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Des tensions de recrutement plus fortes dans l'ouest et le sud de la France à l’horizon 2030

Selon le nouveau rapport de France stratégie et de la Dares, les régions ne seront pas sur un même pied d’égalité face à l’emploi en 2030. Si les territoires côtiers de l’ouest et du sud de la France devraient connaître de gros déficits de main-d’œuvre, ceux situés au nord et à l’est seront plus épargnés.

Des tensions de recrutement plus fortes dans l'ouest et le sud de la France à l’horizon 2030
Dans les années à venir, les embauches vont être tirées par les départs en fin de carrière des baby-boomers des années 1960. © Getty Images

Quelles sont les régions qui vont être le plus confrontées à des pénuries de main-d’œuvre à l’horizon 2030 ? Dans quel territoire se concentrent les jeunes diplômés et les salariés plus âgés ? Quid des spécificités régionales ? Dans un nouveau rapport très détaillé, publié le 24 janvier 2023, France Stratégie et la Dares proposent une déclinaison régionale des métiers qui vont recruter d’ici à 2030.

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Les départs des baby-boomers

Premier constat : dans les années à venir, les embauches vont être tirées par les départs en fin de carrière des baby-boomers des années 1960. Et ce, quelle que soit la région avec des taux de départs oscillant entre 26 % et 31 % de l’emploi régional. 760 000 postes seront à pourvoir chaque année sur la période 2019-2030 pour seulement 640 000 jeunes débutant en emploi. Et neuf recrutements sur dix sont liés à des départs en retraite, contre un sur dix à de nouveaux emplois.

L’incidence de la réforme des retraites serait, elle, limitée : « les 300 000 à 400 000 départs reportés de six à sept mois n’affecteront pas l’emploi global ; la population active augmentant de 0,6 % », selon les auteurs de l’étude.

Les débutants compenseront en partie ces départs. « Ces nouveaux entrants seront globalement moins nombreux que les seniors le quittant », constate l’étude. Mais dans le détail, certaines régions vont connaître de plus fortes tensions. A l’instar des régions de l’ouest et du sud moins attractives pour les jeunes que les autres régions.

Des besoins importants dans l’ouest et le sud

En revanche, le niveau de postes non pourvus diverge selon les régions du fait de leurs spécificités économiques et démographiques. Certaines, comme l’ouest et le sud, affichent une forte dynamique d’emploi. Dans ces territoires, les créations d’emploi varieraient entre 4 % et 8 % de l’emploi dans la décennie à venir. Elles restent attractives pour les professionnels venant d’autres régions mais peinent à attirer de jeunes débutants.

Si ce marché de l’emploi « attire des travailleurs d’autres régions, sous l’influence des métropoles, du climat et de la présence des littoraux », ces flux seront « insuffisants pour équilibrer le marché du travail dans la mesure où les jeunes débutants y seraient moins nombreux ». Conséquence ? « Entre 6 % et 9 % des postes à pourvoir d’ici à 2030 ne seraient pas comblés par les nouveaux travailleurs résidents et les jeunes débutants ».

Pour les ingénieurs informatiques, les prévisions sont mêmes alarmantes : par exemple, les besoins non couverts représenteraient entre un cinquième et un tiers des emplois actuels de ce métier, en Bretagne, Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, à l’horizon 2030. Ce déficit de main-d’œuvre s’étend jusqu’au bassin méditerranée et la vallée du Rhône.

Déséquilibres potentiels par région à l’horizon de 2030 dans le scénario de référence entre 2019 et 2030 (en pourcentage de l’emploi de 2019)

Déséquilibre, cumul 2019-2030 en milliers

Note de lecture : entre 2019 et 2030, en Normandie, le déséquilibre potentiel entre les 30 % de besoins en recrutement (soit 30 % de départs en fin de carrière et 0 % de créations entes d’emplois) et les 27 % de ressources en main d’œuvre (26 % de jeunes débutants et 1% de travailleurs en provenance d’autres régions) représenterait 3 % des 1,3 million d’emplois de la région en 2019.

Les régions centre-ouest et nord-est moins créatrices d’emplois

A contrario, les régions intérieures (Bourgogne-Franche-Comté et centre-Val-de-Loire) moins densément peuplées ainsi que le Grand Est et les Hauts de France ont « des déséquilibres moins marqués en raison de créations d’emploi plus faibles ». La part des seniors qui vont partir en fin de carrière y sera toutefois supérieure à la moyenne nationale. En centre-Val de Loire, Bourgogne-France-Comté et en Normandie, par exemple, les départs seraient particulièrement nombreux dans la décennie à venir, laissant vacants près d’un tiers des postes.

Mais la croissance globale en emploi y sera plus faible. Au total, entre 2 % et 3 % des postes à pourvoir d’ici à 2030 ne seraient pas occupées par les nouveaux travailleurs résidents et les jeunes débutants. « Les postes à pourvoir pourraient être pris par des travailleurs résidents venus essentiellement de la région francilienne limitrophe ».

L’Île-de-France, une région jeune

Entre ces deux tendances, l’Île-de-France se singularise par une très forte concentration des jeunes diplômés (31 %). « En raison d’une grande offre de l’enseignement supérieur, la région francilienne est le lieu d’études de nombreux jeunes qui y débutent aussi leur carrière professionnelle », indiquent les auteurs de l’étude. Les besoins sont importants pour les cadres dans l’informatique, l’information-communication, la gestion des entreprises, le soin aux personnes ou la recherche et développement.

Reste que la région pâtit du départ d’actifs vers d’autres régions : environ 8 % de l’emploi serait ainsi à pourvoir en raison des mobilités des franciliens vers d’autres régions…

« Pour parvenir à équilibrer besoins et viviers de main d’œuvre, il faudra recruter des professionnels exerçant un autre métier, des chômeurs, des inactifs ou des immigrants », constatent les auteurs de l’étude.

« La formation est l’un des moyens de favoriser l’éducation entre la demande et les besoins de main-d’œuvre. Mais elle ne saurait résoudre toutes les difficultés d’attractivité des métiers qui appellent aussi des actions des employeurs », concluent-ils.

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Anne Bariet

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