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Les emplois francs ratent leur objectif de politique de lutte contre les discriminations
L'Insee a lancé une enquête afin d'évaluer les discriminations à l'embauche en croisant trois critères : le genre, l'origine et l'adresse. Le testing a été réalisé à partir de huit candidatures fictives dans la communauté de Lille sur le métier d'assistant de gestion. Non seulement l'étude confirme l'existence de discriminations à partir de ces facteurs mais, qui plus est, elle constate que les emplois francs les pérennisent.
L’Insee s’est livrée à une enquête sur les discriminations à l’emploi en choisissant de cibler un métier, celui d’assistant de gestion, dans la métropole européenne de Lille (95 communes) en croisant trois facteurs : le genre, l’origine et l’adresse. L’Insee a fait le choix non pas de répondre à une offre d’emploi mais de demander des renseignements sur les opportunités pour ce métier auprès de 3 000 recruteurs tirés au sort. Huit profils de candidats ont été créés (cf. encadré), deux profils ayant contacté chacune des entreprises. Ce sont donc près de 6 000 courriels qui ont été envoyés. Au total, 1 012 réponses non automatiques ont été obtenues, soit un taux de réponse de 17 %.
Autre point intéressant à noter, le département du Nord au sein duquel se situent ces communes font partie de ceux qui ont expérimenté les emplois francs entre le 1er avril 2018 et le 31 décembre 2019, avant d’être généralisés à l’ensemble des territoires à compter du 1er janvier 2020.
La persistance de discriminations pour les candidats d’origine maghrébine
L’Insee ne vient pas démentir un constat déjà fait de nombreuses fois : les candidatures d’origine maghrébine reçoivent moins de réponses. En l’espèce, 27 % de réponses positives de moins que le candidat d’origine française.
En revanche, l’Insee apporte un élément supplémentaire : « le fait de vivre en quartier prioritaire constitue un avantage pour les candidats d’origine française, sans doute du fait de la prime à l’embauche liée aux emplois francs, généralisés et renforcés en 2021, mais ne bénéficie cependant pas aux candidats d’origine maghrébine ».
Les emplois francs ne répondent pas à l’objectif de lutte contre les discriminations
Ainsi le développement des emplois francs a permis de réduire la discrimination résidentielle. « Il est probable que l’effet positif de résider en QPV, que l’on observe pour certains profils de candidats, soit dû aux subventions dont bénéficient les entreprises pour l’embauche de ces candidats ».
Toutefois, « cet effet positif des emplois francs ne semble cependant pas bénéficier à tous les profils de candidats : le candidat maghrébin résidant en QPV perd cet effet favorable du lieu de résidence ainsi que les femmes d’origine française par rapport aux hommes d’origine française ».
Un constat décevant lorsqu’on sait que « la prime à l’embauche pour les habitants des quartiers prioritaires, associée aux emplois francs (…) constituent l’une des principales politiques publiques contre les discriminations ». Ces résultats « plaident donc pour cibler davantage les actions de lutte contre les discriminations sur les populations discriminées dans les territoires défavorisés », en conclut l’étude.
Huit profils de candidats fictifsHuit profils de candidats fictifs ont été construits, quatre hommes et quatre femme :
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Florence Mehrez
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