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Les transmissions d’entreprise ont résisté en 2022

Un bilan 2022 contrasté et un ralentissement du marché des fusions-acquisitions début 2023. C’est le bilan que dresse In Extenso Finance, qui accompagne les entreprises dans leurs opérations de cession, d’acquisition et d’ingénierie financière.

Les transmissions d’entreprise ont résisté en 2022
« Si 2021 a été une année très forte, où l’ensemble des secteurs d’activité progressaient, en 2022 les opérations se sont concentrées sur certains secteurs d’activité », signale Jessy-Laure Carol, associée chez In Extenso Finance. © Getty Images

Le dernier panorama régions & transmissions du cabinet de conseil en cessions-acquisitions In Extenso* fait état de 1 080 opérations conclues l’an dernier, contre 1 172 en 2021, soit un recul de 8 %. « 2021 était l’une des plus grosses années sur ces dix dernières années. De fait, 8 % de baisse par rapport à une année très forte n’est pas un mauvais résultat », commente Marc Sabaté.

Pointant un contexte économique « plus flottant et plus incertain pour les plus petites entreprises » avec les effets de l’inflation par les coûts et la hausse des taux d’intérêt, l’associé et directeur général d’In Extenso Finance s’attendait à pire. Selon lui, le marché a été tiré par « la montée en puissance des investisseurs professionnels que sont les fonds d’investissement et par les acteurs industriels et les plus grandes entreprises ». Les fonds d’investissement représentaient ainsi 22 % des acquéreurs sur le segment des PME en 2022, contre 14 % en 2021.

À noter que sur ce marché des petites et moyennes valorisations, les investisseurs ont favorisé les entreprises les plus importantes, au détriment des PME valorisées moins de 5 M€ (43 % des opérations en 2022, soit une baisse de 11 points par rapport à 2021).

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Les secteurs des TMT et du BTP en tête de peloton

« Si 2021 a été une année très forte, où l’ensemble des secteurs d’activité progressaient, en 2022 les opérations se sont concentrées sur certains secteurs d’activité », signale Jessy-Laure Carol, associée chez In Extenso Finance. Ainsi, le secteur des technologies, médias et télécommunications (TMT) reste le plus actif et le plus prisé, avec un niveau élevé d’opérations déjà élevé en 2021 qui s’est maintenu en 2022 (30% des opérations réalisées).

Les sociétés d’édition de logiciel SaaS, qui présentent des perspectives de rendement élevées et prévisibles, sont les plus recherchées par les acquéreurs, tous secteurs confondus, et représentent à elles seules 16 % des opérations de l’année. « Il y a beaucoup de développements et d’innovations sur des sujets de niche qui sont regardés de très près par les acquéreurs français et étrangers. Les PME françaises tendent à se développer notamment par croissance externe pour devenir les ETI de demain », constate Jessy-Laure Carol.

De son côté, le BTP reste très dynamique (+ 52% ; 112 opérations) pour la deuxième année post covid. Un secteur tiré « par les chantiers du Grand Paris, la préparation des Jeux Olympiques et Paralympiques et la montée en puissance des exigences et des normes environnementales ». Les secteurs en recul ? Les biens d’équipements (- 37 %) et la distribution (- 21 %).

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L’axe Paris-Lyon moteur des opérations

En termes de régions, l’Île-de-France et l’Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) restent, en 2022, largement en tête en matière de volume d’opérations, totalisant à elles seules plus de la moitié des transmissions. L’Ile-de-France, forte d’un tissu économique diversifié, dont le dynamisme est tiré par l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques ainsi que par les travaux du Grand Paris, totalise ainsi 36 % des opérations.

Tandis que la région AURA, dans un contexte baissier, a maintenu le nombre de ses opérations de cessions-acquisitions en 2022, poussé notamment par le secteur TMT. « Elle continue de s’affirmer comme une région motrice de l’économie française », commente Marc Sabaté. Parmi les autres régions qui ont tiré leur épingle du jeu : la Bretagne, les Hauts-de-France, la Normandie et l’Occitanie. Cette dernière, « 3e région en termes de volumes de deals en 2022 », a mué vers le digital et a réalisé « des efforts d’implantation d’entreprises de la French Tech et des nouvelles économies et de la transition énergétique », explique Marc Sabaté.

A contrario, les Pays de la Loire, « avec un tissu d’entreprises plus traditionnelles » et la région Paca enregistrent cette année en effet balancier après un fort rebond post-covid un recul de leur nombre de transactions. L’étude révèle que les deals intrarégionaux représentent un quart des opérations. La part des acquéreurs étrangers reste en revanche assez faible (moins de 17 %) avec en trio de tête, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne.

Exigence qualitative sur les deals

Si le cabinet a observé un nouveau coup de frein les premiers mois de 2023 avec une baisse de 30 % des deals, « le marché est reparti, avec des exigences de qualité du côté des acquéreurs comme des vendeurs », constate Jessy-Laure Carol. Ces derniers se montrent plus prudents et sélectifs dans leurs recherches. Ils « discutent en amont des échanges sur la rentabilité et la structuration de l’activité ». Pour Marc Sabaté, c’est d’ailleurs cette « exigence qualitative des parties prenantes qui a un impact sur la volumétrie ».

Le démarrage de 2023 a été impacté par les conséquences financières de 2022 avec l’hystérie sur les prix de l’énergie, la hausse des taux d’intérêt et de l’inflation. Le directeur général assure être néanmoins « assez confiant » pour le reste de l’année : « Ce début de tendance n’augure pas de l’année. La volumétrie est en train de rebondir avec le retour aux affaires de l’Asie et la réouverture du marché chinois, le même poids des fonds d’investissement, la nécessité d’investir pour les entreprises pour aller plus vite en matière de décarbonation, de RSE et de transition énergétique, et le cash disponible qui animent le marché ».

Par ailleurs, même si les taux d’intérêt sont plus élevés, il ne constate « pas de rupture des robinets du crédit ». Mais les acquéreurs restent à l’affût et, avec une « forte pression à l’achat » le marché des cessions-acquisitions devrait ainsi « continuer à prouver sa solidité en 2023 ».

*7e édition du panorama des cessions/acquisitions de PME valorisées entre 1 et 50 millions d’euros réalisé par In Extenso en partenariat avec Epsilon Research (mai 2023).

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Charlotte De Saintignon

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