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Entrepreneurs et Covid-19 : « L’action dissipe la peur »

« Tenir le cap dans les tempêtes : faire face, rebondir et se réinventer ». C’était le sujet prémonitoire de la conférence de clôture du salon SME du 13 octobre. Cinq entrepreneurs ont partagé, un mois avant le reconfinement, leurs recettes pour ne pas sombrer.

Entrepreneurs et Covid-19 : « L’action dissipe la peur »
« Dans les situations difficiles, il ne faut pas céder à la panique, réussir à gérer ses émotions et à relativiser la situation pour prendre de la hauteur », conseille Christophe de Becdelièvre, CEO de LeHibou, réseau de consultants free-lance et membre de Croissance Plus. © Adobe Stock

« On n’est pas invincible. Parfois l’entrepreneur héroïque n’est plus là », concède Anaïs Prétot. La co-fondatrice de LiveMentor, start-up de formation par visioconférence pour les entrepreneurs et les indépendants, se remémore les nombreuses péripéties qu’a vécu son entreprise. En 2019, à l’occasion d’une levée de fonds un peu plus longue que prévue, elle s’en ai remis à ses collaborateurs. « Nous n’avions plus de trésorerie pour payer notre loyer et avons dû partir plusieurs semaines là où les bureaux sont moins chers, soit en 3e périphérie d’Athènes. Notre équipe s’est mobilisé et chacun a consenti à faire des efforts conséquents ». Rester serein, s’entourer et agir. Tel est le mantra partagé par les invités du salon SME le mois dernier.

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« Ne pas céder à la panique »

« Dans les situations difficiles, il ne faut pas céder à la panique, réussir à gérer ses émotions et à relativiser la situation pour prendre de la hauteur », conseille Christophe de Becdelièvre, CEO de LeHibou, réseau de consultants free-lance et membre de Croissance Plus. Pour s’en sortir, le CEO s’est mis au travail pour réorganiser les équipes et les rassurer. « L’action dissipe la peur, explique-t-il. Nous avons réfléchi à nos forces. Nos clients grands comptes, entreprises du CAC40 et grosses PME avec lesquels on a une relation de confiance, constituent l’une de nos forces. Je les ai donc appelé en leur confiant que l’on comptait sur eux pendant cette crise ».

« Les grands chefs cuisiniers n’avaient jamais imaginé pouvoir livrer à domicile et pourtant ils l’ont fait. »

Dominique Restino, président de la CCI Paris et vice-président de CCI Paris Île-de-France, exhorte ainsi les entrepreneurs à suivre l’exemple : « penser autrement, s’adapter et innover. Les grands chefs cuisiniers n’avaient jamais imaginé pouvoir livrer à domicile et pourtant ils l’ont fait. » LeHibou, qui réalisait 80 % de son CA avec des entreprises du CAC40 au début du confinement a été confronté au « coup de frein énorme de la part des grands groupes. Nous avons donc réorienté notre offre vers les PME et ETI dans des secteurs porteurs comme la santé. Résultat : début septembre, nous réalisions 52 % de notre CA hors entreprises du CAC40 », explique Christophe de Becdelièvre.

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« Ne pas rester isolé et s’entourer »

Pour chasser la peur, les entrepreneurs doivent rester positifs et miser sur l’intelligence du collectif, que ce soit sur leurs collaborateurs ou sur un mentor chef d’entreprise. Bien s’entourer est le meilleur moyen d’avancer. « Il ne faut pas rester isolé et s’entourer. Peu importe le réseau. Le collectif apporte de l’optimisme, s’enthousiasme Marie Eloy. « Quand on a un bon moral on arrive à voir des opportunités que l’on ne voit pas lorsqu’on est centré sur la peur », estime Marie Eloy, fondatrice du réseau féminin Bouge ta Boite. « Celles qui font partie d’un réseau ont eu un meilleur moral, mais aussi plus de chiffre d’affaires et plus de trésorerie », explique-t-elle. « On travaille en équipe, et dans chaque cercle, elles se sont toutes aidées les unes les autres. L’expert-comptable a par exemple pris les prévisionnels des autres pour voir s’ils tenaient la route face à la crise, l’experte en communication digitale les a aidées à se démarquer sur les réseaux sociaux, etc. ».

« Au niveau psychologique, échanger avec ses pairs est une forme d’exutoire et apporte beaucoup de force, d’énergie et d’optimisme. »

A ses débuts, le réseau Bouge ta Boîte a traversé plusieurs tempêtes, notamment un manque de trésorerie qui l’empêchait d’aller plus loin. Grâce à son réseau, l’entrepreneure a finalement réussi à convaincre plusieurs personnes de la suivre. « J’ai réuni un comité stratégique avec des personnes influentes qui croyaient en mon projet. » Même son de cloche du côté de Christophe de Becdelièvre. « D’abord, on peut s’entraider sur des choses très opérationnelles. Et au niveau psychologique, échanger avec ses pairs est une forme d’exutoire et apporte beaucoup de force, d’énergie et d’optimisme. »

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Digitalisation ?

Une fois la peur évacuée, place à l’action confinée : digitaliser. Pour la start-up Respire, qui commercialise des soins d’hygiène-beauté naturels, la crise de la Covid-19 a été la première qu’a vécu la jeune entreprise créée en mai 2019. « Nous avons dû nous organiser pour nous mettre en télétravail alors que certains collaborateurs venaient tout juste d’arriver dans l’équipe quelques semaines auparavant. On a donc géré leur on-boarding en visioconférence », raconte Justine Hutteau, sa co-fondatrice.

« Pendant la période du confinement, la moitié a suivi une formation, la moitié a accru sa présence sur les réseaux sociaux, un tiers a pivoté et un tiers a refait son site internet. »

La jeune pousse a surtout dû troquer les événements physiques qu’elle organise pour animer sa communauté par des événements digitaux. « Nous avons organisé des live tous les jours et trouvé de nouveaux projets. » Pas de secret, pour faire face à la crise sanitaire, les entreprises doivent digitaliser leur offre. « Au sein de nos 1 500 Bougeuses, pendant la période du confinement, la moitié a suivi une formation, la moitié a accru sa présence sur les réseaux sociaux, un tiers a pivoté et un tiers a refait son site internet », relate Marie Eloy qui s’inquiète toutefois. « Une entreprise sur deux confie ne pas avoir le niveau suffisant en termes de digitalisation ».

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Charlotte de Saintignon

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