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Moins de faillites, mais 80% des défaillances concernent les TPE

La bonne santé de l’économie passe par un nombre de faillites en baisse de 7,3 % sur 2017 (Coface). Toutefois, si l’amélioration a profité à toutes les entreprises, les TPE de moins de 250 000 euros de CA restent plus fragiles que les autres. De plus, le nombre d’« entreprises zombies » peu rentables, est élevé, obligeant à nuancer le tableau de la reprise.

Moins de faillites, mais 80% des défaillances concernent les TPE

Alignement des planètes, signaux au vert, reprise… L’embellie est maintenant visible dans l’Hexagone. C’est aussi l’analyse de Coface (expert dans l’assurance-crédit et la gestion des risques) qui, dans un point presse du 7 mars 2018, analyse la baisse des défaillances d’entreprises, par la voix de Bruno de Moura Fernandes, économiste France, Etats-Unis, Royaume-Uni et Canada. Premier élément : bien que le nombre de défaillances soit plus important (53 414 entreprises ont fait faillite sur un an à fin janvier 2018) qu’avant la crise de 2007/2008 où les faillites étaient de moins de 50 000 par an, le taux de défaillances est plus faible (1,14 % en 2016 contre 1,35 % en 2007). Deuxième constat : toutes les régions sans exception peuvent se féliciter de la baisse de défaillances, avec un trio de tête Hauts de France (-13,7 %), Grand Est (-13,2 %) et Nouvelle Aquitaine (-12,6 %). L’Ile-de-France avec un nombre d’entreprises plus important qu’ailleurs voit, elle aussi, le nombre de faillites s’effondrer (-8,5 %) « après quatre années de hausse ».  Troisième constat : les faillites ont chuté de 7,3 % sur 2017, avec un pic à 21,5 % pour les entreprises dont le CA est supérieur à 1 million d’euros. Entre janvier 2017 et janvier 2018, la baisse des faillites se poursuit, à 8,3 %. « Le nombre de défaillances, sur une tendance baissière depuis début 2016, s’est ainsi établi à son plus bas niveau depuis octobre 2008 ». Pourtant, « si l’amélioration de la conjoncture a bénéficié aux entreprises de toutes tailles, celles réalisant un CA inférieur à 250 000 euros (plus de 80 %des défaillances) ont enregistré un recul moins important de défaillances (- 5 %) que les autres (- 20 %) ».

Moins de défaillances partout, sauf dans le transport et l’agroalimentaire

Le principal secteur qui a tiré les défaillances à la baisse est la construction (- 13 % en un an, en janvier 2018). Les principales activités bénéficiant de cette dynamique, du gros-œuvre       (-10,2 % de défaillances), à la construction de maisons individuelles (- 12,6 %) en passant par les agences immobilières (- 27,8 % de faillites). Le contexte de taux d’intérêts très bas et la confiance des ménages « au plus haut depuis la crise » expliquent cette embellie. Le secteur de l’automobile bénéficie lui aussi de bonnes performances avec des défaillances moindres dans la réparation (- 4,8 % entre janvier 2017 et janvier 2018) et le commerce de véhicules légers (-7,5 % sur la même période). Mais du côté des transports, notamment par taxis, c’est une hausse de 32 % supplémentaires constatée en un an. Selon Coface, « dans un contexte de forte concurrence des VTC, le nombre de taxis ayant fait faillite est deux fois plus important qu’en 2015 et trois fois plus qu’en 2014 ». Dans l’industrie agroalimentaire, le nombre de défaillances augmente légèrement (+1,7 %), même si dans ce secteur, le nombre de défaillances a baissé de 0,9 % en un an.

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Le problème des 4,6 % entreprises « zombies »

Intitulée « Moins de défaillances, mais toujours autant de « zombies » », l’étude de Coface propose une photographie nuancée de la reprise. Les analystes se sont en effet intéressés aux entreprises « zombies » qui sont des entreprises peu rentables, insolvables, endettées… mais « maintenues artificiellement en vie par des financements à bas coûts dans un contexte de politique monétaire expansionniste ». Certes, la France ne compte que 4,6 % d’entreprises « zombies » en 2016, contre 6,2 % pour l’Espagne ou 5,3 % pour l’Italie. Mais ses deux voisines ont pris des mesures et ce type d’entreprises baisse (10,3 % pour l’Espagne et 5,9 % pour l’Italie en 2013), alors qu’il augmente depuis cette période en France (3,9 % en 2013). « Depuis la sortie de la crise, il y a moins de défaillances en France mais autant d’entreprises « zombies », ce qui est cohérent avec la croissance relativement faible enregistrée jusqu’en 2016. Cette multiplication des « zombies » qui risquent de faire faillite à tout moment est préjudiciable pour l’économie car cela entrave le processus de destruction créatrice et tire à la baisse la productivité d’un pays », indique Bruno de Moura Fernandes. Il conclut également que le mouvement de baisse de défaillances devrait s’essouffler en 2018.

Claire Padych

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