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Le CAE préconise que Pôle emploi fasse appel à des services privés pour faciliter les recrutements dans les PME

Dans une note publiée hier, le Conseil d’analyse économique (CAE) propose que Pôle emploi renforce ses services à destination des entreprises pour faciliter les recrutements. Parmi les pistes, inciter financièrement les PME à recourir à des cabinets privés et systématiser les tests de compétences certifiés pour les demandeurs d’emploi.

Le CAE préconise que Pôle emploi fasse appel à des services privés pour faciliter les recrutements dans les PME
le CAE préconise notamment que Pôle emploi prenne en charge des tests certifiés afin d’évaluer les aptitudes des candidats face à une offre d’emploi, « lorsque les candidats n’ont pas de diplôme ou de qualifications certifiées et peu d’expérience ». © Getty Images

Des prestataires privés à la rescousse de Pôle emploi pour aider les PME à recruter ? C’est ce que préconise le Conseil d’analyse économique, un cercle de réflexion placé auprès de Matignon, dans une note publiée hier et intitulée « Le marché du travail français à l’épreuve de la crise sanitaire ». Ses deux auteurs, François Fontaine et Roland Rathelot, proposent de sous-traiter une partie des recrutements effectués par le service public de l’emploi à des opérateurs privés afin de pourvoir les postes vacants.

Certes, la crise n’a pas forcément accru les problèmes d’adéquation entre offre et demande. Lesquels sont restés « stables depuis 10 ans ». Mais ils estiment que « les recrutements sont longs et coûteux ». D’autant que « toutes les entreprises ne disposent pas d’un service de ressource humaines ou de personnes ayant les compétences nécessaires pour faire une sélection efficace des candidats ».

D’où l’idée de développer les services d’aides au recrutement à destination des entreprises. En concentrant en premier lieu « l’effort public supplémentaire sur les PME pour lesquelles ces coûts fixes sont les plus importants ».

Concurrence entre des prestataires choisis par Pôle emploi

Pôle emploi, qui a développé ces dernières années ses services d’aide au recrutement avec « efficacité », notamment sur le sourcing et la vérification des profils de candidats, peut aller plus loin « en renforçant ses moyens », estiment les auteurs. L’idée est d’organiser « la concurrence entre des prestataires choisis par le service public pour l’emploi ».

« Les entreprises choisiraient sur la base d’indicateurs de performance rendus publics et de leurs propres besoins », avancent les auteurs. Serait-ce un service payant ou pris en charge par l’opérateur public ? Les modalités de cette proposition ne sont pas définies mais les auteurs suggèrent la piste d’un « chèque accompagnement » pour subventionner l’appel à un prestataire privé.

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Déjà en 2005…

Ce ne serait pas la première fois que Pôle emploi recourt à des prestataires privés. En 2005, l’opérateur public avait lancé le premier appel d’offres pour sous-traiter le reclassement de demandeurs d’emploi licenciés économiques ou vulnérables, qui risquaient de s’installer un chômage de longue durée. Des prestataires étrangers, comme l’australien Ingéus avait répondu à l’appel, mais aussi des groupes d’intérim, de reclassement, ou encore des cabinets conseil en ressources humaines, à l’instar de Sodie, filiale du groupe Alpha, de Randstad, d’Adecco, de Manpower. Ces appels d’offres ont été ensuite été renouvelés à plusieurs reprises.

Pour Roland Rathelot, il est difficile de dresser un bilan de ces initiatives « très expérimentales », ne concernant qu’un nombre très limité d’acteurs, la plupart « étrangers ou venant du monde associatif ». A l’époque toutefois, les résultats avaient été controversés. L’un des bilans établis par le ministère du travail, en 2012, indiquait que Pôle emploi faisait mieux que le privé : 43 % des chômeurs accompagnés par l’opérateur public avaient retrouvé un travail après huit mois de suivi, contre 38 % des personnes accompagnées par les opérateurs privés.

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Tests certifiés pour les candidats à l’emploi

Autre proposition : le CAE préconise que Pôle emploi prenne en charge des tests certifiés afin d’évaluer les aptitudes des candidats face à une offre d’emploi, notamment « lorsque les candidats n’ont pas de diplôme ou de qualifications certifiées et peu d’expérience ». Pour l’heure, les deux auteurs jugent qu’il est « socialement inefficace que plusieurs entreprises évaluent le même candidat ». D’autant que ces « tests peuvent apparaître coûteux » pour des sociétés n’ayant pas l’habitude de recruter. Leurs résultats, certifiés par Pôle emploi ou un partenaire privé, pourraient être présentés aux employeurs lorsque le demandeur d’emploi candidate à un poste. Le test serait alors la propriété du demandeur d’emploi.

Enfin, le CAE recommande de concentrer la formation professionnelle sur les publics moins qualifiés et plus éloignés de l’emploi plutôt que « d’en accroître le volume ».

Un système de bonus-malus pour l’activité partielle ?

Au-delà de ces pistes pour faciliter les recrutements, la note du CAE s’interroge sur les résultats des politiques de l’emploi menées pendant la crise sanitaire. En premier lieu, « la hausse de l’endettement des entreprises, facilitée notamment par les prêts garantis par l’État, ne semble pas être un facteur d’inquiétude pour l’avenir ». Ensuite, si l’activité partielle semble avoir protégé efficacement ses bénéficiaires, « il est nécessaire de faire attention aux effets d’aubaine et à la concentration du dispositif sur des entreprises peu efficaces ».

Pour ce faire, « elle pourrait être incorporée à l’avenir au système de bonus-malus qui devra par ailleurs être élargi à l’ensemble des secteurs et des entreprises ». S’agissant des politiques de baisse de charge, elles ont des effets sur l’emploi mais le CAE estime qu’il est « nécessaire de les concentrer en période de crise sur des publics spécifiques, aux faibles niveaux de salaires et de manière limitée dans le temps ».

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Anne Bariet

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