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Freelances & indépendants : les 5 pièges à éviter

Ne pas avoir une approche entreprise, fixer un prix trop bas, rester sur ses acquis… Six freelances expérimentés alertent sur les erreurs à ne surtout pas commettre pour travailler efficacement en solo.

Freelances & indépendants : les 5 pièges à éviter
Lors d'une conférence au salon des entrepreneurs 2020, six freelances ont distillé conseils et bonnes pratiques pour se lancer et travailler seul efficacement. © Matthieu Barry

La vie de freelance attire les salariés éreintés et les jeunes actifs comme le miel les abeilles. Louise Racine, cofondatrice du collectif de freelances Lookoom, et Claire Flin, cofondatrice du Mouvement des rebondisseurs français, ne regrettent en rien d’avoir pris le virage de l’entrepreneuriat après des années de salariat. « Démarrer une activité de freelance procure le même plaisir que l’obtention du permis de conduire », s’enthousiasme la première. « Être indépendant, c’est se donner la chance d’avoir son aventure », enchérit la seconde. L’appel de la liberté et la volonté d’être le seul maître à bord stimulent les solo-entrepreneurs.

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Mais si Jean-Charles Varlet, cofondateur de Crème de la crème, et Julien Clouet, fondateur de LittleBIG Connection, abondent à l’unisson sur le plaisir de se lancer en solo, gare à l’emphase. « Le premier jour de sa vie de freelance, on est face à son bureau et on se dit qu’est-ce que je fais ? », rappelle Alexandre Dana, fondateur de Livementor. La liberté retrouvée a un prix et les faux pas sont vite arrivés. Lors d’une conférence organisée au salon des entrepreneurs 2020, plusieurs indépendants à succès dont Clément Alteresco, CEO de Morning coworking, ont donné les clefs pour les prévenir. Voici les 5 erreurs à ne pas commettre.

Ne pas avoir une approche entreprise

Les chefs d’entreprise conseillent aux néo-entrepreneurs de concevoir leur job de freelance avant tout comme une activité professionnelle à part entière. « Il ne faut surtout pas hésiter à avoir une approche entreprise », exhorte Julien Clouet, fondateur de la start-up LittleBIG Connection spécialisée dans les achats de prestation de conseil. Traduction ? Ne pas avoir de scrupule à « mettre à charge ». « Votre vie de tous les jours, c’est aussi votre internet, votre téléphone portable », appuie-t-il. Attention toutefois à la TVA. « 1 seul client sans TVA m’a valu un contrôle, déplore Claire Flin, cofondatrice du Mouvement des rebondisseurs français, c’est le point d’entrée de l’administration fiscale. »

Avoir une approche entreprise, c’est également sécuriser son activité et se protéger soi-même. « Dès le départ, il faut fixer les prix, émettre des factures, les relancer, envoyer un devis et prévoir des acomptes », prévient Louise Racine. « Il est important de souscrire à une assurance pour freelance pour avoir une assistance juridique en cas de litige », préconise-elle.

Enfin, l’approche entreprise s’avère un sérieux atout pour convaincre les entreprises clientes. Si « les grosses boîtes parlent encore de sous-traitants ou de fournisseurs mais peu de freelances », comme le souligne Jean-Charles Varlet, cela ne saurait tarder. « Les grands groupes ont la volonté de s’ouvrir à cette nouvelle population », assure Julien Clouet. « Nous serons bientôt 1 million ! », note à cet égard Jean-Charles Varlet.

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Fixer un prix trop bas

« C’est quoi ton TJM [taux journalier moyen] ? », entend encore résonner le cofondateur de Crème de la crème. La question est sur toutes les lèvres. « Des plateformes en ligne existent pour trouver les tarifs jours », rassure Louise Racine. Si « mettre un prix sur soi est très difficile », comme le reconnait Alexandre Dana, fondateur de Livementor, il ne faut ni surestimer ses revenus ni craindre un prix élevé. Quel coût de revient ? Quel chiffre d’affaires pour subvenir à ses besoins ?

« Il ne faut pas fixer un prix trop bas, conseille Louise Racine, il convient de prendre en compte la partie prévoyance, les vacances, etc. » Ni trop haut. « Les taux de prestations ne doivent pas non plus être trop élevés, c’est beaucoup de boulot, explique Jean Clouet, dans ce cas, si le téléphone sonne à 21 heures, il faut être là. » « Il faut trouver un équilibre pour ne pas bosser à perte », pointe de son côté Clair Flin, cofondatrice du Mouvement des rebondisseurs français. Pour les ex-salariés, « il ne sert à rien de comparer son ancien et son nouveau revenu », met en garde la dirigeante de Lookoom. Un autre piège serait de se focaliser uniquement sur le tarif jour. « Le danger est de baigner dans un écosystème qui ne parle que d’argent », prévient Alexandre Dana.

Rester seul(e)

« La solitude est un enfer », lance Clément Alteresco, CEO de Morning coworking. Si le ton affirmatif fait tiquer l’assemblée, force est de constater que l’accompagnement est d’importance capital. Alexandre Dana, fondateur de Livementor, s’est attaqué au marché de la formation des entrepreneurs tout comme Jean-Charles Varlet a misé sur la communauté des freelances. Clément Alteresco, CEO de Morning coworking, rappelle de son côté que les espaces de coworking sont conçus pour les freelances. Un endroit idéal pour créer des liens et briser la glace. « Le lien social se noue dans la récurrence, la répétition », explique le dirigeant. Les visages deviennent familiers et l’échange vient tout naturellement. « Un beau jour, je demande à mon voisin de gauche », illustre le CEO.

Du côté de Louise Racine, s’entourer est une suite logique au solo-entrepreneuriat, une plus-value. « Nous ne voulons pas être seuls, nous voulons être visibles, monter des projets plus ambitieux, porte-elle, se présenter comme un groupe est d’ailleurs plus rassurant pour le client. » « Je me rends compte que je ne travaille jamais seule », note la consultante en stratégie éditoriale et brand content qui a choisi de monter un collectif. « Ce qui me plaît par-dessus tout, c’est faire grandir ce collectif, poursuit-elle, c’est extrêmement grisant d’avoir construit quelque chose qui existe ». « C’est vraiment possible de créer un mode de vie freelance », conclut-elle.

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Bouder les réseaux sociaux

Impossible désormais d’échapper aux réseaux sociaux. « Il faut être tous les jours sur les réseaux sociaux, ne serait-ce que 10 minutes », insiste Jean-Charles Varlet. Pour accéder aux grandes entreprises, Jean Clouet conseille « d’obtenir le plus possible des recommandations sur les réseaux sociaux ». Louise Racine, elle, attire l’attention sur l’obligation d’avoir « une vitrine super propre, super clean ». « Il ne faut surtout pas que le client tombe sur un skyblog des années 2000, sourit-elle, c’est rédhibitoire. »

Même son de cloche pour Claire Flin qui conseille avant tout de soigner son profil Linkedin et sa e-reputation. « Après le bouche à oreille, le premier réflexe du suspect est d’aller voir sur Google et Linkedin », rappelle l’attachée de presse indépendante. À cet égard, Louise Racine exhorte les freelances à ne pas s’égarer lorsqu’ils écrivent leurs profils. « Il faut se positionner sur une seule expertise, ne pas tout mettre », conseille-t-elle.

Se reposer sur ses lauriers

« Tout bouge très vite, constate Jean-Charles Varlet, l’auto-formation, c’est crucial. » En tant que freelance, sans cesse progresser est une nécessité. « Le freelancing repose sur l’entrepreneuriat et le développement personnel », note à cet égard Alexandre Dana. Dans le même bateau, si le second tombe à l’eau, le premier ne peut se maintenir à flot. « Il faut rester à jour pour se vendre », insiste le CEO de Crème de la crème. Raison de plus pour s’entourer. Pour Louise Racine, cela tempère de facto la « trouille de perdre en compétence ».

Alexandre Dana illustre le besoin d’évolution du freelance par sa « théorie de l’araignée ». Le corps de l’araignée correspond au corps de métier de l’indépendant tandis que ses pattes représentent tous les canaux que le freelance se doit de développer (atelier, livre, réseaux sociaux, etc.). Autrement dit, il convient d’avoir une vision et de se diversifier afin de créer son propre écosystème.

La tâche peut s’avérer ardue, c’est pourquoi Julien Clouet conseille à tous les futurs freelances de  « se mettre un objectif,  se fixer une date butoir (6 mois, 1 an ou à la fin des aides) » au-delà de laquelle il faut tout arrêter si son activité ne décolle pas. « Il ne faut surtout pas tomber dans une spirale négative », alerte-il. D’ailleurs au démarrage, le fondateur de LittleBIG Connection invite les néo-entrepreneurs à ne pas trop cogiter. « Vous ne serez jamais prêts », assure-t-il.

Matthieu Barry

 

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