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Défaillances d'entreprises : le choc de l’inflation frappe les entreprises

La justice a ouvert au troisième trimestre 8 950 procédures collectives, soit une hausse de 68,5 % sur un an, estime Altares dans une étude sur les défaillances d'entreprises parue le 11 octobre.

Défaillances d'entreprises : le choc de l’inflation frappe les entreprises
Les liquidations judiciaires directes concentrent près des trois quarts des jugements d’ouverture, un taux supérieur à celui constaté avant la crise sanitaire. © Getty Images

Entre juillet et septembre, les tribunaux de commerce et judiciaires ont ouvert 8 950 procédures collectives, soit un niveau de défaillances en hausse de 68,5 % par rapport à la même période de l’année 2021, estime Altares, spécialiste de l’analyse de données concernant les entreprises, dans une étude parue le 11 octobre.

À « moins de 5 500 défaillances, le nombre de sinistralité du troisième trimestre 2021 était le plus bas jamais observé en vingt-cinq ans », est-il écrit dans le document. L’augmentation sur un an représente un autre record en un quart de siècle.

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Des liquidations judiciaires pour 74 % des jugements d’ouverture

Le détail des statistiques suivant les procédures collectives, qui impliquent l’ensemble des créanciers des entreprises, révèle la vigueur des difficultés subies. « Les liquidations judiciaires directes, concentrent encore près des trois quarts (74 %) des jugements d’ouverture. Ce taux est nettement supérieur à celui constaté avant la crise sanitaire (68 %). » Ces procédures « ont concerné 6 612 entreprises, soit une augmentation de 71,3 % » par rapport au troisième trimestre 2021. Les liquidations judiciaires sont destinées aux « débiteurs en cessation des paiements et dont le redressement est manifestement impossible » (article L. 640-1 du Code de commerce).

Le nombre de jugements d’ouverture de redressement judiciaire a progressé de 63,2 %.

Le nombre de jugements d’ouverture de redressement judiciaire a progressé de 63,2 % (2 109 jugements prononcés). Ces procédures représentent 24 % des jugements ouverts, « un taux inférieur aux 30 % relevés » avant la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19. Les entreprises visées par un redressement judiciaire sont en état de « cessation des paiements », la procédure devant permettre « la poursuite de l’activité de l’entreprise, le maintien de l’emploi et l’apurement du passif » (article L. 631-1 du Code de commerce).

Enfin, le nombre de jugements ouvrant une procédure de sauvegarde a atteint 229 au troisième trimestre, soit 70 de plus qu’entre juillet et septembre 2021. La sauvegarde peut concerner un débiteur « qui, sans être en cessation des paiements, justifie de difficultés qu’il n’est pas en mesure de surmonter » (article L. 620-1). Elle doit « faciliter la réorganisation de l’entreprise afin de permettre la poursuite de l’activité économique, le maintien de l’emploi et l’apurement du passif ».

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Surtout des TPE de moins de trois salariés

La plupart des entreprises en défaillance emploient moins de trois salariés (4 015), tandis que 1 163 structures touchées emploient entre 3 et 19 salariés. « Les activités à destination du consommateur » (B2C) sont « toujours plus en souffrance », explique Altares, qui évoque une hausse du nombre de défaillances notamment dans la restauration et l’hébergement, ainsi que le commerce de détail. Mais les activités s’adressant aux professionnels (B2B) sont « à leur tour rattrapées » par les difficultés, selon l’étude, citant l’industrie et les transports.

Les menaces pesant sur l’emploi sont importantes : 32 970 postes sont en jeu dans les entreprises en défaillance au troisième trimestre, selon Altares.

Une « équation budgétaire » compliquée

« Le risque de pénurie d’énergie et l’envolée des prix complexifient fortement l’équation budgétaire des prochains mois pour de très nombreuses entreprises, quelle que soit leur taille ou leur secteur d’activité », remarque Thierry Millon, directeur des études d’Altares, cité dans le document. Dans les mois à venir, des structures sont par exemple susceptibles de peiner à régler leurs prêts garantis par l’Etat (PGE) ou leurs dettes envers les Urssaf.

Altares se fonde sur « l’ensemble des entités légales disposant d’un numéro Siren (entreprises individuelles, professions libérales, sociétés, associations) et ayant fait l’objet d’un jugement d’ouverture de procédure » de sauvegarde, de redressement ou de liquidation.

La Banque de France enregistre 37 000 défaillances en un an

La Banque de France a publié le 11 octobre d’autres statistiques sur le même sujet. « En cumul sur un an (entre octobre 2021 et septembre 2022), le nombre de défaillances atteint 37 000, un niveau inférieur de 27,7 % à celui enregistré en 2019, avant le début de la crise sanitaire », explique l’institution dans une étude.

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Timour Aggiouri

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