Laurent Chouraqui, fondateur de Step Ahead Consulting : « Les idées viennent plus facilement lors d’une séance de running »

Comment un ancien chef d’entreprise vient à en coacher d’autres ?

Comme vous le dites, j’ai co-créé une startup dans les années 90. Mais je me suis aperçu que quand on passe d’une société de 3 personnes à une cinquantaine de salariés avec investisseurs, ce n’est pas du tout la même chanson. Nous avions réalisé une levée de fonds de 20 millions d’euros et j’ai subi une vraie perte de repères. J’ai réussi à reprendre le contrôdle grâce au coaching. Ça m’a permis de mettre de la distance par rapport à ce que j’étais en train de vivre et de clarifier mon avenir professionnel. Je suis donc entré en école de commerce, ce qui a toujours été mon rêve et je me suis formé au coaching. Je ne voulais pas en faire mon métier mais l’intégrer à mon management. Après quelques aventures entrepreneuriales, je me suis décidé à coacher moi-même des managers et des chefs d’entreprise. J’ai  alors créé Step Ahead Consulting.

Coache-t-on tous les chefs d’entreprise de la même manière ?

Oui et non. Les chefs d’entreprise sont tous différents et tout dépend de la thématique abordée. Dans chaque secteur, il y a un cadre de référence, une posture à adopter, un jargon particulier. Mais au final, la méthode de coaching est la même : je fais tout pour rendre le client le plus à l’aise possible. Certains dirigeants pensent qu’il n’y a pas mieux qu’un ancien dirigeant pour coacher un chef d’entreprise. Ce n’est pas mon avis. Cela dépend des attentes du dirigeant. On ne demande pas la même chose à un psychologue qu’à un ancien entrepreneur. Par exemple, je ne traite pas les burn out, j’interviens seulement quand il y a un problème concret dans l’entreprise, qu’il soit organisationnel, relationnel ou qu’il concerne un challenge à relever par exemple.

Quelles sont les principales problématiques des dirigeants qui vous contactent ?

Un des soucis les plus courants est : « j’ai envie de mettre cela en place mais ça ne fonctionne pas. Est-ce ma faute ? Celle de mes collaborateurs ? » Mon rôle est de faire prendre de la hauteur à ces chefs d’entreprise afin qu’ils pensent en dehors de leur société, qu’ils s’autorisent un pas de côté. Je suis leur miroir en quelque sorte. La séance de coaching se finit souvent par une prise de conscience du dirigeant. Les chefs d’entreprise sont très bien formés. Ce qui leur manque, c’est un travail d’introspection ainsi que quelques conseils en communication.

Vous coachez aussi les chefs d’entreprise lors de footings. Quels avantages cette activité présente-t-elle ?

Mélanger réflexion et sport permet de stimuler la créativité. L’idée m’est venue lorsque je courais avec un confrère, lui aussi entrepreneur. Nous nous retrouvions régulièrement pour un footing tout en discutant. Un jour, il m’a proposé de me rémunérer pour ces petits coachings car nos séances le stimulaient professionnellement. J’ai donc décidé d’en faire profiter mes clients. D’ailleurs, le running est le sport n°1 des dirigeants. À Londres, c’est une pratique répandue : dans les grands parcs, hors des bureaux et des lieux conventionnels, les idées viennent plus naturellement. En général, avant même de me rejoindre pour effectuer ces 40 minutes de course, les chefs d’entreprises savent déjà de quelle problématique ils souhaitent me parler.

Propos recueillis par Melissa Carles