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Défaillances : les mesures de soutien aux entreprises ont limité la casse en 2020

Seulement 32 184 défaillances d'entreprises ont eu lieu en 2020, un chiffre en baisse de près de 40 % par rapport à 2019, alors que 2020 a connu le premier choc de la crise sanitaire. Un paradoxe qui s'explique par les fortes mesures de soutien décidées par le gouvernement, soutien dont on se demande s'il pourra se perpétuer aussi longtemps que nécessaire.

Défaillances : les mesures de soutien aux entreprises ont limité la casse en 2020
Le commerce a plutôt bien résisté alors qu'il a subi deux confinements de plein fouet en 2020, pour « seulement » 6 996 défaillances. © Adobe Stock

Activité partielle, fonds de solidarité, prêts garantis par l’État, exonérations ou reports d’impôts et de cotisations sociales, paiement des charges… Les mesures de soutien mises en place par le gouvernement depuis le début de la crise sanitaire sont nombreuses et régulièrement adaptées. Et il semblerait qu’elles soient efficaces : selon un communiqué de presse Altares, groupe spécialiste des données commerciales, les défaillances d’entreprises en 2020 sont au plus bas, à un niveau jamais égalé depuis… 1987. Une baisse de 38,1 % par rapport à 2019. Selon Altares, cette performance s’explique en grande partie par les mesures de soutien aux entreprises. L’étude analyse le chiffre des défaillances par territoire, par secteur d’activité et par type de procédure. En voici une synthèse.

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32 184 défaillances en 2020, dont une majorité de liquidations directes

Premier enseignement de l’étude, outre la baisse des défaillances en temps que telle, les experts d’Altares ont observé un moindre recours au redressement judiciaire, dont l’utilisation a reculé de 50 %. Cette procédure est utilisée à la demande de l’entreprise ou d’un créancier lorsque la société est en cessation des paiements, c’est-à-dire que l’actif de l’entreprise ne lui permet plus de faire face à son passif. En un mot, elle ne peut plus honorer ses dettes et payer ses échéances.

Cependant, il est encore possible de la sauver en mettant en oeuvre un plan de redressement permettant d’apurer le passif. En 2020, il y a eu 8 030 redressements judiciaires en France, contre 17 768 en 2016 par exemple (voir les données dans le tableau ci-dessous).

En revanche, l’étude d’Altares montre une utilisation largement majoritaire des liquidations d’entreprise. Contrairement au redressement qui laisse subsister un espoir que la société se porte mieux, la liquidation constitue sa phase finale. Cette procédure vise à mettre fin définitivement à l’activité de la société. Or, en 2020, près de trois jugements sur quatre prononcent directement une liquidation, ce qui signifie qu’il était vain d’engager un redressement judiciaire, la situation de la société ne permettant pas de la redresser.

Certes, les liquidations judiciaires sont elles aussi en baisse, à savoir 23 321 en 2020 contre 35 156 en 2019. Mais selon Altares, cela est dû aux aménagements réglementaires et au fait que les créanciers ont été amenés à préférer les règlements amiables plutôt que les procédures devant le tribunal de commerce.

Quant aux procédures de sauvegardes, elles sont les moins utilisées en 2020. Notons que la sauvegarde n’intervient que si l’entreprise n’est pas encore en état de cessation des paiements. Cette procédure est cependant surtout utilisée par les PME de plus de 50 salariés.

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Des défaillances concentrées sur le bâtiment, les commerces et les services

Les trois secteurs du bâtiment, du commerce et des services représentent 18 986 défaillances, bien que tous connaissent une baisse des faillites par rapport à 2019. Le bâtiment à lui seul chiffre un quart des défaillances enregistrées en 2020 (7 479, soit une baisse de 42,6 %).

De son côté, le commerce a plutôt bien résisté alors qu’il a subi deux confinements de plein fouet en 2020, pour « seulement » 6 996 défaillances. Celles-ci concernent aussi bien le commerce de détail qu’interentreprise ou encore les magasins multirayons. Sont particulièrement touchés les commerces de maroquinerie et articles de voyages qui ont vu leurs défaillances augmenter de 21,7 %. Enfin, dans les services (4 511 défaillances en 2020), ce sont les agences de voyage (+ 3,1 %) et les services administratifs de bureau (+ 1,7 %) qui souffrent le plus.

Industrie, transports et restaurations font aussi partie des secteurs touchés mais dans une moindre mesure. Dans l’industrie (2 098 défaillances en 2020), les défauts ont augmenté dans les domaines de la boucherie (+ 16 %). La baisse des défaillances est particulièrement sensible dans les activités de métallurgie et de mécanique. Dans les transports, moins de 1 250 entreprises ont fait défaut. Et dans la restauration, on a compté 3 300 entreprises en défaillance, soit 39,1 % de moins qu’en 2019.

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Répartition géographique : une baisse des défaillances particulièrement marquée dans cinq régions françaises

La Corse, l’Auvergne-Rhône-Alpes, le Grand Est, les Pays de la Loire et le Centre Val-de-Loire enregistrent les plus importantes baisses de défaillance, au-dessus de 45 %. Viennent ensuite, entre – 37 et – 41 %, l’Occitanie, la Nouvelle Aquitaine, les Hauts de France et la Bourgogne. Se placent enfin, en dessous de – 37 %, la Bretagne, l’Île-de-France et la région PACA.

© Altares

En conclusion, le Président d’Alatres, Thierry Millon, estime que « l’engagement du quoi qu’il en coûte pris par le président de la République en mars dernier a évité que la violente crise économique ne vienne noircir les registres des tribunaux de longues listes de faillites Covid-19″.

Cependant, si le soutien de l’État est rassurant à court terme, il est plus inquiétant pour la suite : qu’en sera-t-il lorsque les taux d’activité partielle seront abaissés ? Une situation qui pose aussi la question à long terme du soutien financier mis en place par le gouvernement : quel sera in fine le coût du quoi qu’il en coûte, l’État pourra-t-il s’endetter encore plusieurs années pour absorber le choc de la crise ? Le poids de la dette risque peut-être, un jour, de devenir lourd à porter.

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Marie-Aude Grimont

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