Marché du travail : quelles seront les tendances en 2020 ?

« Dans quelques années, les CDI ne seront plus la norme. Nous serons tous des slashers, payés à la tâche sur des travaux de haute valeur ajoutée. » Invitée à animer un workshop sur « les nouveaux métiers et les nouveaux risques » à l’évènement Maddy Keynote du 1^er février 2018, Caroline Hirtzberger annonce un futur bien chamboulé. Depuis plus de 2 ans, elle occupe le poste de head of e-business chez l’assureur pour professionnels Hiscox. Perchée sur des talons aiguilles, elle interroge de son air jovial sa collègue Anaïs Maffeïs, responsable produits marché des professionnels. Ce qui annonce un tel bouleversement du monde de l’entreprise ? Des chiffres actuels d’abord : « 61 % des salariés aspirent au télétravail et 70 % des millennials (nés entre 1980 et 2000), travaillent déjà en flex, c’est-à-dire sans bureau fixe » constate Caroline Hirtzberger. Cette transformation de l’emploi exigera des travailleurs qu’ils soient conscients de leurs capacités afin de bien gérer leur temps, puisque les journées des slashers, qui cumulent plusieurs jobs, sont bien chargées » enchaîne avec le sourire Anaïs Maffëis.

« 1 actif sur 5 aura recours à l’intelligence artificielle »

Le mode de vie flexible des entrepreneurs sera donc bientôt répandu à toute la société. Et ce moment risque d’arriver très vite. « En 2020 : 2,3 millions d’emplois seront créés par l’intelligence artificielle (IA) tandis que 1,8 millions de postes seront en difficulté et tendront à disparaître dans le monde » reprend Caroline Hirtzberger d’un ton grave. « D’ailleurs 1 actif sur 5 aura recours à l’IA dans son métier ».

2020, une année qui sonne comme un tournant dans les pratiques salariales. Dans l’étude « The Future of Jobs », publiée à l’occasion du forum économique mondial de Davos en 2016, des responsables de ressources humaines et des grands groupes internationaux ont été interrogés sur le futur de l’emploi.

Deux secteurs porteurs

Deux secteurs se démarquent en France : les secteurs de l’informatique et de l’ingénierie seront porteurs en 2020. Deux tendances principales influenceront notre quotidien : la flexibilité des emplois en matière de temps, de lieu et d’engagement, ainsi que le développement très rapide des technologies de l’IA, rendant la société encore plus numérique. Les Français se sentent d’ailleurs plus concernés que le reste du monde : 33 % des sondés considèrent cette dernière transformation comme l’un des facteurs clés de la mutation des professions contre 12 % pour les autres pays.

Une responsabilité légale cybercriminelle

Mais avant d’entamer cette mutation du marché de l’emploi, il faut régler un problème de taille, souligne Anaïs Maffeïs : la législation. « Il y a un vide juridique au niveau de l’IA, reconnaît-elle. Par exemple, si une voiture autonome s’avère défectueuse, la faute ne revient pas à l’utilisateur mais au fabricant. Mais l’utilisateur est tout de même « responsable de la chose ». Donc, en cas de piratage par un hacker, on pourrait imaginer, pour demain, une responsabilité du cybercriminel. »

Il est prouvé qu’avec la montée en puissance des technologies de l’IA, le nombre de cyber hackers est exponentiel ces dernières années. Près de 9 entreprises sur 10 ont déjà subi des attaques ou des tentatives d’attaques par des pirates informatiques. Et contrairement aux idées reçues, « les entrepreneurs et les TPE sont tout autant visés que les grandes entreprises, avertit l’experte. Notamment car ils n’ont pas les mêmes moyens de se protéger. »

Melissa Carles