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« La gouvernance des PME est le parent pauvre de la gouvernance des entreprises »

À l’occasion de la mise en ligne de son outil de diagnostic pour la gouvernance des PME, le réseau de chefs d’entreprise Réseau Entreprendre a réuni 2 dirigeants de petites sociétés pour témoigner et exposer leurs pratiques.

« La gouvernance des PME est le parent pauvre de la gouvernance des entreprises »

« Est-ce une bonne idée de compter des amis parmi son comité de gouvernance ? » Réunis autour d’une table ronde par le Réseau Entreprendre, deux dirigeants de PME partagent leur expérience de la gouvernance avec les journalistes présents. Les avis de Laurent Hutin et Jérôme Cohade divergent. Pour le premier, patron de HuMan, une PME rémoise spécialisée dans le développement de projets en énergies nouvelles et renouvelables, l’amitié préexistante à l’élaboration d’un comité de gouvernance représente un risque certain : « il faut toujours avoir en mémoire que même si on est des amis, il faut être sincère et rester professionnel », estime-t-il. Le second intervenant, gérant de Plebac, petite entreprise bordelaise spécialiste des bardages métalliques et composites a, lui, une tout autre conception de la gouvernance. « Je l’ai mise en place avec des personnes pour qui j’ai de l’affect. Pour bien cadrer notre mission, j’ai rédigé une charte. Toutes les 6 séances, chaque membre s’autoévalue et une synthèse est rédigée. Ce qui en ressort, c’est la qualité de la liberté d’expression que nous avons. J’estime qu’avec des inconnus nous n’aurions pas eu la même franchise. »

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Instaurer sa gouvernance lors d’une reprise

Pour le Réseau Entreprendre il n’existe pas de gouvernance type. Une « bonne gouvernance » se reconnaît par des attitudes et des comportements et non pas par des règles ou des processus infaillibles. Lorsque l’on reprend une entreprise, il est souvent difficile d’imposer sa propre administration. Une situation qu’a connue Laurent Hutin lorsqu’il a repris sa société en 2003. « L’ancien dirigeant était un vrai autocrate, il décidait de tout et tout seul. Les deux cadres présents dans l’entreprise ne s’exprimaient jamais. Il a donc fallu que je me démène pour avoir un délégué ou représentant du personnel : personne n’osait se présenter ! C’était une méthode de management à l’ancienne. J’aime avoir des retours, je n’ai donc pas souhaité mettre en place une gouvernance empirique, au contraire. Il n’y a pas de filtre hiérarchique. » Laurent Cohade a, lui aussi, connu cette situation en reprenant sa société à un dirigeant très patriarcal : « Avant la gouvernance, il faut faire un travail managérial », conseille-t-il.

Quatre profils types

Même si mettre en place une bonne gouvernance peut demander un peu de patience, ne pas s’y pencher peut devenir dangereux pour l’avenir de la société. « J’ai découvert la gouvernance et ses dérives sur le terrain, témoigne le dirigeant de HuMan. J’ai, par exemple, rencontré un chef d’entreprise de 80 ans à qui on n’a pas su avouer qu’il n’était plus à sa place. » C’est pour sensibiliser à cette importance que Réseau Entreprendre a développé en interne un outil qui permet aux chefs d’entreprise de diagnostiquer leur gouvernance. Son nom ? Gouvernance Designer. « Après avoir répondu à un questionnaire, la plateforme indique au chef d’entreprise vers quel idéal type sa manière d’exercer son autorité se rapproche : Le général, le gouverneur, le dirigeant ou le startupper », explique Frédérique Jeske, directrice générale de Réseau Entreprendre. « En fonction du résultat, des bonnes pratiques sont conseillées et l’outil aide le chef d’entreprise à mettre le doigt sur les points à améliorer. »

La gouvernance est aussi une affaire de PME

Une feuille de route est ensuite transmise afin que le dirigeant de PME puisse s’y appuyer lorsqu’il construit et module sa gouvernance. Le réseau a, en effet, « la conviction profonde que la gouvernance n’est pas réservée aux grandes entreprises comme on le croit souvent », souligne le livret Pour des gouvernances efficaces en PME édité par l’organisation. Cette première plateforme en ligne et gratuite complète donc le dispositif de Réseau Entreprendre pour sensibiliser les dirigeants de petites sociétés à la gouvernance. Seules 40 % des entreprises ont un conseil d’administration ou de surveillance et 21 % ont une instance collective selon l’organisation. « La gouvernance des PME est un peu le parent pauvre de la gouvernance d’entreprise, constate Frédérique Jeske. Il y a peu d’études et de travaux qui ont été menés sur les petites sociétés contrairement aux grands groupes. » Une situation que tentent de transformer les innovations de Réseau Entreprendre.

 

Melissa Carles 

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