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Les conditions de travail, principal facteur de l’absentéisme

Selon le groupe de conseil et de courtage Diot-Siaci, le taux d’absentéisme atteint 5,64 % en 2022, soit un niveau proche de 2020, année marquée par la pandémie. Parmi les causes, les salariés mettent en avant une charge de travail trop importante, un manque de reconnaissance mais aussi l’ambiance de travail.

Les conditions de travail, principal facteur de l’absentéisme
Si toutes les catégories socio-professionnelle et toutes les catégories d’âge sont concernées, ce sont les jeunes de 25-34 ans qui sont le plus absents. © Getty Images

Les arrêts de travail ne faiblissent pas. Selon le baromètre du groupe de conseil et de courtage, Diot-Siaci, le taux d’absentéisme a atteint 5,64 % en 2022. C’est plus qu’en 2021 (4,94 %) et proche de celui de 2020 (5,62 %), au plus fort de la crise sanitaire.

Dans le détail, la hausse est liée à l’augmentation du nombre de salariés absents au moins une fois au cours de l’année qui atteint 45 %, en progression de 10 points par rapport à l’année précédente. Soit un « niveau historique » en 2022, selon les auteurs de l’étude.

En revanche, la durée moyenne annuelle diminue : 18,4 jours en 2022, contre 23,6 jours en 2021. Ce sont les arrêts compris entre quatre et neuf jours qui sont le plus fréquents. Ils ont doublé entre 2021 et 2022, passant de 0,44 % à 0,92 %.

Le baromètre a été réalisé avec l’Ifop, auprès de 3 000 salariés, complété par les données de l’Observatoire statistique mis en place par Diot-Siaci portant sur quatre années (2019 à 2022).

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L’absentéisme des jeunes en progression

Toutes les catégories socio-professionnelle et toutes les catégories d’âge sont concernées. Mais à y regarder de plus près, ce sont les jeunes de 25-34 ans qui sont le plus absents. Une tendance observée depuis 2019.

L’absentéisme pour des raisons autres que la santé est en recul, avec 16 % des salariés arrêtés en 2022, soit sept points de moins qu’en 2021. Concernant l’absentéisme dit « de complaisance », 2 % des salariés déclarent avoir été arrêtés en 2022 pour convenance personnelle ou suite à des congés refusés.

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Situations de sous-effectifs et objectifs de performance trop élevés

Surtout, des inquiétudes pèsent sur la santé mentale et physique des collaborateurs. Les salariés ont dû se résoudre à faire une pause dans leur travail, en raison d’un impact négatif de leur travail sur leur santé mentale (62 %) ou leur santé physique (52 %) ; ces deux caractéristiques pouvant être « cumulatives et interdépendantes ».

Les salariés mettent ici en avant les situations de stress (pour 67 % d’entre eux) et une charge de travail trop importante (51 %). Ainsi, ils dénoncent des situations de sous-effectifs, des objectifs de performance trop élevés ainsi qu’une répartition inéquitable de la charge de travail dans leur équipe.

Par ailleurs, ils déplorent un manque de reconnaissance (46 %).

Les salariés sondés pointent aussi l’ambiance de travail. Le retour au bureau post-confinement n’est pas idyllique : un tiers des répondants mentionne une pression psychologique de la part de leur manager ou bien une mauvaise ambiance de travail entre collègues.

« Alors que la question de l’absentéisme est souvent perçue ou traitée sous le prisme du manque d’engagement des salariés, les résultats de l’enquête montrent très clairement que c’est bien la santé au travail qui est la cause de l’écrasante majorité des absences », analyse Sabeiha Bouchakour, directrice QVT-prévention au sein de la société Diot-Siaci.

Des solutions pour endiguer l’absentéisme

Face à cette situation, les entreprises tentent de juguler ce fléau. Mais des efforts restent à faire : seulement un tiers des salariés interrogés (32 %) estiment que les managers de leur entreprise sont suffisamment sensibilisés aux risques psychosociaux (RPS), alors même que « ceux-ci sont des acteurs de plus en plus centraux dans les grandes transformations en entreprise ».

« Cette enquête souligne aussi de façon évidente que les salariés appellent de leurs vœux des actions plus recentrées sur les conditions de travail », poursuit Sabeiha Bouchakour.

D’ailleurs, ils ne manquent pas d’idées : 73 % estiment que la mise en place de davantage d’actions de prévention en lien avec la santé physique ou psychologique serait positive. 70 % pensent également qu’une plus grande souplesse dans l’organisation du travail et la possibilité d’évoquer ce type de sujets sur le lieu de travail permettrait éviter certains arrêts.

En pratique, ils plébiscitent des actions de prévention sur les troublés musculosquelettiques ; la gestion du stress et des RPS ; des conseils pour le sommeil ; des dispositifs d’aide pour l’accompagnement d‘un proche malade ou encore une ligne d’écoute psychologique…

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Anne Bariet

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