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[Coronavirus] Franck Bouis, parfumeur : « Si je peux sauver des vies... »

Seul dans son usine de parfums de 800 m² à Vallauris, Franck Bouis, issu de la 4ème génération de l’entreprise Jean Bouis, fabrique du gel hydroalcoolique.

[Coronavirus] Franck Bouis, parfumeur : « Si je peux sauver des vies... »
À la guerre comme à la guerre, Franck Bouis a transformé son laboratoire de composition de parfums en une unité de production et de remplissage de gels hydroalcooliques. © Adobe Stock

« C’est la légende du colibri : si chacun fait sa part, on peut sauver des vies », amorce Franck Bouis. À Vallauris, près de Cannes (Alpes-Maritimes), l’arrière-petit-fils de l’entreprise familiale de parfums Jean Bouis – du nom de son arrière grand-père – tient à participer à l’effort collectif contre la pandémie. Depuis deux semaines, il a fabriqué plus de 600 kilos de gel hydroalcoolique qu’il distribue au personnel soignant. « J’ai dépanné des ambulanciers, des pompiers, des infirmiers et même des hôpitaux qui viennent eux-mêmes recharger leurs bidons ou chercher des flacons ».

Poussé par l’arrêté du 13 mars dernier qui autorise par dérogation les parfumeurs et fabricants de produits cosmétiques à produire des biocides et à en mettre à disposition sur le marché jusqu’au 31 mai prochain, le chef d’entreprise a décidé de se rendre utile. Il a transformé son laboratoire de composition de parfums en une unité de production et de remplissage de gels hydroalcooliques. « J’avais toute la matière première à disposition. » Depuis 1930, la société, spécialisée au départ dans la culture de plantes et fleurs à parfums fabrique aujourd’hui toutes sortes d’identifications olfactives pour de grands hôtels, des marques de parfumerie, d’horlogerie, joaillerie et prêt-à-porter de luxe.

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Coronavirus : « Je ne voulais pas faire prendre de risque à mes salariés »

Confiné dans son usine, Franck Bouis a voulu mettre ses salariés à l’abri. « Par mesure de sécurité, j’ai fermé administrativement l’usine et notre espace de vente directe dès le 14 mars. Et renvoyé les huit salariés chez eux. Je ne voulais pas leur faire prendre de risques. Parmi eux, une femme enceinte, de jeunes parents, d’autres qui doivent prendre train et bus pour venir au bureau, d’autres encore qui sont particulièrement sensibles aux virus… »

Seul le gestionnaire de production, qui travaille sur la mise en place d’un nouveau CRM, fait du télétravail. Pour les autres, Franck Bouis a délégué à son cabinet d’expertise comptable la tâche délicate de les déclarer en activité partielle. Resté seul aux commandes, Franck Bouis est sur tous les fronts. « Je reste tous les soirs jusqu’à 23 heures ou minuit à l’usine pour gérer l’administratif et pour voir comment on va redémarrer. » L’entreprise, qui travaille à 80 % en B to B, doit notamment répondre aux demandes du continent asiatique qui se remet tout juste en ordre de marche. « L’Asie redémarre, je dois donc faire le suivi des projets et renvoyer leurs demandes de devis. Je ne sais pas encore comment je vais honorer leurs demandes. »

Coronavirus : « Je ne veux pas profiter de la crise »

Si le carnet de commandes était plein avant la pandémie, côté trésorerie en revanche, « c’est la catastrophe : je ne sais pas si on va s’en relever. Les clients ne paient plus, du coup nous ne pouvons plus payer nos fournisseurs. C’est le serpent qui se mord la queue. » Pour autant, pas question de profiter de la crise : Franck Bouis se contente de distribuer sa production de gel hydroalcoolique à ceux qui en ont besoin. « J’avais reçu des demandes que j’ai refusées pour en fabriquer et en vendre », précise-t-il. Droit dans ses bottes, le chef d’entreprise ne revend que 10 % de la production. Le reste, c’est cadeau. « Ce n’est pas mon métier ni ma vocation première, ce n’est pas ça qui va payer les salaires, mais je suis tout seul et n’ai pas les capacités de production nécessaires », explique-t-il.

Charlotte de Saintignon

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