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Prime Day : les commerçants vent debout contre Amazon

L’ensemble des commerces physiques, représentés par le collectif « Sauvons nos commerçants » crie à la concurrence déloyale d’Amazon et des pure players du e-commerce qui connaissent un essor non régulé par le gouvernement. Comme l'illustre les « Prime Day » d’Amazon, organisées une semaine avant le lancement officiel des soldes en France.

Prime Day : les commerçants vent debout contre Amazon
Les 21 et 22 juin, le géant américain du e-commerce a organisé les « Prime Days », deux jours de ventes flash exceptionnelles, faisant directement concurrence aux commerces physiques une semaine avant la date de début des prochains soldes. © Adobe Stock

« Les Français prennent le chemin de villes dortoirs sans commerces, même si c’est un processus qui va prendre du temps », anticipe Christian Baulme, président des Commerçants et Artisans des Métropoles de France (CAMF). Ainsi, le taux de vacance commerciale est en hausse de 60 % depuis 2014. Une tendance qui risque de transformer les centres-villes en lieux vides et déshumanisés. En ce sens, la stratégie d’Amazon, qualifiée de « dumping commercial effronté et agressif » est « une véritable déclaration de guerre », s’insurge Francis Palombi, président de la Confédération des commerçants de France (CDF). « Ils se paient le luxe de faire appel aux consommateurs sept jours avant les soldes des commerçants physiques ».

Les 21 et 22 juin, le géant américain du e-commerce a organisé les « Prime Day », deux jours de ventes flash exceptionnelles, faisant directement concurrence aux commerces physiques une semaine avant la date de début des prochains soldes. Ces dernières ayant été repoussées au 30 juin suite à la demande de certains commerçants pour leur permettre de reconstituer leur trésorerie. « En captant un maximum de clientèle et de pouvoir d’achat avant que les consommateurs ne soient autorisés à profiter des soldes chez leurs commerçants, Amazon brise ce moment attendu par les commerces physiques pour écouler leurs stocks accumulés durant le confinement et refaire leur trésorerie », s’indigne le collectif « Sauvons nos Commerçants », représentant plus de 500 000 commerçants et 1 million de salariés, dans un communiqué.

Outre-Atlantique également, les collectifs Make Amazon Pay et Small Business Rising qui protestent contre la position dominante d’Amazon et ses pratiques anticoncurrentielles, se battent pour la sauvegarde des petits commerces.

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« Les mêmes règles pour un même métier »

Au-delà d’Amazon, qui « s’illustre toujours par son agressivité commerciale », note Christian Baulme, c’est l’ensemble des règles du jeu des pure players du e-commerce que le collectif souhaite repenser. Dans l’Hexagone, il milite pour une égalité de traitement entre eux et ces derniers. Plusieurs questions restent en suspens, notamment celle de l’assujettissement à la Tascom (taxe sur les surfaces commerciales à laquelle échappent les entrepôts de e-commerce). « On demande l’égalité en droit prévue par la constitution, soit l’égalité fiscale entre les pure players et les commerces physiques », établit Christian Baulme. Que ce soit en termes de TVA, de Tascom ou d’impôt. « Il n’y a pas de raison d’avoir un régime fiscal particulier quand on fait du commerce en ligne, s’indigne-t-il. S’ils payaient les mêmes taxes et impôts que nous, leurs prix augmenteraient mécaniquement de 34 % », poursuit-il.

Autre cheval de bataille : l’article 52 du projet de loi Climat. S’il fixe un principe général d’interdiction de nouvelles surfaces commerciales de 10 000 m2, en l’état, les entrepôts de 100 000 m2 des pure players échapperont à la nouvelle réglementation environnementale. Ces derniers doivent être assujettis, au même titre que les magasins physiques, à l’AEC (autorisation d’exploitation commerciale) en leur qualité d’établissement de commerce qui vendent essentiellement aux consommateurs en B to C, et ce, « même s’ils s’installent sur des friches. En réalité ce ne sont pas des entrepôts logistiques et industriels mais à ce jour la loi ne le dit pas », ajoute Francis Palombi.

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Une plateforme nationale voire européenne

« Le gouvernement va devoir intervenir contre ces prédateurs du commerce que représentent Amazon et l’ensemble des pure players », signale Francis Palombi. Le ministre des PME Alain Griset a annoncé réfléchir avec Bruno Le Maire à convoquer Amazon, considérant son action comme « moralement plus que contestable ». Bercy ayant reconnu les inégalités existantes sur le plan fiscal, réglementaire et social, a renvoyé l’ensemble de ces sujets d’équité aux Assises du Commerce prévues en septembre ou octobre prochains.

Pour Christian Baulme, le salut viendrait d’une plus grande visibilité des commerçants physiques sur la Toile. « Les petits commerces doivent se numériser pour exister et aller de l’avant mais n’ont pas les capacités financières pour s’organiser. Pour ne pas subir le diktat des pure players, il faut que l’État dépense de l’argent pour créer une grande plateforme nationale ou européenne. Les petites plateformes locales ne mènent à rien et ne bénéficieront jamais d’une visibilité suffisante pour générer un business suffisant. »

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Charlotte de Saintignon

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