Actu

Le télétravail ? Oui, mais à petite dose !

Le télétravail, vaille que vaille. Chiffres à l’appui, un récent dossier de l’Insee et de la Dares déconstruit le sacro-saint télétravail, lequel ne revêt pas que des avantages…

Le télétravail ? Oui, mais à petite dose !
En 2017, les « télétravailleurs intensifs » (deux jours ou plus par semaine) déclarent travailler en moyenne 43 heures par semaine contre 42,4 heures pour les non-télétravailleurs. © Adobe Stock

Isolement, horaires à rallonge, risques dépressifs… Tout n’est pas si rose dans la vie du télétravailleur. Un dossier de l’Insee et de la Dares, publié le 4 novembre dernier, présente des résultats pour le moins contrastés quant à l’impact du télétravail sur les cadres. L’étude s’appuie sur deux enquêtes Sumer 2017 et Reponse 2017. Cette année-là, seuls 3 % des salariés télétravaillent au moins un jour par semaine et 61 % d’entre eux sont des cadres. Au total, seulement 7 % des salariés officient hors des murs de leur entreprise en France (1,8 millions de télétravailleurs).

Netpme Premium Abonnement
Passez à l’action :

Netpme Premium Abonnement

Télétravail : Des horaires plus longs et atypiques

De prime abord, le télétravail autorise des horaires plus souples en permettant au salarié d’éviter les temps de trajets. Le télétravailleur peut en outre capitaliser sur sa tranquillité, loin des sollicitations et autres interruptions propres aux locaux, pour gagner en efficacité. Or, les « télétravailleurs intensifs » (deux jours ou plus par semaine) déclarent travailler en moyenne 43 heures par semaine contre 42,4 heures pour les non-télétravailleurs. Surtout, ils sont deux fois plus nombreux que les salariés non-télétravailleurs à dépasser les 50 heures.

télétravail horaire netpme insee dares

Qui dit flexibilité horaire, dit emploi du temps atypique. Les « télétravailleurs intensifs » connaissent des horaires moins prévisibles (travail après 20h ou le samedi) et déclarent « moins souvent avoir les même horaires tous les jours et connaître leurs horaires pour le mois à venir », note l’enquête. Résultats ? « L’intensité du travail et la pression temporelle ne semblent pas réduites ». Surtout, « leurs proches se plaignent autant de leur manque de disponibilité », souligne le dossier.

Guide CSE (Comité social économique)
Passez à l’action :

Guide CSE (Comité social économique)

Télétravail : Un risque d’isolement et d’insécurité

De même, le télétravail permet au salarié de jouir d’un contrôle hiérarchique moindre. Il peut s’avérer utile pour décharger un salarié des pressions l’environnant. Mais d’autres tensions peuvent naître à la maison. D’une manière générale, le soutien social et l’insertion dans le collectif de travail sont affectés négativement.

Les cadres télétravailleurs déplorent « un sentiment de distance » vis-à-vis de la hiérarchie et de leurs collègues. Ils déclarent être « moins souvent aidés  […] pour mener à bien leurs tâches » (80 % des télétravailleurs contre 88 % des non-télétravailleurs, cf. ci-dessous). Toutefois, pas de conséquences particulières sur la qualité des relations qu’ils entretiennent avec leurs collègues ou la hiérarchie, sur leur sentiment de reconnaissance ou sur leur perspective de promotion.

télétravail netpme insee dares isolement

En outre, le télétravail serait lié à un environnement de travail plus instable. L’étude suggère « une corrélation forte entre déploiement du télétravail et changements organisationnels de grande ampleur ». De quoi nourrir un sentiment élevé d’insécurité économique : 47 % des cadres du privé télétravailleurs intensifs estiment la sécurité de leur emploi menacée (contre seulement 12 % pour les non-télétravailleurs).

Si aucun lien de cause à effet ne ressort de l’enquête, les télétravailleurs intensifs sont deux fois plus nombreux que les non-travailleurs à présenter un risque dépressif (17 % contre 8 %). Aussi, qui de l’œuf ou la poule, les télétravailleurs les plus réguliers estiment plus souvent que leur état de santé général est mauvais ou très mauvais (4% contre 1 % pour les non-télétravailleurs).

À noter, les salariés bénéficiant d’un télétravail mis en place dans le cadre d’un accord collectif ou individuel pâtissent globalement moins des inconvénients soulevés par l’enquête.

Matthieu Barry

Laisser un commentaire

Suivant