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Les PME, de « bons élèves » mal traitées en matière de délais de paiement

Le dernier rapport de l'Observatoire des délais de paiement montre qu’en 2022 « malgré les tensions d’approvisionnement et le retour de l’inflation » et la crise de l’énergie, les retards de paiement en France tiennent bon, atteignant 11,7 jours à fin 2022, contre 12,4 jours un an plus tôt.

Les PME, de « bons élèves » mal traitées en matière de délais de paiement
Les PME restent la catégorie d’entreprise la plus pénalisée par les retards de paiement avec un effet négatif global sur leur trésorerie non négligeable. © Getty Images

12 milliards d’euros. C’est le montant du préjudice pour la trésorerie des PME en 2021. Elles restent la catégorie d’entreprise la plus pénalisée par les retards de paiement avec un effet négatif global sur leur trésorerie non négligeable à l’heure où les situations de trésorerie se tendent et où les défaillances d’entreprises repartent à la hausse.

Pourtant le rapport de l’Observatoire des délais de paiement montre que les PME jouent les « bons élèves » en la matière. Pour preuve, les trois quarts d’entre elles règlent leurs fournisseurs à moins de 60 jours.

Ainsi, Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des PME, du commerce et du tourisme pointe du doigt le paradoxe en matière de délais de paiement : « Nos PME sont souvent les premières à payer et les dernières à l’être », alors même que les délais de paiement sont « un enjeu essentiel » pour elles.

La cotation des grandes entreprises dégradée

Comme les années précédentes, le rapport publié le 13 juin épingle en revanche les pratiques des grands groupes qui font office de « mauvais payeurs ». « La part des grandes entreprises réglant leurs fournisseurs sans retard diminue légèrement entre 2020 et 2021, passant sous les 40 %, ce qui globalement correspond à un transfert indu de trésorerie au bénéfice des grandes entreprises », note le rapport.

La cotation des entreprises de la Banque de France, qui effectue chaque année une cotation sur 300 000 entreprises françaises pour évaluer leur solidité financière et leur risque de défaut de paiement, tient davantage compte des comportements de paiement depuis la crise sanitaire. Face à ces retards, en 2022, elle a dégradé d’un cran la cotation de 10 % de sa cible, soit de 250 grandes entreprises.

La DGCCRF, pour qui la lutte contre les retards de règlement est une priorité, a mené des contrôles en 2022 dans 1 219 établissements, privés et publics, pour « un taux d’anomalie constaté de 33% », soit 33,5 millions d’euros d’amende, contre 40,7 millions d’euros en 2021.

Au-delà de ces dégradations et contrôles, l’Observatoire œuvre pour ancrer le respect des délais de paiement dans les comportements des entreprises via sa participation à la réforme de la directive européenne « Late Payments » et à la constitution d’un Observatoire européen des délais de paiement basé sur le modèle français.

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13 jours de délais de paiement en moyenne en Europe

Malgré ces délais de paiement à rallonge côté grands groupes, les retards de paiement ont été raccourcis, passant de 12,4 jours en moyenne en 2021 à 11,7 jours fin 2022 selon le cabinet Altares. « La proportion des « grands retards » (à plus de 30 jours) retrouve son niveau d’avant crise sanitaire à 6 % », précise le rapport. Résultat, la France est sous la moyenne européenne et conserve sa place dans les bonnes pratiques européennes avec une moyenne située à 13 jours.

Dans le détail, la situation évolue favorablement dans tous les secteurs et certains enregistrent même des reculs impressionnants, comme l’assurance et la finance (- 3,4 jours, comparé à 2021) ou les services aux entreprises (- 2,1). En revanche, deux d’entre eux font exception : la restauration à table, encore en dégradation, au-delà de 22 jours fin 2022, et le transport et la logistique où le comportement de paiement « se stabilise à un niveau élevé (15,9 jours) ». Cependant, le rapport observait en fin d’année un « retournement de tendance », avec des retards de paiement des PME de 200 à 999 salariés et des grandes entreprises de plus de 1 000 salariés.

Pour le moment, « la situation est satisfaisante dans l’ensemble, mais les partenaires commerciaux des PME, notamment les grandes entreprises ou les entités publiques, peuvent encore faire mieux en matière de délais de paiement », regrette Olivia Grégoire. Les collectivités territoriales et la fonction publique hospitalière notamment voient en 2022 leurs délais globaux moyens de paiement s’accroître de 1,3 jour, pour s’établir à 28,9 jours – « reflet d’une hausse du prix des intrants se répercutant sur les marchés publics et [leur] trésorerie ». Et sont de fait dans le collimateur de Bercy : les délais de paiement dans la sphère publique locale et hospitalière demeurent ainsi « un point d’attention », indique le rapport.

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Charlotte de Saintignon

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