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Les entreprises du bâtiment enregistrent une croissance atone au 2e trimestre

La rentrée a été l’occasion pour la Capeb de dresser un bilan de l’activité des entreprises artisanales au 2e trimestre 2023 et de rappeler au président et au gouvernement son souhait d’organiser de nouvelles assises du bâtiment.

Les entreprises du bâtiment enregistrent une croissance atone au 2e trimestre
Tous les corps de métier enregistrent une croissance entre 0 et - 1 % ; le plus touché étant la maçonnerie (- 1 %). © Getty Images

Un recul de 0,5 %. Le volume d’activité des entreprises artisanales du bâtiment a reculé au deuxième trimestre 2023 de 0,5 % (en glissement annuel) par rapport au volume d’activité du 2e trimestre 2022. « Ce n’est pas une déception car on s’y attendait. On espérait que des arbitrages arrivent avant pour pouvoir contrer cette décroissance », a commenté Jean-Christophe Repon, président de la Capeb (Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment), lors de la conférence de presse de rentrée le 7 septembre dans les locaux de l’organisation patronale.

Tous les corps de métier enregistrent une croissance entre 0 et – 1 % ; le plus touché étant la maçonnerie (- 1 %). Des chiffres qui contraignent l’organisation à émettre l’hypothèse d’une croissance de – 0,5 % sur l’ensemble de l’année 2023 pour les entreprises artisanales du bâtiment, contre 2,4 % en 2022 et 12,5 % en 2021. « On est plutôt sur le bas de la fourchette que l’on avait évoquée en début d’année », explique Alain Chouguiat, directeur des affaires économiques à la Capeb, pronostiquant pour 2024 une hypothèse de croissance autour de -1% : « On va encore continuer de baisser en 2024 ».

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Baisse des permis de construire et des mises en chantier

Dans le détail, ce recul est majoritairement tiré par le neuf », a expliqué la Capeb. Une baisse d’1,5 % qui se voit très clairement avec la baisse des permis de construire accordés (-18% entre juin 2022 et mai 2023 que pendant les 12 mois précédents et la baisse des mises en chantier (-11,1 % sur la même période). « Le marché de l’entretien amélioration n’est pas pour autant immunisé contre ce ralentissement. On le voit très clairement puisque son activité stagne en glissement annuel » avec 0,0% de croissance au 2e trimestre 2023.

Le ralentissement sur ce marché est moins marqué que dans le neuf grâce aux travaux d’amélioration de la performance énergétique du logement dont le dynamisme ne faiblit pas ce trimestre avec une croissance de 2 % en volume. Néanmoins, ce marché n’est pas immunisé et reste fortement dépendant du pouvoir d’achat des ménages fortement impactés par l’inflation.

Concernant les mesures de soutien sur le marché de la rénovation énergétique, Jean-Christophe Repon note que si elles restent « porteurs », elles ne sont néanmoins « pas à la hauteur des ambitions ». Et de pointer également la complexité de l’offre et des aides. Une complexité qui « n’aide pas à la démarche. On voit bien que les particuliers ne s’y retrouvent pas ».

Inquiétudes sur les créations et les défaillances

Les chefs d’entreprise ont dû faire face à plusieurs hausses successives : hausse de 26 % du prix des matériaux, hausse des prix de l’énergie et surcoût de leurs factures dus à la responsabilité élargie des producteurs (REP) et au traitement des déchets. « On nous avait dit la Rep coûtera moins de 1 %. Maintenant on dit que cela coûtera 3 à 5 % », prévient Jean-Christophe Repon.

Dans le même temps, les chefs d’entreprise voient leurs carnets de commandes continuer sur une tendance baissière. Ces derniers représentaient désormais 79 jours de travail à venir début juillet 2023. Soit 8 jours de moins qu’au trimestre précédent. « Les chefs d’entreprise ont des difficultés à maintenir leurs carnets de commande et essaient de trouver des solutions sans rogner sur leurs marges », expose Jean-Christophe Repon.

Malgré un ralentissement clair de l’activité, 27 % des entreprises ont indiqué avoir cherché à recruter au premier semestre 2023, avec succès pour la moitié d’entre elles. Leurs besoins en trésorerie sont en baisse, avec 15 % des entreprises qui déclarent avoir des besoins, ce qui s’explique en grande partie par le ralentissement de l’activité.

En revanche, la Capeb se montre inquiète sur les chiffres de créations d’entreprises et de défaillances. Ces dernières ont grimpé au 2e trimestre 2023 pour atteindre + 36,4 % par rapport au 2e trimestre 2022, soit 2 744 défaillances. Dans le même temps, les créations d’entreprises s’essoufflent, avec un recul de 8,8 % au 2e trimestre 2023 par rapport au 2e trimestre 2022. Le nombre d’emplois salariés dans les TPE de la construction lui stagne avec +0,1% entre le 1er trimestre 2022 et le 1er trimestre 2023, ce qui traduit un recul progressif de l’activité.

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« Les objectifs du gouvernement ne pourront être atteints »

« Il y a plus d’un an on tirait la sonnette d’alarme sur l’activité des entreprises artisanales du bâtiment. On se retrouve au bout d’un an avec la réalité de nos prédictions. On peut confirmer que les objectifs fixés par le gouvernement, que ce soit sur la transition énergétique, sur la décarbonation, le zéro carbone en 2050, les cinq millions de passoirs thermiques, ou les ambitions sur l’adaptation des logements, ne pourront être atteints » avec le niveau actuel d’activité.

Pour Jean-Christophe Repon, « cette baisse d’activité, qui n’était pas arrivée depuis trois ans, nécessite des mesures d’urgence. On attend du gouvernement des arbitrages, a-t-il encore signalé. Notre activité sera le bilan du gouvernement. Les engagements du gouvernement pris pour une transition énergétique performante, pour une décarbonation, pour un plein emploi, pour un maintien à domicile, pour une rénovation de l’habitat se fera avec l’artisanat. »

Enjoignant le gouvernement à « de la reconnaissance et de la bienveillance », le patron de la Capeb a appelé de ses vœux à « vite des signes forts pour ne pas entrer en récession et maintenir les objectifs fixés. La situation est dure mais on peut encore, avec quelques décisions de bon sens, redonner de l’activité aux entreprises artisanales du bâtiment ». Et de citer notamment la simplification des procédures et réglementations et une pérennisation du soutien à la demande des ménages et des investisseurs.

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Charlotte de Saintignon

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