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Covid-19 : l’économie circulaire, une opportunité à saisir

L’économie circulaire et ses enjeux étaient au cœur des débats de la web-conférence organisée par l’AJPME le 25 juin. Après l'adoption de la loi du 10 février 2020, l’association fait le point sur la situation et sur les opportunités qu’offre l’économie circulaire.

Covid-19 : l’économie circulaire, une opportunité à saisir
« Il est impératif de sortir de l’économie linéaire où l’on produit sans penser aux déchets pour aller vers une économie circulaire où l’on fait mieux avec moins de ressources », souligne Nathalie Boyer, ambassadrice de l'Économie circulaire. © Adobe Stock

« La crise liée à la Covid-19 a révélé les problèmes d’approvisionnement rencontrés par de nombreuses entreprises. Or, l’une des forces de l’économie circulaire est de permettre de sécuriser ses approvisionnements en ressources et de réaliser des gains économiques », rappelle Nathalie Boyer, ambassadrice de l’Économie circulaire auprès du ministère de la Transition écologique et solidaire et déléguée générale de l’association ORÉE. Avec la crise du nouveau coronavirus et la loi « anti-gaspillage » dans les bagages, la transition vers l’économie circulaire s’accélère. L’occasion pour les TPE/PME de prendre le train en marche.

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« Faire mieux avec moins de ressources »

« Il est impératif de sortir de l’économie linéaire où l’on produit sans penser aux déchets pour aller vers une économie circulaire où l’on fait mieux avec moins de ressources », souligne Nathalie Boyer. L’agence de la transition écologique (ADEME) définit l’économie circulaire comme un « système économique d’échange et de production à tous les stades du cycle de vie des produits (biens et services), qui vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement. »

« Les entreprises doivent être convaincues que l’économie circulaire est une opportunité et qu’il faut y aller, soutient Dominique Amirault, président de la FEEF, Fédération des entreprises et entrepreneurs de France. Outre l’opportunité pour elles de se différencier, l’économie circulaire leur permet de réaliser des gains économiques, à la fois « sur les coûts de traitement des déchets, les transports et via les économies d’échelle réalisées, ajoute Nathalie Boyer. Il ne faut pas le voir comme quelque chose en plus qui coûte cher. »

L’ambassadrice de l’Économie circulaire cite l’exemple de la ville de Yerres dans le 91 pour réutiliser les eaux « grises ». Depuis 2009, la ville nettoie ses rues et arrose ses plates-bandes avec de l’eau recyclée des douches de la piscine municipale. « Cela représente une économie de 7 000 m3 d’eau potable et de 28 000 € par an », relève Nathalie Boyer.

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Une attente forte des consommateurs

Pour Dominique Amirault, les attentes des consommateurs sont là. En témoigne l’enquête menée par la fédération en 2019. Celle-ci montrait que les PME étaient perçues comme plus vertueuses par les consommateurs et qu’elles préservent davantage la santé et l’environnement. Elles ont donc tout intérêt à répondre à cette attente forte des consommateurs et des citoyens. Une sensibilité qui s’est encore accrue avec la crise du Covid-19 où le besoin d’avoir des sources de production de proximité s’est fait particulièrement sentir.

Pour cela, elles peuvent s’adresser aux agences de la transition écologique (ADEME) régionales qui proposent des aides, aux fédérations professionnelles ou aux collectivités locales. Elles peuvent également utiliser le dispositif d’accompagnement « TPE & PME gagnantes sur tous les coûts ! », qui a pour objectifs d’ « identifier les pertes cachées, de calculer leurs coûts, de proposer un plan d’action pour les réduire et d’optimiser les flux énergie, matières – déchets et eau tout en réalisant des économies récurrentes. » L’idée est de « vendre des services liés aux produits plutôt que les produits eux-mêmes », souligne le président de la FEEF.

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Le coup de pouce de la loi « ramasse tout »

Avec 113 articles qui abordent des points multiples, la loi « anti-gaspillage » pour une économie circulaire (AGEC) du 10 février dernier est perçue comme une loi « ramasse tout » pour Dominique Amirault. En amont, l’approvisionnement durable et l’éco-conception, qui consiste à « concevoir un produit, un bien ou un service qui prend en compte, afin de les réduire, ses effets négatifs sur l’environnement tout au long de son cycle de vie, en s’efforçant de préserver ses qualités ou ses performances ».

En aval, la loi consacre plusieurs articles à l’allongement de la durée de vie des produits, via le réemploi, la réparation ou la réutilisation, le recyclage et prévoit à ce titre la création d’un Fonds pour le Réemploi Solidaire. Valentin Fournel, directeur recherche et développement de Citeo, qui recrute les entreprises du prochain « Circular challenge », un programme d’open innovation pour une économie circulaire, prend l’exemple de la fédération de la charcuterie qui développe des barquettes 100 % PET pour pouvoir derrière intégrer des filières de recyclage. Idem du côté de la PME Saveol qui, pour vendre ses tomates, a troqué ses barquettes en plastique pour des barquettes en carton.

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Vers des échanges inter-entreprises

La loi consacre enfin une partie à l’écologie industrielle et territoriale (EIT). Ce dernier champ vise à constituer un mode d’organisation inter-entreprises par des échanges de flux ou une mutualisation de besoins. « Cela fait partie des nouveaux modèles économiques qui consistent à analyser des flux sur un territoire et à mettre en place des synergies, en faisant travailler ensemble des entreprises sur un territoire. L’objectif est d’initier des démarches multi-acteurs, collaboratives, multi-secteurs et multi-filières, avec par exemple des déchets d’une entreprise qui pourraient servir à celle d’à côté », explique Nathalie Boyer.

Pour le moment, 107 projets ont été identifiés sur Elipse, la plateforme dédiée. L’ambassadrice de l’Économie circulaire cite en exemple l’initiative dans l’Aube d’un laitier et d’un charcutier qui proposent leurs produits aux grandes surfaces et partagent un entrepôt pour stocker leurs produits pour réaliser des synergies en termes de transport.

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Charlotte de Saintignon

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