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« Le créneau des TPE est en réalité fortement impacté par la crise » (M. Sanchez)
Une étude du SDI questionne la croissance de 6,25 % clamée par Bercy, mettant en avant les problématiques de trésorerie des petites entreprises, le risque de non-remboursement de leur PGE, des situations financières personnelles délicates en lien avec la baisse continue de leur chiffre d'affaires et la volonté pour nombre d’entre elles d’arrêter leur activité à bref délai.
Plus de 313 000 entreprises, dont 90 000 commerçants, ont arrêté leur activité entre le 1er janvier et le 31 octobre 2021 selon les statistiques d’Infogreffe pour le secteur marchand. « C’est 30 % d’entreprises de plus que l’an passé. C’est du jamais vu », alerte Marc Sanchez. Le secrétaire général du Syndicat des indépendants (SDI) indique qu’il faut ajouter à ce chiffre les entreprises artisanales qui ne sont pas au Registre du commerce et donc pas comptabilisées par Infogreffe.
« Si on observe les statistiques de la Banque de France sur le nombre de faillites avec une courbe qui s’infléchit depuis plusieurs mois, on peut se dire que tout va bien, mais en réalité le créneau des TPE est fortement impacté par la crise. Je ne suis pas raccord avec le discours angélique du gouvernement sur une économie florissante à hauteur de 6,25 %. »
Pour lui, toutes ces entreprises ne sont pas en faillite car elles ont cessé volontairement leur activité avant. Sur le terrain, il constate des irrégularités d’activité et des difficultés de reprise pour ses adhérents avec en cumulé, un dirigeant sur deux qui serait en difficultés de trésorerie ou en perte de chiffre d’affaires.
« Les TPE sont sous tension après plus d’un an et demi de crise »
Pour Quentin Llewellyn du CSA, « les TPE sont sous tension après plus d’un an et demi de crise ». Ainsi, près d’un dirigeant de TPE sur deux (44 %) témoigne d’une baisse d’activité par rapport à 2019[*], dont 16 % d’une forte baisse, voire 56 % dans le secteur du commerce et 49 % dans le secteur des hôtels-cafés-restaurants (HCR).
Les dirigeants se montrent par ailleurs réservés quant à la reprise avec moins d’un tiers d’entre eux qui observe une reprise significative de son activité depuis juin dernier. Un constat d’autant plus criant dans certains secteurs tels que le commerce, le BTP construction ou les HCR. Pourtant le BTP, dont 66 % des dirigeants ne constatent pas de forte reprise, est assimilé au secteur « fer de lance de l’économie française », constate Marc Sanchez.
« Les chefs de petites entreprises restent optimistes. Mais c’est un optimisme de raison ou de nécessité car ils n’ont pas le choix »
Autre résultat alarmant, un dirigeant sur deux indique faire face à des problèmes de trésorerie qui s’avéreraient même critiques pour 8 % d’entre eux. Sans surprise, 79 % d’entre eux n’envisagent pas d’augmenter le salaire de leurs collaborateurs à moins qu’une baisse des charges ne leur soit accordée.
Malgré ces difficultés et ce contexte incertain, ils restent majoritairement confiants dans leur capacité à honorer leurs échéances financières – banque, fournisseurs, loyers, salaires, etc. – dans les six prochains mois. « Les chefs de petites entreprises restent optimistes. Mais c’est un optimisme de raison ou de nécessité car ils n’ont pas le choix ; leur entreprise étant leur outil de travail et nombre d’entre eux y ont engagé des biens personnels », souligne Marc Sanchez.
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« Le PGE constitue une dette qui paie de la charge »
In fine, c’est plus d’un dirigeant de TPE sur dix, voire 21 % dans le secteur des HCR, qui craint pour la pérennité de son activité et qui se voit mettre la clef sous la porte d’ici la fin d’année. Pour 80 % d’entre eux, le plan de relance n’a pas eu d’impact sur leur activité et ne les a finalement pas concernés. « Le plan de relance annoncé en direction des petites entreprises a été sans effet pour elles avec quasiment aucun dispositif qui les concernait directement, exceptée la mesure de digitalisation avec le chèque de 500 € », regrette Marc Sanchez.
« Le plan de relance annoncé en direction des petites entreprises a été sans effet pour elles »
« On est dans la vague des cessations d’activité », prévient Quentin Llewellyn, avec des difficultés économiques que rencontrent les dirigeants de TPE qui rejaillissent sur leurs finances personnelles. Ainsi, 42 %, voire 54 % dans le secteur des HCR, déclarent faire face à des difficultés financières personnelles. Et ce, malgré les aides de l’État. Au 12 novembre 2021, près de 610 000 TPE auraient bénéficié du PGE, soit 11 % selon la Banque de France DGSER – Service central des risques. Avec trois quarts des TPE qui ont engagé les fonds versés par leur PGE, ces petites entreprises ne disposent souvent plus de liquidités à court terme avec des dettes qui se sont accumulées.
Aussi, plus d’un dirigeant sur deux (55 %) souhaite un allongement du remboursement du PGE sur six ans. Un souhait qui serait même « vital » pour 29 % des chefs d’entreprise. « Il faudrait qu’ils puissent envisager le PGE comme un capital de relance alors que ce n’est qu’une dette qui sert à payer des charges et non à développer l’activité de l’entreprise », déplore Marc Sanchez.
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[*] Enquête du CSA sur la situation financière de l’activité des dirigeants de TPE réalisée par téléphone en novembre 2021 auprès de 503 dirigeants d’entreprises de 0 à 9 salariés du secteur marchand.
Charlotte de Saintignon
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