Actu

Covid-19 et commerces : les restrictions de la dernière chance

Pas de troisième confinement, pour le moment. Le gouvernement tente l’impossible et joue sa dernière carte : fermeture des frontières, fermetures des grands centres commerciaux « clos » et jauge de 10 m² dans les grandes surfaces.

Covid-19 et commerces : les restrictions de la dernière chance
Les grands centres commerciaux « clos » ont dû fermer leurs portes dimanche 31 janvier en pleine période de soldes. © Adobe Stock

« Ce soir, nous considérons, au regard des chiffres des derniers jours, que nous pouvons encore nous donner une chance de l’éviter ». Contre tout attente, Jean Castex a fait le choix, vendredi 29 janvier en point presse, d’un couvre-feu renforcé au lieu d’un troisième confinement. Au programme : les commerces non alimentaires situés dans les centres commerciaux de plus de 20 000 m² se sacrifient pour leurs pairs, les variants anglais et sud-africains sont « bloqués » aux frontières, les jauges sont renforcées dans toutes les grandes surfaces et les masques textiles « maison » sont bannis en entreprise par le nouveau protocole sanitaire.

Netpme Premium Abonnement
Passez à l’action :

Netpme Premium Abonnement

Fermeture de certains commerces non alimentaires

Depuis samedi soir minuit, les commerces non alimentaires (jadis « non-essentiels ») qui « favorisent le plus de brassage des populations » doivent fermer boutique. Sont concernés les grands commerces non alimentaires de plus de 20 000 m² de surface commerciale utile et les petits commerces non alimentaires situés dans les grands centres commerciaux et galeries marchandes de plus de 20 000 m² (pour apprécier le seuil, l’ensemble des surfaces des commerces, alimentaires ou non, doit être pris en compte).

Pour ces 400 centres commerciaux ou magasins visés sur le territoire national, le click & collect et le retrait de commande ne sont pas autorisés mais la livraison reste possible. Les parcs d’activité et villages de marques en extérieur ne sont pas concernés par la fermeture. Tout comme les commerces alimentaires, alimentaires spécialisés (boulangerie par exemple), supermarchés et les pharmacies des centres commerciaux impactés.

En contrepartie, Bercy assurera aux commerçants de nouveau confinés le bénéfice :

  • du fonds de solidarité renforcé, avec le choix d’opter pour l’aide égale à 20 % du CA, plafonnée à 200 000 € par mois ;
  • du nouveau dispositif de couverture de 70 % des charges fixes pour les grandes enseignes ;
  • de l’activité partielle sans reste à charge ;
  • de l’exonération et aide au paiement des cotisations sociales.

Un moindre mal

« Ce sont plus de 25 000 commerces qui sont ce matin obligés de s’arrêter en pleine période de soldes. Pour eux, c’est évidemment une peine extrêmement difficile. Mais cela permet aux autres de rester ouverts, c’est pour cela que nous sommes partagés », s’est exprimé Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du Commerce et de la Distribution, dimanche matin au micro de RTL.

« Il y a cette forme de soulagement pour tous ceux qui pourront rester ouverts et c’est important, on est en période de soldes », a enchérit Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du commerce, sur Franceinfo, même si cette nouvelle restriction va « toucher énormément de commerçants. C’est aujourd’hui 50 % des enseignes que nous représentons qui sont implantés dans les centres commerciaux ».

Lire aussi Covid-19 : le détail des nouvelles aides aux TPE/PME

Nouvelles jauges et fermeture des frontières

Parallèlement à cette nouvelle fermeture, le gouvernement à décidé de renforcer la jauge d’accueil de tous les commerçants dès lundi 1er février. Lesquels peuvent désormais accueillir de 6 h à 18 h :

  • 1 client pour 8 m² dans les commerces de moins de 400 m² ;
  • 1 client pour 10 m² dans les commerces de plus de 400 m².

« Les policiers et les gendarmes seront mobilisés pour contrôler le non-respect du couvre-feu, l’organisation des fêtes clandestines et l’ouverture illégale de restaurants dans des proportions renforcées, a appuyé Jean Castex dans son discours. Les dérives de quelques-uns ne sauraient ruiner les efforts de tous. Une consigne de particulière fermeté sera donc appliquée pour ceux qui fraudent les règles en vigueur. » Le respect des jauges n’échappe pas à la règle. « Bruno Le Maire a été extrêmement clair. Si la jauge de 1 personne pour 10 m² dans les magasins de plus de 400 m² n’est pas respectée, les forces de l’ordre ont pour consigne de fermer le magasin de manière administrative », a fait savoir Jacques Creyssel sur Franceinfo.

Autre restriction supplémentaire : l’interdiction des déplacements en provenance ou à destination des pays extérieurs à l’espace européen sauf pour « motif impérieux ». La mesure concerne les départements d’Outre-mer et le Royaume-Uni. La circulation est conditionnée par un test PCR négatif de moins de 72 h au sein de l’espace européen (Union européenne, Andorre, Islande, Liechtenstein, Monaco, Norvège, Saint-Marin, Suisse et Vatican) et dans certains pays dont l’épidémie est maîtrisée (Australie, Corée du Sud, Japon, Nouvelle-Zélande, Rwanda, Singapour et Thaïlande). Les travailleurs transfrontaliers ne sont pas soumis à cette obligation.

Lire aussi Les commerçants dans les méandres du numérique

Nouveau protocole sanitaire

Une plus grande jauge pour les clients, une plus grande distanciation pour les salariés. La règle est désormais d’un mètre minimum avec masque, et de deux mètres minimum sans masque dans les situations où le port du masque n’est pas obligatoire (restauration collective, espaces extérieurs, ateliers, vestiaires, etc.), indique le ministère du Travail dans son protocole sanitaire national actualisé le 29 janvier.

Les masques textiles « maison » dont la filtration est inférieure à 90 % sont désormais interdits sur le lieu de travail. Les masques « grand public » autorisés doivent revêtir un macaron bleu garantissant la filtration à 90 %. Pas de changement du côté du télétravail : le retour sur site une fois par semaine est encore possible.

Si le ras-le-bol général et l’économie en berne l’ont emporté, une fois n’est pas coutume, face à au rebond épidémique, les jours de ce nouvel arsenal « anti-Covid » semblent comptés. Un énième conseil de défense aurait lieu ce mercredi 3 février.

Lire aussi TPE/PME : « Le danger, ce n’est pas le zombie, c’est l’autruche »

Matthieu Barry

Laisser un commentaire

Suivant