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Résilience et entrepreneuriat : « L’art de naviguer entre les torrents »

La résilience. Avec la crise, le mot est sur toutes les lèvres. Et les entrepreneurs comme les chefs d’entreprise n’échappent pas à la tendance : pour trouver des solutions, ils doivent plus que jamais se montrer résilients. Zoom sur la conférence plénière du salon SME le 13 octobre.

Résilience et entrepreneuriat : « L’art de naviguer entre les torrents »
« La résilience, c’est l’art de transformer un problème en opportunité », estime Mathilde Lacombe, co-fondatrice de Aime, une marque de soins qui propose des compléments alimentaires. © Adobe Stock

La santé économique d’une petite entreprise est étroitement liée à celle de son dirigeant et à son mental. Encore plus en période de crise. Passée une première phase de sidération et de doute, certains épuisés, ont plongé quand d’autres ont rebondi. Parce qu’ils ont su se montrer résilients. Selon Boris Cyrulnik, qui a instauré le concept en France, la résilience est « l’art de naviguer entre les torrents ».

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Si, dans un premier temps l’instinct de survie pousse les entrepreneurs à parer à l’urgent et à trouver des solutions à court terme pour ne pas sombrer, ils doivent par la suite s’adapter et s’obliger à avoir une vision à moyen ou long terme pour finalement sortir plus forts de cette situation critique. Pas question pour autant d’attendre de trouver la solution miracle, ils doivent avancer pas à pas. « Plus une crise est forte, plus les solutions trouvées seront temporaires. Mises bout à bout, les petites solutions permettent de passer le cap », explique Edgar Grospiron, champion olympique ski de bosse et fondateur de Edge, coach et consultant.

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« La résilience, c’est l’art de transformer un problème en opportunité »

« La résilience, c’est l’art de transformer un problème en opportunité », évoque Mathilde Lacombe. La co-fondatrice de Aime, une marque de soins qui propose des compléments alimentaires, enjoint les entrepreneurs à se montrer résilients car « ils connaissent des hauts et des bas et sont sans cesse confrontés à des problèmes ».

Face à la crise, les chefs d’entreprise comme les entrepreneurs ont dû se réinventer et parfois revoir ou repenser leur business model. Flora Bernard, philosophe et présidente de l’agence de philosophie Thaé, qui organise des ateliers de philosophie dans les entreprises, a dû totalement revoir son offre. « Avec la crise, tout a été annulé. Je n’avais plus aucune visibilité sur la suite. Pendant trois semaines, nous avons exploré les outils digitaux pour pouvoir proposer des ateliers philosophiques en ligne à destination du grand public. Je n’y croyais pas avant la crise mais il s’est avéré que cela a été un vrai succès ».

« En deux mois, on a réussi à mettre en place une nouvelle organisation du travail que l’on aurait mis dix ans à mettre en œuvre en temps normal. »

Pour Edgar Grospiron, la crise a également été l’opportunité de se lancer dans quelque chose de nouveau. « Mon activité de conférencier sur la motivation dans les entreprises s’est effondrée. Je me suis donc lancé dans des masterclass pour les particuliers sur des sujets comme le rebond après la crise pour répondre aux enjeux du moment ». Même pivot opéré par Alex Vagner, président du salon 2 000 Emplois – 2 000 Sourires pour l’emploi des jeunes, qui est passé au virtuel. « Ça a été une réussite totale, avec 7 000 connexions. »

Au sein du réseau Rent a car (300 points de vente), c’est toute l’organisation de travail du siège qui a été repensée. « Nous n’étions ni équipés ni organisés pour faire du télétravail. La directrice générale a tout de suite commandé 200 ordinateurs portables et nous avons pu continuer à travailler en visioconférence et en visioformation. En deux mois, on a réussi à mettre en place une nouvelle organisation du travail que l’on aurait mis dix ans à mettre en œuvre en temps normal », explique Marc Boré, son PDG.

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« L’anxiété est un moteur »

Si tous ces entrepreneurs ont réussi à se montrer particulièrement résilients, cette capacité à faire face à une situation difficile ou génératrice de stress requiert quelques préceptes, comme du calme, de la lucidité, de la maîtrise et de la confiance en soi. Premier conseil, « accepter le réel de manière objective et discerner ce sur quoi l’on peut agir de ce sur quoi on n’a aucune prise, détaille Flora Bernard. On peut par exemple avoir une prise sur son attitude intérieure. »

La difficulté ? « Ne pas se laisser empêtré dans le doute ou paralysé par la peur et réussir à en tirer du sens », résume Mathilde Lacombe. Même si in fine le doute et le questionnement sont sains, et le stress positif stimulant : « Les entrepreneurs doivent avoir une vision pessimiste de ce qui va se passer pour générer du stress et leur donner l’énergie nécessaire pour trouver des solutions. L’anxiété est un moteur », affirme le PDG de Rent a car.

« Dans une situation de crise, tout vole en éclat et perd de son sens. La résilience sert à en redonner à ce qui n’en a plus. »

Reste à avoir suffisamment confiance pour se sortir des situations critiques. Et pour être confiant, mieux vaut regarder et capitaliser sur ses forces plutôt que sur ses faiblesses. « Cette confiance est difficile à acquérir seul, il faut la partager pour créer une dynamique, conseille Edgar Grospiron. La dynamique et la motivation sont les meilleurs atouts pour sortir de la crise. C’est plus une question d’énergie que de solution miracle ».

Pour rester motivé, il faut savoir prendre de la distance, garder un regard positif sur la situation, donner du sens à ce que l’on fait et aligner son projet sur ce que l’on souhaite donner. La résilience serait avant tout une question de sens. « Dans une situation de crise, tout vole en éclat et perd de son sens. La résilience sert à en redonner à ce qui n’en a plus », conclut Flora Bernard.

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Charlotte de Saintignon

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