché constituent les principaux freins évoqués pour céder leur entreprise. Mais l’enjeu principal pour les dirigeants est de trouver un repreneur de confiance. Ils envisagent plus volontiers de céder leur entreprise à une autre personne du métier qui maîtrise leur savoir-faire à 83%, à l’un de leurs concurrents à 56%, ou à d’autres personnes physiques, même en dehors de leur métier à 49%. Nombre d’entre eux optent finalement pour l’arrêt total de leur entreprise : parmi les cessations après 60 ans, 75% sont des morts naturelles. L’étude identifie deux profils de cédants différents : les sexagénaires attachés à leur entreprise dont l’objectif principal est de céder leur affaire qui restent sceptiques sur la cession : 51% la jugent difficile et cherchent avant tout des repreneurs de qualité capables de pérenniser l’activité. « Ils veulent trouver leur alter ego, leur fils spirituel » justifie Alain Tourdjman. Autre profil : les quadragénaires, davantage attachés à l’esprit d’entreprise et plus sensibles aux facteurs prix et fiscalité de la transaction, ils comptent avant tout sur leur patrimoine pour la retraite. 62% de ces derniers sont prêts à céder le cas échéant par opportunité.

*Données CSA 2017, calculs et analyses BPCE

Charlotte de Saintignon

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