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Covid-19 : les pistes de Bercy pour sauver les commerces de proximité

Bercy a présenté le 29 juin son plan en faveur du commerce de proximité, de l’artisanat et des indépendants. Outre les mesures de trésorerie déjà annoncées, le gouvernement mise sur le numérique et la création de foncières locales pour soutenir les commerçants et redynamiser les territoires.

Covid-19 : les pistes de Bercy pour sauver les commerces de proximité
Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a présenté le 29 juin le troisième projet de loi de finances rectificative (PLFR 3) et le plan en faveur du commerce de proximité, de l’artisanat et des indépendants. © THOMAS COEX / POOL / AFP

Pour aider les commerçants de proximité, le gouvernement entend s’appuyer sur l’existant : amplifier la redynamisation des centres-villes sur le modèle du programme « Action cœur de ville » et renforcer son accompagnement numérique. Pour le reste, le plan de relance des indépendants et des artisans, présenté le 29 juin, re-présente les mesures de trésorerie du PLFR 3 comme les réductions et exonérations de charges sociales et la prolongation, par amendement, du fonds de solidarité jusqu’en juin. Autres mesures à retenir : la possibilité de débloquer son contrat Madelin et la suppression sur 3 ans de la majoration de 25 % sur le bénéfice professionnel des indépendants qui n’ont pas adhéré à un organisme de gestion agréé (OGA). Selon la secrétaire d’État Agnès Pannier-Runacher, 15 à 30 % des entreprises dans les territoires estiment qu’elles ne pourront pas finir l’année.

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100 foncières pour rénover 6 000 petits commerces

Afin que les artisans et les commerçants réinvestissent les centres-villes, le gouvernement va permettre aux collectivités de s’appuyer sur des foncières locales existantes – ou d’en créer des nouvelles – « qui achèteront des locaux vacants ou des commerces sur le point de fermer, les rénoveront et les loueront à un tarif préférentiel à des commerçants cherchant un local », comme l’a expliqué Bruno Le Maire, ministre de l’Économie lors de son discours le même jour au palais Bourbon.

Ainsi, l’édile est à la baguette. « Nous souhaitons que les solutions viennent du territoire et donner les moyens au maire d’agir, a précisé Agnès Pannier-Runacher, lors d’une conférence de presse. Le nouvel élu pourra racheter deux ou trois pas-de-porte, aller chercher un commerçant, un artisan, peut-être un jeune débutant ou un commerçant qui souhaite revenir dans sa région et faciliter son installation, grâce à une remise en l’état des locaux. » Avec à la clef, des loyers allégés.

« Dans les années qui viennent, il va y avoir beaucoup de transmissions et la reprise est compromise ».

Pour ce faire, la Banque des territoire va investir 300 M€ auxquels s’ajouteront « 500 M€ de prêts pour activer ces foncières », a indiqué la secrétaire d’État. Objectif ? « 100 foncières seront déployées pour rénover [au moins] 6 000 petits commerces », a assuré le ministre de l’Économie qui se donne 5 ans pour y parvenir.

Une enveloppe conséquente pour un dispositif qui s’attaque également à l’enjeu des passations. « Dans les années qui viennent, il va y avoir beaucoup de transmissions et la reprise est compromise. Une offre standardisée est un risque. La clef est la nature du nouveau bail commercial mis en place, souligne la secrétaire d’État. Le but est d’anticiper ces mouvements pour redonner un petit peu de dynamisme. »

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Du neuf avec du vieux ?

L’idée de la micro-foncière locale pour revitaliser les centres-villes était déjà à l’œuvre avant la crise du Covid-19 dans 222 villes moyennes via le programme « Action cœur de ville » lancé en 2017. Il est question ici de le généraliser. « Nous parlons d’un plan qui concerne l’ensemble de la France, qu’il s’agisse d’agglomérations plus importantes ou de centres-bourgs plus modestes », a précisé Agnès Pannier-Runacher.

D’ailleurs, les petits centres-bourgs bénéficieront bientôt d’un coup de pouce via le PLFR 2021. « Un petit bourg peut exonérer de CFE des petits commerces, une exonération que l’État compense à hauteur de 30 %. Cette année, nous allons les compenser à hauteur de 50 % pour aider les petites municipalités à passer à l’acte pour aider les petits commerçants et artisans », a annoncé la secrétaire d’État.

À noter, le vaste programme « Action cœur de ville » ne se limite pas à l’aspect foncier. Des actions collectives visant à revitaliser les centres-villes comme le financement de managers de centre-ville, le soutien à la logistique décarbonée et aux circuits courts sont par exemple mises en place. Il comprend également un volet numérique.

Un parcours sur-mesure pour gonfler son CA grâce au numérique

Dernier axe du plan de relance : l’accélération de la numérisation des petites entreprises. « Les commerçants et indépendants qui ont utilisé les outils numériques pour faire du chiffre d’affaires (CA) ont réussi à sauver les meubles lorsque la France a dû replier ses ailes », a retenu Agnès Pannier-Runacher. Fort de ce constat, Bercy lance un parcours sur-mesure pour les TPE/PME encore offline.

L’accompagnement se fera en 4 étapes : l’évaluation de la maturité numérique des TPE, l’élaboration d’un diagnostic professionnel et la délivrance de recommandations par un prestataire, une formation pour préparer le projet et le passage à l’acte, lequel sera financé, d’après l’ex-secrétaire d’État, par les 750 M€ de prêts « France Num » garantis par la Bpi et contre-garantis par la Banque européenne d’investissement.

[Mise à jour le 24 juillet 2020 à 11h00] Selon « France Num », la réalisation du projet pourrait finalement être accompagnée par un financement de 715 M€ de prêts garantis par l’État et par la Commission européenne.

« 78 % des petites entreprises dans l’habillement ne disposent d’aucun outil numérique »

« L’enjeu est massif en France : 78 % des petites entreprises dans l’habillement ne disposent d’aucun outil numérique. Un commerçant réputé par la qualité de son service et de son conseil a pourtant la possibilité d’augmenter son CA de 20 à 30 % grâce au numérique », estime la secrétaire d’État.

Et cela ne passe pas forcément par la vente en ligne. « Il n’est pas obligatoire d’avoir un tunnel de vente sur internet, rappelle-t-elle. Rien que l’action de se signaler, de mettre en place des réservations en ligne, permet d’atteindre de nouveaux clients. »

Mais la question des grandes marketplaces se pose (cf. E-commerce : « Amazon détruit plus d’emploi qu’il n’en crée »). À ce sujet, la secrétaire d’État voit le verre à moitié plein. « Il ne faut pas vouloir ralentir le commerce en ligne pour le rattraper, estime-t-elle. L’objectif n’est pas de résister, il est de s’approprier les codes. » Elle promeut ainsi les offres groupées réalisées par les collectivités sur les plateformes. Combo gagnant.

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Matthieu Barry

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