Associés (1/2) : quelques clés pour prévenir et gérer les conflits

Le masterclub des associés organisé par le Réseau Entreprendre au Hub Bpi a été l’occasion de rencontrer plusieurs entrepreneurs qui ont fait le choix de l’association. Même si on choisit le meilleur associé du monde, des conflits peuvent survenir. Ces derniers seraient l’une des principales causes d’échec des entreprises selon le cabinet CB Insights. Pour anticiper certaines situations pouvant mettre en péril l’entreprise, deux entrepreneurs nous livrent leurs conseils.

« Comme dans un mariage, il faut mettre en place un contrat entre associés », avertit Charles-Edouard Girard. Associé avec Emmanuel Arnaud dans HomeExchange, un site internet qui favorise l’échange gratuit de maisons, ils se sont répartis leurs rôles respectifs dans l’entreprise. Mettre les choses à plat et formaliser les principes de collaboration en rédigeant les objectifs, le rôle et l’engagement de chacun au niveau personnel et patrimonial permet de déceler d’éventuelles divergences. Et donc d’éviter certains conflits par la suite. Les règles ne doivent pas pour autant rester figées car les besoins évoluent : il faut donc accepter de faire évoluer aussi l’association.

Associés : avoir recours à la médiation

Autre pré-requis pour prévenir les conflits : une vraie communication entre associés avec des points réguliers. Si auparavant celle-ci était plutôt fluide pour Charles-Edouard Girard et Emmanuel Arnaud qui partageaient le même bureau, quand ce dernier est parti à Boston pour développer l’entreprise Outre-Atlantique, ils n’ont pas organisé tout de suite la communication et se sont rapidement éloignés. « Il y a quelques mois, nous avons eu un différend au niveau du business qui nécessitait l’aide de quelqu’un. » Le duo avait peu à peu rompu le dialogue. « J’évitais notre call quotidien. Je ne voulais plus lui parler », confie Charles-Edouard Girard. Heureusement, les deux associés avaient mis en place un mécanisme pour résoudre les conflits : l’appel à une tierce personne. Il y a 4 mois, ils l’ont pour la première fois sollicitée. « Nous l’avons d’abord appelé chacun de notre côté. Il nous a rapidement refocalisé sur des choses concrètes et nous avons pu trouver une solution et renouer le dialogue. Les conflits sont inhérents à toute association. Il faut les cerner et les trouver des solutions », indique Charles-Edouard Girard.

Associés : se faire coacher

De leur côté, Hugo et Axel Manoukian fonctionnent sans arbitre, même s’ils avouent manquer d’un board au-dessus d’eux. Cofondateurs de MoovOne (28 salariés), solution de coaching professionnel en entreprise, les deux frères se sont fait coacher individuellement par deux personnes différentes. Histoire de formaliser leur duo et d’apprendre les rudiments de la communication non violente. « Il ne faut pas fuir les conflits, éviter les non-dits, apprendre à se parler avec bienveillance tout en contrôlant ses émotions et sans dépasser les limites. » L’idée étant de faire attention aux besoins de l’autre et de favoriser les feedbacks. Pour Axel et Hugo, passer de la relation de frères à celle d’associés n’est pas évident. Aujourd’hui, Hugo estime avoir « perdu un frère mais gagné un associé. Nous sommes très similaires, avec un ADN et des valeurs communes mais des comportements et des personnalités différentes. Il y a eu des frictions au début. Nous avons adopté des règles de fonctionnement et des règles simples de comportement, comme ne pas supposer mais demander et accepter la non perfection de l’autre. »

Associés : prévoir des temps off ensemble

Et pour que l’association reste un plaisir, les associés doivent instaurer des rituels et prendre le temps de de faire des choses ensemble à l’extérieur de l’entreprise. Pour ne pas y déroger, mieux vaut les planifier et les prévoir à l’avance. Charles-Edouard Girard et Emmanuel Arnaud ont pris l’habitude de passer une journée au vert deux fois par an pour parler de tout sauf de l’entreprise. « Nous revenons d’une journée de balade à Fontainebleau qui nous a permis de libérer notre parole sur plein de sujets. Il y a beaucoup d’irrationnel dans le fait d’apprécier une personne. D’où l’importance de construire une relation forte et de bien comprendre ce qu’est l’autre au-delà du seul aspect travail. S’il n’y a pas de plaisir et d’amitié, c’est impossible de travailler ensemble », insiste Charles-Edouard Girard. Une routine également adoptée par Hugo et Axel Manoukian qui entretiennent malgré tout leur complicité fraternelle. « Nous rentrons d’une semaine aux États-Unis tous les deux où nous sommes notamment allés voir des matchs de la NBA. »

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Charlotte de Saintignon