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Délais de paiement : « Chaque jour compte » (P. Pelouzet)

La crise et le deuxième confinement ont vu une recrudescence des pratiques non coopératives en matière de délais de paiement. Solidarité entre donneurs d’ordre et fournisseurs, paiement anticipé… La table-ronde digitale d’Esker du 20 avril a été l'occasion de faire le point et valoriser une entreprise vertueuse, les Chantiers de l’Atlantique.

Délais de paiement : « Chaque jour compte » (P. Pelouzet)
Pierre Pelouzet plaide pour la nécessité de créer des écosystèmes vertueux et d’instaurer des relations saines et de confiance entre les acteurs économiques pour la reprise économique. © Adobe Stock

« Le premier poste de trésorerie des entreprises est ses clients », a rappelé Pierre Pelouzet lors de la table ronde d’Esker intitulée « Délais de paiement à rallonge, loi du plus fort : les relations inter-entreprises subissent de plein fouet la pression de la crise… Comment en finir avec le chacun pour soi ? ». On peut faire tout ce que l’on veut avec les aides, le PGE, le décalage des impôts etc, le nerf de la guerre reste le crédit inter-entreprises ». Le médiateur national des entreprises a rappelé que celui-ci, représentant 700 Md€, constitue une véritable manne financière. « Les PME ont été parmi les premières frappées par la crise et les plus petites entreprises paraissent avoir le plus de difficulté de paiement. Le paiement des commandes est devenu une question de survie pour beaucoup de PME-PMI et de travailleurs indépendants ». À tel point qu’au plus fort du premier confinement, Pierre Pelouzet avait dû appeler grands groupes et investisseurs à un sursaut de moralité.

Pratiques dilatoires…

Le baromètre trimestriel des retards de paiement fait état de 13 % des entreprises qui déclarent un allongement des règlements reçus au cours du mois de novembre 2020 par rapport à la même période en 2019[*]. Parmi les pratiques non coopératives recensées, un délai excessif dans la validation du travail réalisé (42 % des entreprises déplorent cette pratique), l’émission de bons de commande après la réalisation de la prestation (31 %) ou encore la modification unilatérale d’un des éléments du contrat (28 %).

En attendant des relations plus saines entre entreprises, celles-ci disposent de plusieurs outils, tels que le paiement fournisseur anticipé et les bons de commande financés par l’État. D’un autre côté, il y a les entreprises qui ont opté pour un comportement plus vertueux. Le comité de crise mis en place le 23 mars 2020 par le ministre de l’Économie et le gouverneur de la banque de France, co-animé par Pierre Pelouzet et Frédéric Visnovsky, médiateur national du crédit, a distingué 16 entreprises pour leurs bonnes pratiques. Ces dernières se sont engagées à soutenir leurs fournisseurs au travers par exemple de la généralisation des acomptes, ou de délais de paiement accélérés, notamment envers les TPE et PME.

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…et comportements vertueux

C’est le cas des Chantiers de l’Atlantique, leader de la construction navale civile et militaire, basé à Saint-Nazaire (3 000 salariés, 3 000 fournisseurs, 1,7 Md€ de chiffre d’affaires. Ce grand donneur d’ordre s’est, malgré la crise, attaché à entretenir des relations vertueuses avec son écosystème. « On travaille sur des contrats à long terme avec nos fournisseurs et nous avons besoin d’eux. Aussi nous avons voulu les aider à passer la crise et cherché à ne pas les mettre en difficulté avec des délais de paiement à rallonge », justifie Thierry Pralong, chef du service comptabilité aux Chantiers de l’Atlantique.

Sa priorité première pendant la crise a ainsi été d’honorer ses délais de paiement. L’entreprise a notamment entrepris un challenge au sein de son service comptabilité pour battre le record du nombre de factures payées en mars 2020, passant de 7 000 à 8 000 factures, et payer ses fournisseurs avec un jour d’avance. Un challenge facilité par la dématérialisation des factures qui lui permet à la fois de gagner du temps et de pouvoir tracer les factures.

Fort de cet exemple positif, Pierre Pelouzet plaide pour la nécessité de créer des écosystèmes vertueux et d’instaurer des relations saines et de confiance entre les acteurs économiques, un élément clé pour la reprise économique, rappelant qu’« un jour de paiement en France, c’est un milliard d’euros injectés dans l’économie réelle : chaque jour compte ».

[*] Baromètre trimestriel des retards de paiement comité de crise/BVA réalisé en décembre 2020 auprès de 600 entreprises de toutes tailles.

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Charlotte de Saintignon

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