Le rachat de fonds de commerce s’est accéléré en 2022

Une hausse de 14,3 % sur un an. En 2022, les ventes et cessions de fonds de commerce ont bondi et retrouvés leur niveau d’avant crise. C’est ce que révèle la dernière étude Altares*, expert historique et référent de l’information sur les entreprises. 31 717 transactions ont ainsi été enregistrées en 2022, soit le plus haut niveau depuis cinq ans, contre 28 000 en 2021 et 25 300 en 2020. « Le rachat de fonds de commerce s’accélère en 2022 après un redémarrage timide en 2021, révèle Thierry Millon, directeur des études Altares. Le marché a été porté par les très petites entreprises (+15 %) » : plus de 9 rachats sur 10 ont ainsi été réalisés par des entrepreneurs à la tête d’une TPE.

Les pharmacies tirent les prix

Autre bonne nouvelle, les prix se sont maintenus, voire ont parfois augmenté. Les fonds de commerce se sont ainsi renchéris de 7,5 % pour un prix moyen de cession de 215 716 €. « Cela s’explique par un redémarrage du marché qui accentue la hausse des prix », explique le cabinet. Le secteur qui tire cette moyenne des prix ? Les pharmacies, cédées pour 1,2 millions d’euros en moyenne, soit une hausse de 14,4 %.

Autre secteur qui profite de la reprise, la restauration, qui semble aiguiser de nouveau l’appétit des entrepreneurs. Secteur « leader » des transmissions, avec près du quart des échanges, 7 608 établissements ont été cédés en 2022. Dans le détail, « la restauration à table, dont la reprise n’a été que partielle en 2021, a retrouvé une belle attractivité (+51 %), avec des montants qui augmentent (+18 %) », précise Thierry Millon.

Les hôtels (avec une évolution de leur prix moyen de cession de + 29,8 %) et les bureaux de tabac (+ 17,9 %) tirent également leur épingle du jeu. En termes d’implantation, les villes moyennes séduisent de nouveau, avec plus de la moitié des transactions qui se nouent dans les villes moyennes et petites villes. À l’inverse, les communes rurales et les villages de moins de 5 000 habitants perdent en attractivité.

Voir aussi Modèle de cession de fonds de commerce

La reprise de fonds encouragée

« Le faible nombre de transactions réalisées pendant la période covid justifie en partie un rattrapage des opérations en 2022 », souligne Thierry Million. Autre explication qui justifie ces volumes de transactions : « une disposition fiscale en faveur des petites entreprises a pu encourager certaines à racheter des fonds. Cette disposition peut également avoir contribué à la hausse du montant moyen des transactions constatée en 2022 », concède Thierry Millon. Pour rappel, l’article 23 de la loi de finances 2022 autorise les petites entreprises (moins de 50 salariés, chiffre d’affaires inférieur à 12 millions d’euros, bilan ne dépassant pas 6 millions d’euros) à déduire du résultat imposable l’amortissement sur une période dix ans du fonds de commerce acquis entre le 1er janvier 2022 et le 31 décembre 2025.

« Le gain fiscal généré peut favoriser le rachat de fonds de commerce, notamment pour absorber le surcoût lié à l’augmentation rapide des taux d’intérêt » note Altares. « Les chiffres révélés par Altares suggèrent que cet aménagement fiscal pour les petites entreprises a contribué à redresser un marché des fonds de commerce en perte de vitesse ces dernières années. Provisoire, ce dispositif devrait néanmoins s’éteindre dès 2025 », estime Thierry Million.

Autre raison de cette hausse de changement de mains, « la qualité des fonds cédés ». Le directeur des études Altares encourage les entrepreneurs à reprendre un fonds de commerce, soulignant leur plus grande pérennité : « les créations d’entreprises dans le cadre d’une reprise d’un fonds restent plus pérennes que les créations ex nihilo : en moyenne depuis 2017, 94 % des créations par transmissions-reprises sont toujours vivantes trois ans après, c’est quasiment 20 % de plus que pour les créations classiques hors régime du micro-entrepreneur ».

* Etude Altares « Ventes et cessions d’entreprises en France » en 2022

**Insee Entreprises créées en 2014 : trois sur quatre sont encore actives trois ans après leur création

Lire aussi Les transmissions d’entreprise ont résisté en 2022

Charlotte de Saintignon