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Sortie de crise : « Si de nombreux voyants sont au vert, des préoccupations demeurent » (E. Macron)

Passe sanitaire, remboursement PGE, matières premières, pénurie de main d’œuvre… Le président de la République, Emmanuel Macron, s’est exprimé jeudi 16 septembre sur les préoccupations de sortie de crise des petits patrons.

Sortie de crise : « Si de nombreux voyants sont au vert, des préoccupations demeurent » (E. Macron)
Emmanuel Macron a profité de la présentation du plan des indépendants, jeudi 26 septembre aux Rencontres de l’U2P, pour aborder les différentes problématiques de sortie de crise des dirigeants TPE/PME. © Christophe PETIT TESSON / POOL / AFP

« Nous avons fait le choix de protéger notre vie économique et social avec ce fameux quoiqu’il en coûte. Cette politique a été un bon investissement, s’est félicité le chef de l’État le 16 septembre. Les défaillances ont atteint un niveau historiquement bas, autour de 28 000 sur un an. La croissance est repartie de façon très nette, le niveau de chômage a atteint son plus bas niveau depuis 2008 […]. Mais si de nombreux voyants sont au vert, des préoccupations demeurent. Le moment de la reprise peut-être un moment difficile, encore fragile pour vos métiers. » La présentation du plan des indépendants aux Rencontres de l’U2P a ainsi été l’occasion pour Emmanuel Macron de revenir sur les « hics » de sortie de crise des dirigeants TPE/PME et indépendants.

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Passe sanitaire : « Nous allons le conserver dans la poche »

Devant un parterre de dirigeants récalcitrants, le chef de l’État a défendu la mise en place du passe sanitaire. « Le passe sanitaire a été une stratégie payante pour conduire à se faire vacciner. Nous avons atteint notre objectif de 50 millions de vaccinés (10 millions de plus que ce qui était initialement prévu). Est-ce que nous allons pouvoir nous passer du passe sanitaire dans deux ou trois semaines ? Non, parce qu’il y a des territoires qui en auront encore besoin. Est-ce que le passe sanitaire est utile aujourd’hui ? Oui. Le 15 août, les restaurateurs à Nice ou à Marseille ont pu rouvrir leurs restaurants avec un taux d’incidence supérieur à celui du début de la crise. Le passe sanitaire est un instrument de gestion proportionné qui évite la fermeture, la pire des choses. Nous allons le conserver dans la poche », a-t-il déclaré.

Avant d’ouvrir la porte à un allègement progressif et territorial. « Mais dès que les conditions sanitaires le permettront – et à mon avis, quand je vois les chiffres, cela ne va pas arriver si tard -, nous lèverons le passe sanitaire dans les endroits où le virus ne circule quasiment plus. Le passe sanitaire n’est pas un objectif en soi. Le premier qui voudrait se passer du passe sanitaire est devant vous ! ». Le cabinet du Premier ministre, Jean Castex, a indiqué qu’un projet de loi était en préparation pour prolonger le passe sanitaire au-delà du 15 novembre.

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Remboursement PGE : « Aucune entreprise en difficulté ne doit être fragilisée »

Autre préoccupation liée à la crise : les premiers remboursements des prêts garantis par l’État (PGE) qui interviendront dès mars 2022, après 2 années de report. « Aucune entreprise en difficulté ne doit être fragilisée par le début de ces remboursements. Il serait absurde de fragiliser des entreprises au moment du remboursement, que l’on a sauvé quelques mois plus tôt », a rassuré Emmanuel Macron.

Ces premières échéances ne seront pas automatiques. « J’ai demandé à Bruno Le Maire de veiller à ce que les banques accompagnent de manière individualisée les entreprises qui en exprimeraient le besoin. Elles seront tenues, à chaque fois, d’analyser les conditions d’un aménagement des conditions de remboursement de ces prêts », a-t-il annoncé.

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Matières premières : « Pas de recette miracle à court terme »

Avec la reprise économique, la demande mondiale en matières premières explose. Qui dit pénurie, dit hausse de prix, dit tensions sur les marchés, sur les délais de livraison, sur la capacité des entreprises du BTP à honorer leurs chantiers, etc. « Un comité de crise a été mis en place, une médiation avec les filières concernées a été engagée. Mais il n’y a pas de recette miracle à court terme », a déploré le président.

Seule compensation prévue à ce jour : la non-application par l’État des pénalités de retard de livraison ou d’exécution des prestations – liées à une pénurie ou à une envolée des prix des matières premières – dans les contrats de marchés publics en exécution. « C’est du bon sens. Ce n’est pas un cadeau. J’invite l’ensemble des collectivités locales et des établissements publics à suivre cet exemple », a-t-il lancé.

Sur le long terme, Emmanuel Macron entend « rebâtir l’indépendance française ». « C’est ici un axe de France 2030. Nous sommes trop dépendants pour certains biens essentiels, de certains marchés trop lointains, qui parfois se sont concentrés dans quelques mains. Coopérer et échanger ne veut pas dire dépendre », a-il-soutenu.

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Pénurie de main d’œuvre : « Nous devons continuer l’incitation à l’emploi »

Loin d’être nouveaux, les problèmes de recrutement refont surface avec la reprise. Le chef de l’État souhaite « continuer l’incitation à l’emploi ». « Nous devons réengager la nation toute entière dans la culture du travail et du mérite. Il faut que l’on gagne plus lorsqu’on travaille que lorsqu’on ne travaille pas », a-t-il défendu. Raison pour laquelle il souhaite que la réforme de l’assurance-chômage – très controversée – entre en vigueur au plus vite. « La tension sur le marché du travail est là, il est légitime que cette réforme se mette en place dans les prochaines semaines », a-t-il confirmé.

L’incitation à l’emploi passera également par les aides à l’embauche des jeunes et la formation des demandeurs d’emploi. « Nous continuerons d’investir massivement dans le plan 1 jeune 1 solution et dans la formation des demandeurs d’emplois et des salariés pour aider les branches professionnelles et les territoires à les former sur les besoins actuels, pour les 6, 12 ou 24 mois à venir ».

Dernière solution : rendre les métiers plus attractifs. « On a des métiers qui n’attirent plus les jeunes ou moins jeunes travailleurs français et qui survivent grâce à au travail détaché et à l’immigration, parfois illégale », a fait état le président qui s’est dit « prêt à ce que l’État continue son action par des simplifications, des mécanismes d’intéressement plus simple pour les salariés, pour accompagner leur rémunération sans qu’elle pèse sur le bilan de l’entreprise ».

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Matthieu Barry

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