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Et si les entreprises verdissaient leur stratégie de recrutement ?

Conscientes des défis posés par le changement climatique, les entreprises tendent de plus en plus vers des pratiques respectueuses de l’environnement. Logiquement, cette transition devrait être corrélée à l’essor des emplois verts. Sauf que dans les faits, ils demeurent insuffisamment développés et valorisés dans les pratiques de recrutement, selon le cabinet Sia Partners.

Et si les entreprises verdissaient leur stratégie de recrutement ?
S’il est vrai que certaines entreprises font une promotion active de la dimension verte de leurs emplois à pourvoir, un tiers ne font pas la publicité des aspects environnementaux dans leur démarche de recrutement. © Getty Images

On le sait désormais avec certitude, la transition écologique va créer des tensions sur le marché du travail, non pas du fait d’une baisse globale du niveau d’emploi mais bien parce que les métiers et les compétences vont devoir évoluer. Et c’est précisément là que se pose l’épineuse question des emplois verts, c’est-à-dire des « postes qui dépassent le cadre traditionnel, représentant des positions économiquement viables et conçues explicitement pour réduire l’impact environnemental » selon l’OIT.

Alors aujourd’hui les entreprises font-elles pousser ces emplois verts ? C’est ce que s’est demandé Sia Partners dans un livre blanc du 22 avril, avec une réponse plutôt proche de la négative : « La prévalence des offres d’emploi mentionnant explicitement des compétences vertes est inférieure aux projections, révélant un décalage entre aspirations et réalité ».

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La part d’offres d’emplois verts est toujours bien en-deçà des attentes

Clairement, les avancées attendues en matière d’emplois verts ne se concrétisent pour le moment pas. Alors que l’OCDE estime que 18 % des postes ont au moins 10 % de leurs missions dédiées à des tâches vertes, la prévalence des offres d’emploi mentionnant des compétences vertes est inférieure à 10 % dans tous les pays étudiés.

En France, c’est à peine 6 %. Certes certains secteurs affichent des taux plus élevés : dans le domaine de l’énergie et des services publics, les emplois verts représentent entre 14,4 et 27,6 % des offres. Dans l’Hexagone, c’est le secteur des transports qui affiche la plus grande proportion de ces offres, avec un taux de 16 %. Mais dans la distribution et la grande consommation par exemple, pourtant caractérisées par une empreinte environnementale importante, les taux restent très faibles (entre 1,5 et 6,3 %).

Des « pratiques de recrutement datées », qui n’intègrent pas la dimension environnementale …

S’il est vrai que certaines entreprises font une promotion active de la dimension verte de leurs emplois à pourvoir, un tiers ne font pas la publicité des aspects environnementaux dans leur démarche de recrutement. « L’hypothèse est faite ici du poids de l’héritage des anciennes pratiques : les supports de recrutement (descriptif de poste, de missions, compétences requises, etc.) ne sont pas mis à jour, conduisant à la réutilisation de descriptions de poste obsolètes », explique Sia Partners.

Outre le nombre d’offres d’emplois verts, c’est donc leur visibilisé qui est à améliorer et il est plus que nécessaire désormais de « reconsidérer la posture employeur et les pratiques de recrutement pour mettre en valeur les dimensions vertes des emplois dans une entreprise », insiste le cabinet de conseil.

… ce qui serait pourtant une façon de se valoriser et de fidéliser

Certaines compétences vertes sont aujourd’hui activement recherchées (ingénierie des énergies renouvelables, gestion de la durabilité et de l’énergie, conformité environnementale, etc.). Or, mettre l’accent sur les résultats de l’entreprise en termes d’engagements durables ainsi que sur les compétences vertes requises pour chaque poste permet de tirer parti de l’intérêt croissant porté aux emplois verts et de se différencier en attirant un vivier de talents valorisant la responsabilité environnementale.

« En alignant leurs stratégies sur les objectifs mondiaux de développement durable et en communiquant efficacement sur leur engagement, les entreprises peuvent ainsi constituer la main-d’œuvre qui leur permettra de relever les défis et de saisir les opportunités de l’hypertransformation verte ». Un enjeu crucial lorsque l’on sait que les offres pour les emplois verts augmentent près de deux fois plus vite que le nombre de travailleurs possédant les compétences adéquates…

Quoi qu’il en soit, Sia Partners ne dresse aujourd’hui pas un bilan très optimiste : « Le marché du travail ne manifeste pas encore de signes d’une nette transformation vers les emplois verts », cette notion étant « plutôt de l’ordre du concept que de l’expérience ».

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Elise Drutinus

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